Notre nouvelle ministre de l’Education Nationale, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Najat Vallaud-Belkacem fait parler d’elle en raison de sa réforme du collège. Alors que les enseignants et les intellectuels ont peur de voir les matières littéraires disparaître progressivement, il faut, avant de critiquer ou de proposer une réforme, voir ce qu’il se passe vraiment maintenant.

Depuis des années, les différents ministres de l’Education Nationale ont pris l’habitude de mentir aux parents, de les endormir avec des « mesurettes » qui font illusion mais qui ne résolvent aucun problème.

Le plus préoccupant, c’est le primaire. Vous pouvez demander aux enseignants du primaire, et surtout aux directeurs/directrices d’école : ils craquent tous ! Pourquoi ? La faute aux inspecteurs d’académie, toujours sur leur dos, à leur reprocher tout et n’importe quoi. La faute aux parents qui s’en prennent verbalement voire physiquement à eux, quoi qu’il arrive. La faute à des programmes inadaptés, des façons d’apprendre stupides et des consignes ridicules. S’il paraît bien pour les parents de ne pas donner de devoirs aux enfants, comme ça ils peuvent jouer dès qu’ils arrivent chez eux, cela ne permet pas de vérifier s’ils ont compris et surtout retenu les notions travaillées en classe. Cela ne permet pas de faire travailler la mémoire car il ne faut plus rien apprendre. Or, ce n’est pas juste une question de mémorisation mais bien de développement intellectuel : à force de ne plus entraîner le cerveau, il ne se développe plus. On risque donc de transformer les enfants d’aujourd’hui en adultes incapables et stupides car on ne leur donne pas les possibilités d’accroître leur potentiel.

En sortant du primaire, de plus en plus d’élèves ne savent pas lire, pas écrire, pas compter. Ils n’ont rien (ou presque) retenu de plusieurs années d’école à part ce qu’on demande aux professeurs de leur mettre dans la tête : « Il ne faut pas apprendre, il faut comprendre. » et « Il faut apprendre en s’amusant ». Les enfants ne sont pas dupes : on leur donne des excuses pour passer leur temps à s’amuser, alors pourquoi perdre son temps à travailler ?

Les nouveaux rythmes scolaires aggravent les choses en fatigant encore plus les enfants car les journées sont plus longues alors qu’ils consacrent moins de temps à travailler mais plus à faire des activités ludiques. Du gâchis ! Cependant, on fait croire aux parents que c’est mieux ainsi ! Comme on a décidé de ne plus faire redoubler les élèves car cela coûte trop cher, on s’en sert comme prétexte pour fermer des classes alors que les effectifs augmentent ! Impossible de faire du bon travail quand on a une vingtaine d’élèves par classe répartis sur 3 niveaux, c’est ingérable !

Au collège et au lycée, la situation se dégrade : entre des programmes lourds dans certaines matières, vraiment surchargées, et des professeurs de plus en plus lassés par leur travail, on régresse chaque année. Je l’ai encore constaté depuis septembre rien qu’en mathématiques dans ma région : les professeurs, depuis plusieurs années, ne font plus de cours mais juste un catalogue de formules avec quelques exemples, les plus simples possibles comme ça personne ne se pose de question tellement c’est évident. Mais cette année, ils font fort : de plus en plus de professeurs de 3e imposent de découper les pages des cahiers pour faire des onglets qui correspondent à de vagues notions. Il suffit alors de faire remplir ces différentes parties aux élèves au fur et à mesure que l’année avance. Le programme est totalement déstructuré, sans cohérence, et les notions ne sont pas acquises. Les élèves comprennent moins bien qu’avant et cela ne leur donne pas envie d’ouvrir leur cahier. Plus grave encore : quand ils cherchent dans ce « cours » de quoi faire leurs exercices, ils ne trouvent rien d’utile. En gros, ils vont en classe, copient des choses mais sont incapables de s’en servir pour répondre à des questions même basiques. Du jamais vu ! Les notes dégringolent, il n’est pas rare de voir des moyenne de classe comprises entre 2 et 5 aux contrôles plusieurs fois dans l’année. Mais cela n’affole personne ! Le plus ridicule est qu’on leur fait faire de moins en moins de choses en classe alors qu’on leur demande, pour le brevet de mathématiques à la fin de la 3e, de maîtriser totalement le programme du collège et d’avoir le recul d’un adulte pour espérer s’en sortir. Débile ! On demande alors aux professeurs de leur donner des « tâches complexes », en gros des questions ouvertes sur des problèmes du quotidien, afin que l’élève devine ce qu’il doit faire pour trouver la solution. En général, ils n’y comprennent rien soit parce que les questions sont mal posées et les énoncés confus soit parce qu’ils font appel à des notions jamais abordées. Les ministres ont alors eu la bonne idée d’utiliser internet, et les professeurs s’engouffrent dans cette énorme faille : quel élève du collège n’a pas d’exercice à faire sur Labomep ? Pour l’enseignant, c’est hyper pratique : on choisit des exercices (souvent pas adaptés) et on attend que le logiciel fasse tout automatiquement. Car une fois l’élève connecté, il doit suivre un exemple et recommencer tant qu’il n’a pas tout juste. Les résultats sont sauvegardés automatiquement et cela compte dans la moyenne, alors qu’on se moque totalement du nombre d’erreurs commises, tant qu’on a répondu tout juste c’est bon, même si on a recommencé 50 fois ! Les élèves l’ont bien compris et visent tous le sans faute, mais détestent tous faire ça. Surtout que le serveur connaît beaucoup de problèmes techniques !

Arrivés au lycée, les élèves ne savent toujours pas ce que travailler signifie. Réviser, c’est lire le cours la veille du contrôle. Ca suffit pour s’en sortir. Or, on commence à les affoler avec les examens de 2018 qui imposent de posséder une calculatrice dotée d’un mode examen qui empêche l’accès à la mémoire et la communication avec l’extérieur/d’autres appareils. Comment passer des années à leur dire de tout mettre dans la calculatrice car apprendre ne sert à rien, puis ensuite leur dire qu’ils ne pourront pas se servir de leur calculatrice comme aide-mémoire ? Pourquoi avoir imposé l’algorithmique au lycée dans la réforme précédente, qui oblige à entrer des programme dans sa calculatrice pour ensuite les faire tourner et vérifier les résultats, chose exigible au bac (en S par exemple) pour ensuite leur dire qu’on ne leur demandera plus ça au bac ? C’est stupide !

Les parents ne se rendent pas compte de ces énormités. En revanche, quand ils devront payer au moins 100€ une nouvelle calculatrice alors que l’ancienne pouvait encore convenir, ils vont peut-être commencer à comprendre ! On ment aussi aux parents sur le déroulement de l’année : le troisième trimestre ne sert à rien ! Il est de plus en plus courant de voir des élèves faire jusqu’à 3 voyages pendant l’année, en plus des sorties pédagogiques. Beaucoup de temps pris sur les cours, notamment au troisième trimestre qui en réalité se termine fin mai. Pourquoi alors reculer sans arrêt la date des grandes vacances ? Comment motiver les élèves à aller en cours alors qu’il n’y a rien à faire ? Les épreuves du bac et du brevet se terminent bien avant !

L’Education Nationale devient vraiment n’importe quoi : les professeurs du secondaire font ce qu’ils veulent sans surveillance, d’où de nombreux abus. Ils aiment accompagner les élèves en voyage car cela fait des vacances en plus et pas chères ! Ce n’est pas dans un but pédagogique du tout qu’il y a de nombreux voyages en Espagne, mais parce que les adolescents comme les encadrants ont bien compris que c’était une bonne excuse pour aller faire du shopping et ramener un tas d’habits à prix nettement plus bas qu’en France ! Le voyage en Espagne (shopping à la clé) devient même la première raison pour de nombreuses filles de choisir l’Espagnol en LV2 ! Si l’Allemagne ouvrait des magasins de mode à prix sacrifiés, il y aurait énormément de germanophiles ! Cette année, on a découvert un tas d’enseignants pédophiles. Cela fait 10 ans que je travaille dans l’enseignement, et cela fait 10 ans que j’entends parler de plusieurs professeurs qui tentent de draguer leurs élèves, leur envoient des emails douteux etc. Pour ne pas le savoir, il faut vraiment le faire exprès!

Pour calmer les parents et leur faire croire qu’on fait travailler leurs enfants, on propose des stages de révisions pendant les vacances. Là encore, c’est une façon de manipuler les parents qui ne se rendent pas compte que c’est uniquement pour masquer l’incapacité des professeurs à faire travailler leurs élèves pendant l’année. C’est aussi mal fait, certains élèves m’ayant avoué ne pas être allés à tous les cours car ils en avaient marre. Mais cela fait illusion. J’aimerais simplement dire aux ministres ceci : alors que l’Education Nationale refuse d’embaucher le personnel des centres de soutien scolaire, qui travaillent bien plus que les professeurs en étant moins bien payés, est-il normal de leur faire une concurrence déloyale à tel point qu’on met leur poste en péril alors que le chômage augmente régulièrement et que notre président promet de tout faire pour ne pas l’augmenter encore ? C’est illogique et scandaleux. Mais ça rapporte aux professeurs qui s’engagent à faire des heures supplémentaires pendant les vacances, financées par le contribuable !

Les résultats aux bac s’améliorent chaque année, avec de plus en plus de mentions. Mais c’est grâce aux corrections sans cesse remaniées pour valorisées des copies qui, à la base, ne mérite même pas la moyenne. Pour masquer le faible niveau des bacheliers, on fait de savants calculs qui remontent les moyennes. Ensuite, on baisse le niveau des études supérieures. Comme ça, tout le monde est content. Sauf que cette méthode ne fonctionnera pas longtemps et que de nombreux pays dit « en voie de développement » ont de meilleurs résultats scolaires que nous !

Si on voulait vraiment réformer l’enseignement, pourquoi ne pas régler les problèmes évoqués ci-dessus ?