Tête de liste dans la région du grand Est aux européennes est un cadeau que l’on ne peut refuser.
Mais qui pouvait imaginer que ce syndicaliste bon teint pouvait accepter d’être projeté dans le merdier politique alors qu’il le vomissait ?
Le 29 novembre 2012, devant le ministère de l’Économie et des Finances, à Paris. (PRM/SIPA), document francetvinfo.
Comme le clame Marie-Noëlle Lienemman «pour une fois que l’on attire un ouvrier et pas un riche ou un pseudo intellectuel de la société civile, on ne va pas se plaindre». C’est qu’elle n’a pas tord cette sénatrice socialiste de gauche, il faut le préciser. Par contre, la fidèle expérimentée Catherine Trautmann au pédigrée respectable, ministre de la culture, Jospin, porte parole du gouvernement, Jospin, députée européenne, et maire de Strasbourg qui briguait ce poste, n’a plus qu’à s’incliner, place aux nouveaux. On constate donc, une fois de plus, qu’il faut avoir une grande gueule pour réussir en politique, il ne faut pas nous prendre pour des imbéciles, c’est de la politique que Édouard Martin va faire. D’ailleurs, ce qui fait rire, c’est de voir ceux qui prétendent qu’il va en faire, mais il en faisait avant, le syndicalisme n’est rien d’autre qu’une forme connexe de la politique.
Soyons majeurs et arrêtons de déconner, c’est un sacré coup de pied au cul que d’être tête de liste socialiste de la circonscription du grand Est aux européennes. Il va avoir des appointements sans commune mesure avec ceux de salarié chez Arcelor-Mittal, 12.870 € bruts/mois, une place en or pour un ouvrier de Mittal ainsi recasé. Vous n’avez pas de compte à rendre, vous pouvez simplement attendre de recevoir votre salaire, rien ne vous oblige d’être présent de façon continue. D’un coup il rejoint l’autre grande gueule Mélenchon s’il se représente et s’il est réélu.
Au parti socialiste ou bien vous avez fait l’ENA ou bien il vous faut être une grande gueule pour émerger, entre les deux peu de place pour les autres. C’est une caricature, mais c’est assez vrai. Il est parti, et bien sûr le microcosme syndicaliste et politique se déchaîne, il faut dire que c’était à prévoir tant Édouard Martin, s’est montré offensif, voir à la limite de l’injure, à l’égard des présidents n’hésitant pas à les haranguer en clamant qu’Arcelor-Mittal sera leur mort. Rappelez-vous «Monsieur le Président, vous attendez quoi ? Qu’il y ait un malheur ici? Eh bien, nous, on va être votre malheur !», c’était au président François Hollande qu’il adressait cette harangue. Qui aurait accepté cela en tant que président, François Hollande n’a pas publiquement réagit, même plus, il est allé le voir pour lui annoncer la création d’un centre de recherche comme s’il avait des comptes à rendre ? Mais, ça a payé, alors que penser de ce que pense le président ?
De plus ce qu’il réclamait était une connerie, nationaliser Arcelor-Mittal , si Hollande l’avait fait, non seulement il ne serait pas tête de liste aux européennes, mais Arcelor-Mittal serait en charge sur les finances de l’État eu égard aux difficultés de l’acier en Europe. Qui aurait racheter cette aciérie à la dérive ? Il dénonçait une trahison, mais de qu’elle trahison s’agissait-il ? François Hollande n’a jamais prétendu nationaliser Arcelor-Mittal, seulement tout faire pour y conserver l’emploi. Comment faire confiance à un syndicaliste qui se comporte de cette façon ? Il veut continuer le combat, qu’il mène avec ses amis pour le maintien de l’industrie française en Europe, un beau challenge, mais comment noyé dans un parlement stérile avec une politique européenne qui est fixée par les présidents et chefs de gouvernement des 27 ? Édouard Martin n’y connait rien ! Quand il clame que c’est à Bruxelles que se prennent toutes les décisions, c’est vrai, mais pas au parlement, cela se saurait.
Alors, Édouard Martin au parlement européen et avec un raisonnement pareil, je ne vois pas tellement ce qu’il peut faire de positif. Il a accepté la proposition qui lui fut faite, voulant s’engager dans une autre mission, n’ayant pas l’impression de s’engager en politique, il faut le dire, il est à coté des réalités. Mais qu’importe, ce qui compte c’est que le PS emporte la région Est.
Voici ce qu’il déclara au journal de 20 heures sur la 2.
Au départ de l’affaire Arcelor-Mittal, Édouard Martin était inconnu et ses prises de position syndicales firent qu’il émergea au point qu’il donnait l’impression d’être de la virulence d’un syndicaliste CGT mais pas CFDT, c’est à dire d’obédience socialiste. Il a squeezé les impressions qu’il donnait puisque de connivence socialiste.
Mais, il insiste lorsqu’il clame, contre ceux qui prétendent qu’il aurait changé sa veste, «ceux qui disent ça, c’est mal me connaître». «Je ne renie rien et je n’enlève rien à ce que nous avons dit et fait», appelant les salariés de Florange à se «tourner vers l’avenir», après la fermeture des hauts fourneaux en avril dernier, et la promesse du président François Hollande de créer un centre de recherche à Florange. «Le combat n’est pas terminé, il prend d’autres formes et dans d’autres lieux», a-t-il ajouté.
Il y a quelques semaines, il refusait de s’engager bien qu’il était pressenti. Il avoue n’avoir jamais pensé faire de la politique.
Je porte sur elle un regard très critique. Tant de violence, tant de mauvaise foi… Le PS a beaucoup insisté. Harlem Désir a voulu me rencontrer. J’ai fini par accepter. Il a été clair. Il m’a expliqué,«on attend de toi que tu mènes à Strasbourg le même combat qu’à Florange». Je lui ai dit que je n’avais pas l’intention d’adhérer au PS. Il m’a répondu que ce n’était pas un problème, que sa seule exigence était qu’une fois élu, je rejoigne le groupe socialiste au Parlement européen. J’ai dit OK. J’ai obtenu la garantie d’avoir une entière liberté d’expression et d’action, ainsi que toute latitude pour constituer mon équipe à Strasbourg, avouant qu’il vota toujours socialiste, Le Monde.fr.
En fait, il n’est pas le premier à prendre le virage politique, d’autres l’ont faits. Parmi les plus connus,
José Bové, EELV, président de la Confédération paysanne candidat à l’élection présidentielle française de 2007. Tête de liste Europe Écologie pour la circonscription Sud-Ouest lors des élections européennes de 2009, élu député européen le 7 juin 2009. Il exerce comme vice-président de la commission Agriculture et développement rural au Parlement européen.
Christian Jacob, UMP, syndicaliste agricole local, départemental, régional puis national, puis ministre des PME, du Commerce, de l’Artisanat, des Professions libérales et de la Consommation dans le gouvernement sous Raffarin, 2004, 2005, et ministre de la Fonction publique dans celui de Dominique de Villepin, 2005, 2007. Depuis le 23 novembre 2010, il est président du groupe UMP à l’Assemblée nationale.
On peut se demander si ceux qui crient à la trahison syndicale ne le font pas par jalousie. Le parcours d’Édouard Martin est dans la logique, d’autant plus qu’il n’a pas démérité lorsqu’il fut délégué syndical. Les salariés d’Arcelor-Mittal, ont eu de la chance d’avoir obtenu, avec leur engagement, et celui du président, de conserver un emploi.
L’UMP n’a rien à dire, il n’a pas trahit les salariés, il a contribué à pérenniser l’activité d’Arcelor-Mittal, et Nadine Morano ferait bien de se taire lorsqu’elle clame «c’est la récompense d’un syndicaliste qui ne menait pas un combat pour les salariés de Florange, qui menait un combat personnel et surtout un combat politique». Quant à Florian Philippot, c’est l’engagement du syndicaliste avec le PS, «c’est la trahison à Florange», il «est allé à la soupe». Ne vaut-il pas mieux le cocon ouaté du parlement européen ? N’est-ce pas ce qu’ils désirent aussi ?
Bonjour,
Pour la vidéo, allez sur mon blog, [url]http://anidom.blog.lemonde.fr/2013/12/20/edouard-martin-il-fallait-sy-attendre-le-ps-en-avait-besoin/[/url]
Bonne lecture,
Anido