Ce n’est un secret pour personne ; que le Cameroun reste en Afrique l’un des rares des pays où la production littéraire tant sur le plan qualitatif que quantitatif est l’une des plus importantes. Seulement, en dépit de tout cela, se faire éditer sur place au pays est devenu pour les auteurs camerounais une chose quasi-impossible. Un paradoxe inexplicable, quand on sait que ce ne sont pas les maisons d’édition qui manquent.

Harmattan, Clé, Ifrikia, Afredit, Sopecam… : voila quelques unes des maisons d’édition camerounaises reconnues pour leur sérieux. Seulement, il se trouve que face à une demande de plus en plus croissante il devient pratiquement impossible pour ces structures de satisfaire tout le monde.  Ainsi, elles privilégient les auteurs déjà connus du grand public.

Selon un responsable de la maison Ifrikiya éditions, leur comité de lecture reçoit annuellement plusieurs centaines de manuscrits. Et au finish, seule une dizaine d’entre eux sont publiés. Ceci, compte tenu du risque que coure un éditeur en mettant sur un marché du livre camerounais -mal structuré-  un nouveau produit. D’où leur penchant beaucoup plus vers les livres au programme dans les écoles et collèges du pays.

L’une des choses que déplorent ces maisons d’éditions locales est l’absence d’un réseau de diffusion fiable. Car en dehors de Harmattan Cameroun qui dispose d’une grande librairie à Yaoundé, les autres éditeurs ne comptent que sur certaines librairies partenaires pas toujours sérieuses. Aussi, même sur le plan médiatique, l’actualité littéraire ne semble intéressée aucune rédaction. En dehors des quotidiens « Cameroon Tribune », « Le Jour »  et dans une certaine mesure « Mutations » qui font quotidiennement des efforts dans ce sens, dans les autres publications locales, la chose littéraire reste très négligée. 

Du côté étatique, c’est aussi l’abandon total. Bien que le président de la république ait crée en 2001 un compte d’affectation spécial destiné à « encourager la création littéraire et artistique camerounaise », rien ne semble perceptible. Plus loin, ce compte pourtant doté au départ d’un milliard de francs CFA reste très ignoré de bons nombres d’écrivains camerounais. Dans ces conditions, difficile pour un jeune auteur de se frayer une place. Vivement que le Ministère en charge de la culture prenne ses responsabilités, en soutenant la production littéraire camerounaise qui est en chute libre depuis quelques années.