Non content d’avoir récolté 3,2 Mds d’euros à la suite de l’émission de son emprunt obligataire (souscrit par 250000 français, soit une moyenne de 13000€ par tête), le PDG d’EDF, Pierre Gadonneix, a annoncé son intention d’augmenter ses tarifs de 20%, hausse qui pourrait s’étaler sur 3 ans.

Une hausse, pour quoi faire ? 

Quelles sont les raisons de cette hausse, à part la logique capitalistique de maximisation de profit ? Le DG a motivé cette augmentation par un besoin vital de se désendetter, incapable qu’il serait, dès l’année prochaine, d’investir : "Pour cesser de nous endetter, il faudrait une hausse de 20% des tarifs. Mais elle peut s'étaler sur trois ans, par exemple, ou même un peu plus. Si nos tarifs n'augmentent pas, l'an prochain EDF réduit ses investissements". De même, il met en avant le fait, que contrairement aux entreprises qui ont tendance à répercuter l’inflation sur les prix de vente, les tarifs d’EDF n’ont jamais suivi l’inflation. "Si, depuis vingt-cinq ans le prix de l'électricité avait suivi cette dernière, il serait 40% plus cher". 

Un message sans résonnance 

Certes, EDF doit couvrir un coût de maintenance et d’entretien annuel de 4 Mds pour chaque nouvelle centrale nucléaire (type EPR) en lieu et place des centrales actuelles dont le coût ne s’élève « qu’à » 400 Millions. Certes, EDF s’est endettée de 25 Mds en 2008 (pour des investissements et aussi pour des acquisitions de sociétés), mais le manque de motifs clairs, précis et chiffrés laisse de marbre l’Etat et les associations de consommateurs.  

Selon le ministère de l’Economie : "EDF n'a fait aucune demande d'évolution tarifaire ».

Thierry Saniez, délégué général de l'association de consommateurs CLCV annonce « qu’il ne faudrait pas que les consommateurs financent des investissements hasardeux en France, comme à l'étranger".

Par ailleurs, Alain Bazot, président de l'UFC Que Choisir, commente « Nous sommes d'accord sur le fait que le tarif régulé doit être réaliste, couvrir les coûts et les capacités d'investissement, mais de là à accepter une augmentation aussi importante sans justification, il y a un pas ! »  

 

A l’heure actuelle (mais ce ne sera plus le cas dans le futur), EDF ne peut décider seul ses augmentations sans le blanc-seing de l’Etat. Il est probable que le côté improvisé de l’annonce du PDG d’EDF ajouté au fait que l’emprunt obligataire a dégagé environ 2 Mds de cash de plus que ce qu’attendait l’électricien, ne trouvent écho, du côté du gouvernement,  à la hausse de prix annoncée. A moins que le patron d’EDF ne revoit sa copie…