Eau du robinet : la passoire des contrôles de qualité

C’est un petit scoop de Libé : la société Eurofins Scientific, en charge du contrôle externe de l’eau du robinet dans 36 départements en France, fournit des résultats d’analyses biaisés aux Agences régionales de santé.


L’Anses a en effet découvert que cette société ne respectait pas les délais prévus entre le prélèvement des échantillons et leur mise en analyse.

Or, «s’il y a une pollution dans l’eau potable et que l’analyse n’est pas faite en temps et en heure, ça peut engendrer un grave problème de santé publique,par exemple une épidémie de gastro, des maux de tête… » témoigne un salarié dans Libération. Pas très rassurant quand on sait que 10% des cas de gastro-entérites seraient imputables à la consommation d’eau du robinet…

Pour l’Anses, «ces dysfonctionnements peuvent donner lieu à des résultats erronés ou des non- conformités signalées tardivement à l’ARS» révèle le quotidien.

Certains échantillons, comme ceux prélevés à Montpellier, ont été transportés en navettes non-réfrigérées dans des labos distants de 700 km, avant d’être stockés pour être analysés plusieurs jours plus tard. Il est pourtant essentiel de respecter le délai imparti faute de quoi de nombreuses bactéries ou micros-polluants peuvent purement et simplement se volatiser… Et ainsi échapper aux contrôles !

Dans ce contexte, ce prestataire de services a t-il été sanctionné ? A part l’Agence Régionale de Santé du Nord Pas de Calais, qui ne souhaiterait pas renouveler le contrat de ce labo selon Libé, la plupart des Autorités Régionales ont reconduit leur confiance à Eurofins. Il faut dire que cette société, leader mondial des analyses en biochimie, propose « des prix 60% à 80% moins chers » que les tarifs habituels…

Un trou de plus dans la passoire ?

Au delà du cas Eurofins, le système de contrôle de l’eau du robinet en France, reste largement inadapté à l’émergence des nouveaux polluants. Seuls 60 paramètres sont en effet régulièrement contrôlés contre 95 critères aux USA. De nombreux polluants sont  donc découverts très tardivement.

C’est le cas des pollutions aux perchlorates d’ammonium à Toulouse, Bordeaux ou dans le Nord de la France. A Bordeaux, les doses constatées étaient 2 fois supérieures à celles admises pour un adulte…

Ou encore de la pollution au  tétrachloréthylène dans la ville de Foix en 2011, dont la teneur dans l’eau était 12 fois supérieure à la norme édictée par l’OMS !

Les 60 critères de conformité analysés régulièrement paraissent aujourd’hui biens dérisoires face à l’émergence de centaines de polluants émergents.

 Si en plus, les résultats de ces contrôles sont biaisés pour des raisons de coûts, autant dire que le système d’évaluation de l’eau ressemble plus à une immense passoire, qu’à un filtre garant de la qualité…

2 réflexions sur « Eau du robinet : la passoire des contrôles de qualité »

  1. Bah…Moi, j’achète de l’eau en bouteille.. Mais le plastique pollue l’eau… Alors….. Partons tous en montagne s’abreuver de l’eau des torrents….

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