Dans le cadre de ses journées tests (vols d’essais à travers le monde), le tout nouveau Airbus A380 a atterri hier pour la première fois en Chine à Canton (sud de la chine). Une arrivée en fanfare pour l’avion Européen. Le tapis rouge était déroulé avec à la clef la retransmission par les télévisions Nationales officielles. Jusqu'ici, 16 compagnies aériennes ont commandé 159 A380, dont 5 appareils commandés par China Southern Airlines. Ces appareils commandés par la compagnie chinoise seront livrés en 2009 alors qu’elle comptait s’équiper avant le boum touristique attendu pour les Jeux Olympiques de 2008 à Pékin.
Selon la presse, le marché aérien Chinois est en forte croissance. Nous sommes dans un pays où le trafic double quasiment
tous les 5 ans. Terrorisme, virus, rien ne semble arrêter la bonne marche du transport aérien ; ni le 11 septembre, ni la grippe aviaire, ni le réchauffement atmosphérique, ni même Internet ne semble pouvoir ralentir la marche en avant de la mondialisation et donc du transport aérien. La raison principale est l’essor formidable des pays émergents au premier rang desquels on trouve la Chine et l’Inde.
Il s’agit pour les avionneurs d’occuper le terrain à tout prix. Le marché des avions commerciaux ne connaît pas la crise. Airbus compte en profiter et reste optimiste. L’avionneur prévoit de réaliser 23000 avions d’ici 2025 (20% de plus que sa propre estimation en 2004). Le souci est que l’Européen a pris beaucoup de retard par rapport à son concurrent Boeing qui occupe les 2/3 du marché aujourd’hui. La Chine est donc devenue la priorité pour Airbus qui a vendu cette année 300 appareils et espère bien conquérir ce marché.
Les retards de l’A380 n’ont certainement pas fait bonne publicité à l’avionneur mais Airbus essaie quand même de mettre toutes les chances de son côté : le mois dernier les médias chinois évoquaient une compensation de 250 millions de dollars versés pour son retard accumulé. L’Européen mène une opération de charme sans relâche en Chine. La présence de Boeing qui reste très offensif et l’émergence de constructeurs chinois ne faciliteront, sans doute pas, la tâche à l’Européen.
Il y a 5,4 milliards d’habitants sur la planète qui vont passer leur baptême de l’air d’ici 20 ans. Ils vont se mettre à prendre l’avion alors qu’ils ne le prennent pas aujourd’hui. Il y a 3 millions de Chinois qui prennent des vols en dehors de l’Asie, il y en aura 10 fois plus en 20 ans.
Cela peut paraître curieux de voir finalement un marché qui se porte aussi bien avec des acteurs, qui eux, sont en petite forme : les retards d’Airbus sur l’A380 ont conduit à des annulations de commande (voir article ici), l’hésitation d’EADS sur le lancement de l’A350 dont l’objectif est de combler la lacune d’Airbus pour les moyens transports (qui est la force de Boeing). Boeing va certainement réagir dans les très gros transports. Un marché qui nous promet plein de rebondissements.