à l’origine du commerce et du capitalisme.

Les marchands vénétiens.

La puissance de Venise, (tiré de la référence le commerce en méditerranée, et de Venise un peu d’histoire).

Dès le Xème siècle, les Vénitiens ont obtenu de Byzance de nombreux privilèges commerciaux. Installés à Constantinople où ils possèdent des quais et un quartier réservé, les marchands Vénitiens ont le droit de commercer librement dans tout l’empire. À partir de cet embryon de ville va rapidement se développer une cité marchande qui sait tirer profit de sa situation, entre les Empires franc et byzantin, entre Occident et Orient. Habiles diplomates, les Vénitiens, bien que dépendant de Byzance, instaurent à la fin du Ier millénaire une cité-État quasi autonome. Leur capital initial est le sel des salines de Chioggia, au sud de la lagune. Ils établissent des comptoirs un peu partout autour de la Méditerranée mais aussi en Europe occidentale et s’affirment comme les premiers marchands d’Europe, concurrencés par Gênes, l’autre république marchande qui joue dans la même catégorie. Les Vénitiens, mieux placés sur l’Adriatique pour atteindre le Levant, dopent leur flotte marchande au cours du XIIème siècle en créant l’Arsenal qui alimente la machine de guerre économique.

L’essor du commerce latin, en particulier des grands ports Italiens, surtout à partir du XIIème siècle, favorise les trajets à longue distance, l’augmentation du tonnage, qui atteint de grandes capacités avec les bateaux à coque ronde et château arrière, accompagné par les améliorations techniques en faveur du gréement et par l’usage du gouvernail d’étambot, donnent un avantage définitif aux Latins, le coût du transport des passagers et des produits est moins élevé dès la fin du XIème siècle, avec les nombreuses traversées entre l’Occident et les États latins d’Orient ou vers les ports byzantins et musulmans, les Vénitiens, les Pisans et les Génois, secondairement les Provençaux, assurent l’essentiel du trafic dès la seconde moitié du XIIème siècle, souvent en convois, muda Vénitienne. Toutefois, c’est l’organisation que l’on peut qualifier de «capitaliste » de ces grands ports Italiens, puis des Catalans qui assurent un net avantage au commerce latin. L’amélioration des systèmes d’associations, comme la commenda techniques commerciales médiévales, puis l’essor de l’assurance poussent les Vénitiens, Pisans et Génois à prendre plus de risques. La sécurisation des routes, comme l’Adriatique par Venise mais, surtout, la capacité financière de ces villes-États, permettent d’assurer un financement soutenu de la construction navale, activité privée dans les ports tyrrhéniens, réservée à l’État à Venise, comme à Byzance ou dans les pays musulmans. Cette capacité collective des ports latins permettant l’entretien et le renouvellement des flottes est assurément l’une des raisons essentielles de leur emprise totale sur la Méditerranée, même si les régions musulmanes sont toujours capables de faire naviguer, en particulier le long des côtes Africaines et du Proche-Orient. Ainsi, les routes principales du commerce sont contrôlées depuis les grands ports Italiens, Venise s’assure aussi les relais insulaires, Corfou, Crète, Nègrepont, grâce à l’assaut de 1204 contre Constantinople , mais elle est très vite concurrencée par Gênes, tiré de Voies fluviales et maritimes .

Très tôt, les habitants de Venise, protégés par la lagune, se sont dotés d’une flotte leur permettant de commercer avec les cités musulmanes. Peu à peu, ils ont construit un véritable empire colonial en Méditerranée en multipliant les établissements commerciaux. Les Vénitiens se heurtent à la concurrence des Pisans et des Génois dont les comptoirs, installés sur les rivages orientaux de la Méditerranée et jusqu’en mer Noire, sont fréquentés par les caravanes venues de l’est et notamment de Bagdad. Au XIIème siècle, afin de limiter la mainmise de Venise sur le commerce byzantin, les empereurs favorisent Pise et Gênes en exploitant les rivalités entre les cités Italiennes.

Les relations des Grecs avec les marchands Italiens se dégradent cependant et la population de Constantinople massacre tous les Latins présents dans la ville en 1182. Pour prendre sa revanche et rétablir sa position commerciale, la république de Venise finance la quatrième croisade et obtient, en contrepartie, que les croisés fassent un détour par Constantinople. Prise en 1204, la ville est saccagée et l’empire mis au pas. La suprématie économique des Latins sera désormais incontestée.

Gênes écrasa la flotte de Pise, 1284 lors de la plus grande bataille navale du Moyen âge, la bataille de la Meloria. Gênes récupère, outre le port de Livourne, les droits de Pise sur la Corse et sur la Sardaigne. Droits qui lui sont très vite contestés par la papauté et le roi d’Aragon , investit roi de Corse et de Sardaigne. La Sardaigne est abandonnée en 1320 aux Aragonais mais la Corse reste Génoise malgré de longues luttes sur terre et sur mer entre la cité et l’Aragon. Dans les années 1350, le doge de Gênes, Jean da Murta avait reçu la soumission du peuple de Corse. Désormais, Gênes par l’intermédiaire d’offices financiers, la Maona jusqu’en 1453 puis la banque de Saint-Georges jusqu’en 1561, va s’efforcer de détruire la noblesse insulaire. Elle détruit le port de Pise, Porto Pisano. Sa puissante flotte affronte également celle de Venise à plusieurs reprises, sans qu’aucune des deux rivales ne puisse dominer l’autre.

Depuis 1270, les deux cités de Venise et Gênes renouvelaient des trêves successives, tout en sachant l’affrontement inévitable. L’empire de Gênes avait pour principal concurrent celui de Venise, dominant en mer Égée, sur les marchés de Constantinople et de Trébizonde, à Chypre ; de leur côté, les Vénitiens voulaient chasser les Génois de leurs possessions de Syrie. Gênes se rapprocha de Byzance, traité de Nymphaeon, tandis que Venise se rapprochait de Pise. Les deux cités préparaient le conflit depuis 1286 et plus particulièrement en 1294. Au printemps 1294, les navires Vénitiens attaquèrent les colonies Génoises de Chypre, Famagouste puis, le 7 octobre 1294, la flotte Vénitienne mit la voile vers la Cilicie. Elle rencontra les Génois sur la côte arménienne et, cette fois, la bataille fut désastreuse pour Venise. Elle perdit 25 navires, un nombre important de combattants dont son général Marco Basagio. Face à la défaite, la ville réagit en donnant ordre à tous ses armateurs d’entreprendre une guerre de course, tandis que la cité reconstruisait une nouvelle flotte de 65 galères.

Gênes, qui a ainsi triomphé de Pise et de Venise, est alors à l’apogée de sa puissance militaire. Mais, Gênes et Venise n’ont cessé de s’affronter jusqu’à ce qu’elles signent une paix temporaire à Byzance, en 1355, puis qu’elles concluent des accords commerciaux en 1361. De 1372 à 1378, une nouvelle période de tensions amène successivement une défaite Vénitienne devant Pola en 1374, puis de Gênes près du cap d’Anzio en 1378. L’année suivante voit Gênes s’imposer mais, en 1379, commençait, entre les deux villes, «la guerre de Chioggia» s’achevant par la défaite Génoise en 1380, Venise assurant sa souveraineté sur la Méditerranée orientale. La paix de Turin de 1381 voyait Venise remise en possession de tous ses privilèges à Constantinople et se faisait même reconnaître le droit de commercer librement en mer Noire, Wikipédia .


Les marchands Italiens.

À partir du XIIème siècle, l’Occident pèse d’un poids nouveau dans le commerce en Méditerranée. Les flottes de Pise et de Gênes chassent les musulmans de Corse et de Sardaigne et s’imposent progressivement dans le commerce oriental. La majeure partie du trafic de d’al-Andalus et du Maghreb vers la Syrie et l’Égypte est déjà effectuée par des navires Italiens. La Reconquista favorise l’arrivée des marchands catalans et l’essor du port de Barcelone. Les tissus orientaux sont concurrencés par ceux produits dans les grandes villes drapières, ou «drapantes» du Nord et vendus aux marchands Italiens dans les foires de Champagne, plaques tournantes du commerce international à partir du milieu du XIIème siècle. L’industrie textile s’essouffle dans l’Empire byzantin dont l’économie stagne. Une récession qui touche également le monde musulman, à l’exception de l’Égypte. L’Occident impose son hégémonie économique. Sa croissance se traduit par le commerce des surplus agricoles et des produits artisanaux fabriqués en grande quantité, draps de laine et armes, ainsi que bois, fer et poix nécessaires à la construction des navires. En échange, les Occidentaux cherchent à obtenir en Orient les épices, l’alun et la soie brute pour alimenter les nouveaux marchés d’Italie du Nord et des Flandres.

Une puissance mondiale.

Ayant acquis cette nouvelle dimension, Venise doit adapter ses institutions. Le système complexe qui régule l’administration de la cité, avec la place prépondérante du Grand Conseil, émanation de l’aristocratie Vénitienne, est mis en place et amélioré au XIIIème siècle. Car ce n’est plus seulement une cité marchande qui a des intérêts économiques à défendre, c’est un empire colonial et donc militaire, qui doit sans cesse lutter pour étendre puis garder ses possessions. Un coup c’est à gauche qu’il faut se garder, la grande rivale, Gênes, puis la Lombardie, un autre c’est à droite, les Turcs. Au XVème siècle, la puissance Vénitienne est à son apogée, les Vénitiens ont à la fois un empire maritime unique qui s’étend jusqu’à Chypre et des possessions terrestres, qui vont jusqu’à la basse vallée du Pô. On estime alors à quelque 6 000 les vaisseaux marchands en exercice pour le compte de Venise, galères mises à part. Le commerce et la finance sont florissants, les Vénitiens sont les premiers banquiers du monde et ils attirent un grand nombre de nationalités, ce qui fait de la République un carrefour culturel.

Les routes commerciales de la république maritime de Venise en Méditerranée

Possessions Vénétiennes,
Comptoirs commerciaux Vénétiens,
Principales places de commerce,
Routes régulières des navires Vénétiens escortés, Wikipédia.

Cette suprématie maritime Italienne représente bien l’origine du capitalisme moderne ou des Etats, à cette époque indépendants, s’affrontaient pour la domination du commerce de l’Atlantique au Proche-Orient.

Le prochain article portera sur les Grands Aventuriers