Du troc, aux marchands, aux routes du monde, suite 2,

 

à l’origine du commerce et du capitalisme.

Les routes commerciales

 

Les routes commerciales dans l’histoire ont été des vecteurs important de cultures, de civilisation et de richesse. C’est aussi par ces routes que la connaissance du monde se fît. La maîtrise des routes commerciales et notamment maritimes fut à l’origine de la puissance des États, comme la république de Venise, Gênes, puis le Portugal, l’Espagne, et les provinces-Unies, avec les États-Unis aujourd’hui. Elles sont l’œuvre de Grands Aventuriers, comme Marco polo 1254-1324, Christophe Colomb 1451-1506 qui est la première personne de l’histoire moderne voulant aller aux Indes en passant par l’Océan Atlantique, il découvrit le Nouveau Monde, Vasco de Gama 1469-1524 navigateur Portugais créateur de la route des épices, le premier européen à rejoindre les Indes par le cap de Bonne Espérance. Jacques Cartier 1491-1557 explorateur et navigateur Malouin, Fernand de Magelland 1481-1580 navigateur et explorateur Portugais de l’époque des Grandes Découvertes. Mais bien avant ces Aventuriers la route de la Soie était ouverte.

Les routes commerciales à la fin du Moyen-âge

——Voies commerciales Hanséatiques.

——-Voies commerciales Vénitiennes.

——-Voies commerciales Génoises.

——Voies commerciales Génoises et Vénitiennes.

Les voies Hanséatiques sont des réseaux commerciaux qui couvrent la Baltique et la mer du Nord dès 1150 et se regroupent autour de la ligue hanséatique à partir de 1241, incluant Lübeck, Amsterdam, Cologne, Brême, Hanovre et Berlin, créées par le Saint-Empire Romain.

 

La route de la Soie, la première route commerciale.

Elles étaient un réseau de routes entre l’Asie et l’Europe allant de Chang’an, actuelle Xi’an , en Chine jusqu’à Antioche, en Syrie médiévale. Elle doit son nom à la plus précieuse marchandise qui y transitait, la soie, dont seuls les Chinois connaissaient le secret de fabrication. Cette dénomination, forgée au XIXe siècle, est due au géographe et géologue Allemand Ferdinand von Richthofen. Elle fut l’œuvre de la Chine comme on a pu le lire sur le précédent article. Elle permit de mettre en place des relations commerciales et diplomatiques entre la Chine et la Perse ainsi que tous les royaumes entre ces deux pôles incluant l’Inde du Nord, et même au delà.

Les principales routes de la Soie extrait par Lucette Boulnois du livre de Pierre Biarnès «Les routes de la soie-une histoire géopolitique»

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Les Grecs puis les Romains commencent à parler du «pays des Seres», nom donné aux habitants de la Chine à partir du IVème siècle av. J.-C. pour désigner la Chine. Les Romains devinrent de grands amateurs de soie après qu’ils en eurent acquis des Parthes vers le début de l’ère chrétienne. Les Parthes au nord est du plateau Iranien étaient les ennemis des Romains, et ils intervenaient fréquemment dans la politique Méditerranéenne orientale. Les Parthes en organisèrent le commerce.

L’Empire parthes en 60 av.J.C.

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C’est en fait l’Iran d’aujourd’hui. La route de la soie passant par Samarcande et Boukhara pénétrait en Parthie dans sa partie nord.

De nombreux autres produits voyageaient sur les mêmes routes, pierres, porcelaine, étoffes de laine ou de lin, ambre, ivoire, laque, épices, verre, corail, métaux précieux et armes dans le sens Ouest-Est, etc. Xi’an capitale de la province du Saanxi est l’extrémité est de la route de la soie considérée comme ayant été «ouverte» par le général Chinois Zhang Qian , dynastie Han, au IIème siècle av. J.-C.. Les empereurs Han assiégés par des barbares nomades, les Xiongnu, ont en effet besoin d’alliés et de chevaux, c’est ainsi qu’ils décident d’ouvrir au commerce et au monde extérieur la soie, alors monopole d’État.

Les convois de caravanes partaient de Xi’an, Lanzhou ou Xining et empruntaient le corridor du Gansu puis contournaient par le nord ou le sud le désert du Taklamakan, l’un des plus arides du monde.

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Ces deux branches principales possédaient différentes variantes, et étaient jalonnées de villes et caravansérails dont les noms et l’importance variaient au fil des temps. Mais toutes ces pistes reliaient entre elles des oasis-forteresses situées à la périphérie du désert et au pied des hautes montagnes des Tian Shan ou des Kunlun :

– au nord : Tourfan, Ürümqi, Karachahr, Koutcha, Aksou, Kachgar ;

– au sud : Dunhuang, Miran, Cherchen, Niya, Khotan, Yarkand.

À partir de Kachgar et Yarkand, les pistes rejoignaient la Perse ou l’Inde à travers les hautes montagnes de l’Asie centrale, Pamir, Hindū-Kūsh et Karakoram, puis par la Sogdiane, Samarcande, Boukhara, Merv, la Bactriane, Balkh ou le Cachemire, Srinagar. En fait, très rares étaient ceux qui parcoururent l’intégralité du trajet. Marco Polo, son père et son oncle furent de ceux-ci. Sur les pistes cheminèrent, sur d’immenses distances, missions diplomatiques, caravanes marchandes, armées en voie de conquête ou en déroute, prisonniers de guerre déportés sur des milliers de kilomètres, prédicateurs de religions en pleine expansion ou chassées par une persécution, et encore voyageurs, volontaires ou non, techniciens, savants, artistes en des voyages qui duraient des mois et des années à travers les hautes montagnes et redoutables déserts. Tous ces passeurs véhiculaient marchandises, savoirs, techniques, croyances, et gènes.

Les marchandises venues d’Orient ou d’Occident s’échangeaient dans les oasis, devenues d’importants comptoirs fréquentés par, outre les commerçants, des pèlerins, des soldats et des espions. Cette région du «Turkestan chinois» était sous la souveraineté théorique de l’empereur de Chine, mais cette domination subissait de fréquentes éclipses dues à son grand éloignement et à la difficulté d’y maintenir des garnisons suffisantes.

La longueur du parcours, les nombreux intermédiaires, les multiples dangers encourus par les voyageurs sur ces pistes soumises aux incursions de peuples belliqueux, surtout après la dislocation de l’Empire mongol au XIVe siècle, aux attaques des brigands, et à l’extrême rigueur du climat, torride en été et glacial en hiver, rendaient très chers les produits qui transitaient ainsi entre le bassin méditerranéen et l’Extrême-Orient.

Ce fut une des raisons qui incitèrent les Européens à rechercher une route maritime appelée routes des épices ou «routes des parfums» vers les pays d’Orient, c’est ce que l’on appelle les routes de l’Antiquité entre l’Europe et l’Asie. Au Moyen Âge, les négociants musulmans dominèrent les routes maritimes à travers l’océan Indien, exploitant les ressources d’Extrême-Orient et convoyant les épices des entrepôts en Inde vers l’ouest par le golfe Persique et la mer Rouge, puis par diverses routes terrestres. Les échanges furent totalement transformés par les Grandes Découvertes des Européens qui placèrent le commerce des épices au premier rang des objectifs des négociants européens. L’ouverture de la route d’Europe vers l’Inde par le cap de Bonne-Espérance par Vasco de Gama à la fin du XVème siècle, révolutionna les modalités et l’ampleur du commerce.

Les missions diplomatiques ouvraient et entretenaient les relations politiques et commerciales, en concluant des échanges au niveau gouvernemental, incluant par exemple des trocs de soie Chinoise contre des chevaux, importants pour la puissance militaire de la Chine. Les échanges de « présents » d’un souverain à l’autre, qualifiés souvent par les historiens Chinois de « tributs » quand un roi étranger s’adressait à l’empereur de Chine, ont la particularité de consister en spécialités, précieuses ou étranges, du pays. Les historiens mentionnent les parfums de Perse, «pêches d’or » de Samarcande, perle luminescente fabuleuse du Cachemire, médicaments rares comme la thériaque grecque envoyée par l’empereur de Byzance, etc. Mais aussi des animaux, lions, antilopes, chiens savants, autruches…, et encore des artistes, hommes et femmes, du monde Romain ou de la Perse, musiciens, danseuses, illusionnistes, acrobates…

La Route de la soie fut progressivement abandonnée au XVe siècle. De plus la fabrication de la soie s’était peu à peu développée en Europe, de sorte que les soies Chinoises intéressaient moins les Européens. Elle fut aussi la voie de diffusion des découvertes Chinoises, boussole, poudre à canon, papier-monnaie, imprimerie, etc.

L’apogée de la Route de la soie correspond à l’époque de l’Empire byzantin à l’ouest et à celle qui va des Trois royaumes à la dynastie Yuan dans la zone Chinoise à l’est. En plus de la route continentale, les historiens parlent aussi du «trajet de la porcelaine» ou du «trajet de la soie» à travers l’océan Indien. La route continentale diverge entre une route du nord et une route du sud. Elle évoque un processus assimilable à la mondialisation et est un sujet intéressant pour ceux qui veulent observer un phénomène précoce d’intégration politique et culturelle, causé par le commerce international.

Elle maintenait une culture internationale qui liait ensemble des peuples aussi divers que les Turcs, les Tokhariens, les Sogdiens, les Perses, les Byzantins et les Chinois. Elle avait un fort impact d’intégration dans les régions qu’elle traversait sur les tribus qui vivaient auparavant isolées. Ces peuples étaient attirés par les richesses et les opportunités qui se présentaient à eux et devenaient maraudeurs ou mercenaires. Beaucoup de leurs membres devinrent ainsi des guerriers redoutables, capables de conquérir des cités riches, des terres fertiles et de forger des empires.

Les techniques et les savoirs constituaient un cas particulier. Mis à part les cas de guerre ou de pillage, où s’opèrent de brusques déthésaurisations (dévaloristion) de richesses, métaux précieux, soieries, chevaux, armes…, dispersées ou rethésaurisées (révalorisation) ailleurs, les échanges matériels répondent normalement à une offre et à une demande. Il n’en fut pas de même pour les techniques et les savoirs. Ils furent souvent l’objet d’une volonté de rétention chez les uns, et d’une quête par tous moyens chez les autres. Ils furent transmis soit clandestinement, par ruse , soit par la force, dans les effets secondaires d’une guerre. Ainsi, une technique Chinoise de fabrication de l’acier aurait été relayée par un « transfuge » Chinois à un pays d’Asie centrale, d’où il aurait pu passer aux Parthes, « fer de Margiane », « fer sérique » des auteurs latins, selon qui les fers sérique et parthe étaient les meilleurs du monde. Au reste, le fer, ou acier, Chinois est encore signalé… dans les Mille et une Nuits.

Plusieurs exemples de transferts de connaissances dus à des princesses Chinoises données en mariage à un souverain étranger, pour sceller de bonnes relations entre les deux États, sont mentionnés également par les sources Chinoises. Le plus célèbre est celui de la transmission du ver à soie, au début du Vème siècle, au roi de Khotan, dans l’actuel Xinjiang. Monarque fort désireux, comme beaucoup d’autres princes des « pays d’Occident », de produire la soie lui-même, il réussit à convaincre sa future épouse de lui procurer des œufs de ver à soie, extraits de Wikipédia et de Lucette Boulnois.

Cette route constitue un mythe par ce qu’elle fut la première tracée dans des règions dangereuses difficiles à hautes altitudes a donc représenté les premiers échanges commerciaux internationaux qui se sont poursuivis avec Vasco de Gama pour les épices. On peut écrire sans erreur que c’est par elle que le développement du monde à commencé pas seulement par des échanges matériels mais aussi culturels et religieux comme le nestorianisme et le manichéisme. Les Sogdiens, souvent polyglottes, ont fourni des traducteurs, dont certains sont restés célèbres. Quelques-uns ont laissé de précieuses relations ou manuels riches d’informations, comme le Périple de la mer Érythrée au IIe siècle de notre ère qui est un réçit maritime rédigé en grec décrivant la navigation et les opportunités commerciales, la Topographie chrétienne du grec Cosmas Indikopleustes au VIème siècle marchand voyageur et géographe, le récit du marchand arabe Sulayman au IXème siècle, ou le Devisement du monde de Marco Polo au XIIIème siècle … Sans compter les nombreuses histoires de marchands des Mille et Une Nuits, remplies d’informations.

Les marchands servaient aussi d’informateurs sur la géographie traversée, transmettaient des nouvelles, c’étaient les précurseurs des premiers postiers.

La suite portera sur les marchands Vénitiens.

 

7 réflexions sur « Du troc, aux marchands, aux routes du monde, suite 2, »

  1. [b]Emmanuel Todd plaide pour une remise en cause du libre-échange
    qui, selon lui, pénaliserait les classes populaires en tirant
    les salaires vers le bas, et pour la mise en place d’un protectionnisme
    à l’échelle européenne.[/b]
    JE PENSE QU’IL A RAISON, ADINOM !

  2. [b]Veritas[/b] bonsoir,

    Merci de venir sur cette étude.

    Bien que ce ne soit pas le sujet du papier, qui est l’origine naturelle du capitalisme.

    Je vois pas d’un bon signe la suppression des barrières douanières, nous en avons un exemple avec l’Europe.

    Pour, nous pays cher, nous ne pouvons qu’en souffrir.

    Bien à toi,

    Anido

  3. [b]AgnesB[/b] bonsoir,

    Merci.

    Ce n’est pas terminé, avez-vous lu le premier article ?

    Bien à vous,

    Anido

  4. Bien sur, mais si je ne l’ai pas commenté c’est plutot par ignorance et en attendnat la suite.

    Savez vous que 3 villes de Rhodes s’etaient enrichies en 800/ 900 av JC en vendant des objets d’art et en particulier de magnifiques urnes funeraires?

    Elles fabriquaient les bateaux les plus rapides de l’epoque; avant les Pheniciens… d’apres ce que j’ai lu au musée de Rhodes!!! n’etant pas un expert

  5. [b]AgnesB[/b]

    C’est gentil.

    Non, je ne savais pas.

    Mais vous savez, il y a beaucoup de choses que je ne sais pas.

    Cette étude sur le commerce ne peut être exhaustive, elle n’est qu’un embryon qui ne demande qu’à être complétée.

    Le problème est immense, mais passionnant.

    Actuellement j’ai un problème avec mon blog sur le Monde.fr qui me bloque pour éditer les autres articles.

    J’espère que demain ce sera réparé.

    Bien à vous,

    Anido

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