il n’y a bien souvent qu’un pas.

 

Le journalisme c’est bien connu est déjà un pouvoir, celui de faire et de défaire une réputation, voire détruire une vie. Il suffit qu’un grand quotidien lance sur sa Une une information pour qu’aussitôt elle soit reprise par tous les médias sans que pour autant elle ait été vérifiée voire crédilisable. Combien sont les personnalités politiques qui se sont trouvées accusées par la presse sans même savoir de quoi il en retournait, tout au moins c’est ce qu’elles prétendent le plus souvent. Il suffit d’une fuite sur une affaire de gros sous ou sur des marchés plus ou moins jugés litigieux, voire truqués, pour que la personne politique en question soit discréditée aux yeux des Français. C’est ce que l’on appelle la violation du secret de l’instruction, la personne est ensuite «salie» pour bons nombres d’années même si elle bénéficie d’un non lieu après avoir été quasiment mise en accusation avant d’avoir été jugée. Ce n’est pas les excuses éventuelles de la presse et des médias après le non lieu qui peut y changer quelque chose. On accorde plus aisément du crédit a l’accusation qu’au blanchiment. Il est vrai que le métier de la politique est celui ou les tentations sont les plus fortes et qu’il est aisé par le pouvoir qu’elle permet de faire un choix favorisé lors du passage d’un marché public par exemple. Et il est aussi logique d’admettre que par reconnaissance, l’heureux bénéficiaire se fende d’un remerciement pouvant compromettre le décideur politique s’il vient a accepter ce «pot de vin» ou tout autre chose. C’est bien connu un service en vaut un autre.

Mais la presse n’est pas que cela, elle permet, bien souvent de contribuer à la découverte de la vérité, a divulguer des abus, à défendre une certaine démocratie dans la mesure ou sa liberté n’est pas en cause, mais est-ce possible sachant que les grands quotidiens sont avant tout des affaires commerciales et qu’ils sont soumis à la publicité pour arrondir leur fin de mois. Et, que bien souvent, cette publicité n’est pas sans pensées politiques, ses promoteurs n’accepteraient pas d’être mis en cause par les journalistes qu’ils financent !

Le métier de journaliste est donc bien délicat, pris entre deux feux celui de bien faire son métier et celui de rester dans la ligne politique du quotidien qui l’emploi. Mais le journaliste n’est pas le plus à plaindre, la fréquentation des personnalités politiques ouvre aussi des horizons comme par exemple devenir attaché à une personne, ou bien être recruté pour des conseils dans le staff de la direction d’un parti, voire aussi comme personnalité dans des organismes publics comme par exemple le Conseil Supérieur de audiovisuel, CSA. Il peut même rejoindre comme membre imminent un parti qui profite ainsi de sa notoriété. Tout est bon pour accroître son audience, et une bonne plume n’est pas à rejeter. Les exemples ne manquent pas.

Pour reprendre un article du Monde.fr, «le 07 avril 1870 lorsqu’il remplaça le journaliste Sainte Beuve à l’Académie Française le feuilletoniste Jules Janin expliquât que,

le journaliste mène à tout à condition d’en sortir».

Ce conseil a été largement suivi par la profession et le mouvement s’est même amplifié ces trente dernières années. On ne compte plus le nombre de ceux qui ont franchi la frontière censée être établie entre les pouvoirs politiques, économiques, financiers ou culturels et les médias. En général les journalistes sont happés par les politiques qu’ils ont suivit et pour lesquels ils ont une affinité. On se rappelle de Jean Jacques Servan Schreiber et de Françoise Giroud deux dirigeants emblématiques de l’Express qui avaient une affinité politique pour Giscard d’Estaing et qui sont devenus ses ministres pendant son septennat. Autre exemple, Dominique Baudis journaliste sur FR3 et sur TF1 qui est a été élu député et maire centriste à Toulouse, puis qui a été nommé à la présidence du CSA par Jacques Chirac. Dernièrement, Françoise Laborde rédacteur en chef et présentatrice remplaçante sur France 2 été nommée conseillère  par Nicolas Sarkozy en janvier 2009. Mais, il y a aussi Michelle Cotta que tout le monde connait. Jean François Khan rédacteur en chef de Marianne qui rejoint le Modem de François Bayrou. Françoise Degois, journaliste au service politique de France Inter chargée de suivre le Parti socialiste, a démissionné de la radio publique où elle travaillait depuis dix ans, pour prendre le poste de conseillère spéciale au cabinet de Ségolène Royal à la présidence de la région Poitou-Charentes.

Il y a bien sur d’autres exemples, et cette évolution est recherchée tant parmi les journalistes qui souhaitent évoluer que pour les organismes ou partis qui souhaitent s’adjoindre des personnes dont ils connaissent les compétences. C’est en fait un prolongement naturel du métier qui peut toutefois s’avérer dangereux car devenir membre d’un parti politique n’apporte aucune sécurité d’emploi, même si l’on devient député.

Finalement les journalistes qui sont de bons analystes de la vie politique comme Alain Duhamel dont l’avis est recherché, ont toutes les possibilités de se reconvertir dans la politique ou, comme Jean Boissonnat économiste, journaliste et homme de presse, comme membre du Conseil politique et monétaire de la Banque de France de 1994 à 1997.