Du 16 au 22/9/13 : Tous au restaurant !

D’abord, trouver un restaurant participant à l’opération pas trop loin de chez soi (ou de son hôtel, lieu d’hébergement), se précipiter pour réserver via le site dédié, et profiter de l’aubaine : un repas acheté, un second offert… C’est, du 16 au 22 prochains, la semaine « Tous au restaurant », quatrième édition… Petite sélection parisienne, pour fauchés et impécunieuses. Dès lundi, à l’aube, tentez de réserver…

Mes cantines, à Paris, c’étaient – ou restent – Ma Bicoque (fameux couscous et tajines, terrasse), près du théâtre de la Porte Saint-Martin – à laquelle je fais des infidélités quand j’ai trop envie d’os à mœlle ou d’huitres suivies d’une galette, les riverains savent où –, chez Pat’ et Suzon (et Maria), du Golden Pat, et Le Quid. Oublions temporairement Le Quid, remplacé par El Papi Chulo, car le patron, Rony, est passé à La Cantine russe et qu’un resto « bio » (donc cher), de d’jeuns, est annoncé…

En fait, hormis une incursion au Kibélé, par exemple, Chez Jésus (une Cap-Verdienne), ou chez les « Pakis » (les restos indiens hallal mais qui autorisent qu’on apporte du vin), il faut l’avouer très clairement, je tourne en rond. À part une assiette ou deux au comptoir, je n’ai mangé qu’une fois au Papi Chulo, bar-restaurant à tapas et plats d’Andalousie et du Valenciano. Pourtant, tout le monde ne m’en dit que du fort bien, fort bon, y compris les Ibères qui reviennent régulièrement. Les vins sont un peu chers, mais le prix est justifié.
Je veux dire par cher que les vins servis ne sont pas à deux euros le grand verre ou débités en carafe d’un litre, comme c’était le cas au Quid. Et un poil plus coûteux que le col de côtes rhodaniennes servi par Suzon, Maria, ou la patronne, Pat’, lequel, pour tout à fait convenable qu’il soit, n’a pas encore atteint 20 euros.
Ma Bicoque offre un plus grand choix de vins du Maghreb ou français, et la carte est assez étendue. Ce qui, ailleurs, serait un mauvais signe. Préférez, en général, les plats affichés sur ardoises, vous avez davantage de chance qu’il ne s’agisse pas de surgelé. La maison sert aussi au litre, de l’ordinaire, mais du « qui descend bien », et par rapport à d’autres, c’est comme était le Goulou pour l’estomac, du velours pour le porte-monnaie.

C’est cela le piège : quand on a une petite sélection de restaus épatants, on pantoufle. Il faut que des amis vous invitent ailleurs pour se divertir vraiment les papilles. Eh bien, l’opération Tous au restaurant, c’est la bonne occase. Un repas réservé, un autre offert (le même midi ou soir, ai-je cru comprendre). 

C’est national (en tout cas hexagonal), mais cela ne touche que moins d’un millier de restaurants (780 environ, quand même). Plutôt des gastros ou des trucs un peu péteux. Mais pas que… Voici, donc, Parisiennes et Parisiens, ma sélection de six établissements proposant des tarifs à moins ou à peine davantage de 25 euros… pour deux convives.

Série limithée arbore une enseigne un peu cruche car évidemment trop connoté. Ce n’est pas le cas des patronnes, qui sont finaudes, au point de pouvoir proposer du frais et du bon à un prix vraiment correct pour entrée+plat+dessert et verre de vin ou café en sus. L’ambiance, style table d’hôte ou gîte « urbain », doit beaucoup à Katia et Sophie. C’est un peu « cuisines du monde », avec emprunts au Japon ou aux pays des Balkans, Carpates et autres, mais pas forcé. Le problème, c’est que, dès que dix-douze personnes se décident à réserver tout le restaurant, les amphitryonnes disent « j’y go » (y compris d’agneau). Donc, certains soirs, inutile de se pointer rue Trousseau. Vérifiez les disponibilités.
Je crains d’ailleurs que, vu les avis favorables, il n’y aura vraiment pas de la place pour d’autres que des habitués ou copines des patronnes. Voyez le site sur Typepad

La Manette Drouot, proche de l’hôtel des ventes, des rues Chauchat et Rossini, devrait sans doute servir des tournedos. Je sais qu’il s’agit d’un établissement fort recommandable sans y avoir jamais mis les pieds. Un truc médiocre et trop cher n’aurait jamais tenu dans ce quartier. Commissaires priseurs, vendeuses, acheteurs, expertes, &c., ont un sens suraigu du rapport qualité-prix. Un autre indice qui ne trompe pas : ce restau est plutôt « mal » référencé, soit de fait, fort bien – il n’a pas besoin de payer ou cotiser pour faire parler de lui. C’est genre brasserie sans chichi question décor.

Rotin’s Home, rue des Pyramides, fait dans le style branché avec mezzanine. Monique Rotin confectionne une cuisine internationale et des plats ou quiches du jour, comme les desserts ou tartelettes. Frantz Rotin concocte des salades, des desserts, qui, sur la page Facebook, semblent fort appétissants. Le gaspacho maison serait aux tomates vertes (c’est abusé tendance, paraît-il) que je ne serais pas surpris. Pas tout à fait mon style de rade, mais, justement, Tous au restaurant vise à nous faire sortir des sentiers battus et rebattus. Un proche, Alex Rotin, fait dans la mode féminine. Peut-être un endroit où aller draguer… Enfin, plus vraiment pour moi.

Mansouria, comme son nom l’indique, et comme le confirme le patronyme de qui se tient au piano, Fatéma Hal, propose une cuisine marocaine. Axée poissons. C’est proche de la Bastille (rue Faidherbe), le décor est soigné (avec une partie ryad), le site promet des merveilles. Sauf que je trouve les prix un peu… éloignés de ceux d’Ali Bouralha, de La Gitane (qui a baissé le rideau), lequel te préparait un menu complet sympa (et un excellent couscous) pour moins de 15 euros. L’harira à huit euros, certes, ok. Mais presque dix pour une assiette de merguez, si provenant de Rungis, humm… Qui comparera avec Le Bec fin (fg Saint-Martin), et ses préparations très copieuses du Maghreb, saura classer le Mansouria. Cela étant, c’est une bonne adresse pour des plats à emporter (mais payer un guerouane non livré au prix où il est servi ailleurs à table, eh, faut pas pousser).

La Crêpitante, rue Timbaud, proche d’Oberkampf, donne dans le bio. Dans les galettes aux produits gourmands pour convives quelque peu friqués. Même à Guéméné, trouver de l’andouille au prix de l’andouillette, faut pas rêver. Évidemment, si le saumon n’est pas d’élevage, le prix est justifié. Un indéniable atout : vendredis et samedis, prise tardive de la dernière commande (23:30). Un autre : menu enfants très sympa, vraiment peu cher. De toute façon, entre Bretons, on ne se critique pas et on a le compliment pudique. D’après les photos et les commentaires sur Facebook, c’est copieux.

L’Arthème, rue Raymond-Looserand, je crois que j’ai connu (il me semble reconnaître le décor, à moins que je ne confonde, ce n’est ouvert que depuis 2012). C’est aussi une crêperie, donc, même remarque que supra. La verrière donne un air branchouille sympathique. Les tarifs sont plus chers que ceux de La Crêpitante, pour à peu près la même carte. Mais kir celtique et vin sont inclus au menu. À la carte, prix habituel des galettes simples et non chichiteuses (cinq euros pour œuf ou jambon ou fromage), et la soupe de poissons débarqués sur les quais de Saint-Guénolé est à un prix vraiment correct. L’assiette de charcutailles (dont de l’andouille) a l’air roborative. En crêpes, une bonne idée, proposer du sirop d’érables (québécois exclusivement, j’imagine). Seul reproche évident, le menu et la carte monolingues (acceptable si breton ou gallo et non français était employé).

Il y a au moins une bonne douzaine de crêperies parisiennes totalement recommandables. L’une de mes préférées, c’est Houblon & Sarrazin (proche de Strasbourg-Saint-Denis). Décor agréable, typique, mais décalé. C’est aussi un bar. Les creuses de pleine mer nº 2 ne font même pas la simple culbute (dix euros la demi-douzaine). Parfois, il y a des musiciens manouches (comme quoi, on n’est pas sectaires). Houblon & Sarrazin ne participe à l’opération, mais tentez une autre fois…

Plus cher, mais encore abordable, tentez un bon chinois. Chinatown Olympiades, par exemple. Ou une brasserie traditionnelle dans un arrondissement périphérique (plutôt nord ou est), comme La Bonne Franquette (18e). Dans le genre provençal, La Bastide d’Opio ne devrait pas décevoir (avec une terrine de raie – je n’aime pas trop la raie, mais celle au camembert d’autrefois, au La Fayette, était vraiment bien) ; c’est rue Guisarde.
Vin et Marée Voltaire (bd Voltaire) se fournit en Bretagne et Normandie. C’est près de Nation (et son bateau frère, le Murat, se trouve du côté de Boulogne… Billancourt).

Cela étant, si vous êtes moins raides et disposez d’un peu de temps, pourquoi ne pas allier les plaisirs et vous aventurer hors de Paris (ou de votre ville, département) ? Tentez la proche ou plus lointaine banlieue, le département voisin, et vice-versa (pour épater mademoiselle ou madame, venez à Paris, à L’Emporio Armani, au Quartier Latin : 70 euros pour de la polenta aux crustacés, puis un risotto d’orge aux truffes, enfin, avec de la truffe, suivi d’un sabayon et de gourmandises). 

Je ne saurais plus recommander le Crocodile, à Strasbourg, près de la place Kléber. Mais si le nouveau chef, Philippe Bohrer, égale ses prédécesseurs, faut voir. N’empêche, le prix du menu indiqué pour l’événement me semble un peu gonflé.

C’est cela aussi le hic de cette semaine gourmande : des tables à la fort bonne réputation peuvent se dire, tiens, j’en profite pour attirer le gogo qui ne viendrait pas autrement chez moi et sans doute ne reviendra pas (mais fera savoir à tout le monde qu’il est venu).

Dans ma sélection aurait dû figurer aussi Le Chardenou des Prés, mais uniquement pour son menu du déjeuner (27 euros, le soir, cela passe à 50), lequel propose quatre plats du jour au choix et deux entrées (plus un dessert). C’est cossu et situé rue du Dragon.

Certains restaurants n’ont pas encore communiqué au site leur positionnement de prix. J’imagine que c’est le cas de La Case de Babette, rue Saint-Vincent, à Maule (Yvelines). Maintenant, deux coques au Gault & Millau, en général, cela vous entraîne vers une carte à plus de 40 euros. Mais, bonne surprise, au déjeuner, le menu est vraiment varié et abordable. C’est un « antillais-cajun » (pour situer vaguement) et la cheffe, Babette de Rozières, est une pipeule (entendez : qui passe à la télé).

En fait, cette opération Tous au restaurant offre diverses opportunités. Soit vous dépayser gustativement (tentez un restaurant de poisson si vous n’y allez pas souvent, un exotique, un régional) ou – cet ou est sans doute plus inclusif qu’exclusif – de vous permettre de découvrir un lieu, un site. Tenez, par exemple, celui du château de Trigance en allant dîner Au Château. Soit dans l’ancienne salle d’armes. C’est dans le Var à… pas loin de Draguignan ou Castellane. À Strasbourg, voyez du côté de la cathédrale (le, plutôt la Kammerzell) ou de la Petite-France.Vous avez aussi des bonnes adresses présentant un intérêt un peu atypique. Ainsi de La Tour penchée, à Sévenans (près de Belfort ou Montbéliard), où François Duthey se limite à six tables (plat principal : bœuf Simenthal et cannelloni à la truffe et menthe fraîche).

Bien sûr, certaines cheffes, divers cuisiniers, s’efforcent de proposer une cuisine vraiment inventive. Le Grand Jardin, à Angers, avec Grinie David, est du nombre, et les prix sont vraiment encore abordables (ce qui n’est pas tout à fait le cas de Chez Favre d’Anne, où Pascal et Mathilde ont préparé des ingrédients qu’on ne trouve pas tout à fait bon marché au supermarché angevin du coin, s’ils y figurent).

L’originalité me semble le critère à privilégier. Je ne vois pas trop l’intérêt d’aller dans un restaurant appartenant à une chaîne (ceux de La Boucherie participent, dont peut-être le nouveau de Dijon). Sauf bien sûr s’il s’agit d’inviter un client ou prospect pas au fait de l’opération.

Comment sélectionner ? Si vous avez le temps et les moyens, le site de l’opération affiche quelques recettes (une omelette de Didier Casaguana, un riz de veau de Frédéric Vardon, un pigeon à la crème de réglisse de Pierre Lambinon, quelques autres). Figurent aussi des portraits de chefs. Les critères de recherche listent huit types de cuisine (la sélection Bio ne fait remonter que deux restaurants, Les Orangeries à Lussac, Le Relais Gourmand à Mouans-Sartoux (voisin de La Cantina). Mais vous pouvez élargir à une région. Si vous êtes prêt·e·s à vous déplacer en Picardie, région peu participante, vous serez peut-être attirés par un nom, une enseigne (Le Bœuf Framboise, de Longueau, dans la Somme). 

Ou piochez au hasard. Je suis tombé sur La Cuillère curieuse, à Craon (Mayenne), qui donne envie d’aller découvrir la cuisine de Samuel. C’est un tout nouvel établissement (ouverture voici moins d’un mois) qui promet une « cuisine conviviale d’ici ou d’ailleurs ». C’est aussi en baguenaudant qu’on tombera sur des adresses à spécialités œnologique ou vineuse. Ainsi, à Paris, rue Duphot, du Zag à vin. Au fait, saviez-vous que des restaurants parisiens soit vous vendent le vin à table au prix à emporter (oublié le nom de celui de la rue Traversière, à Paris), soit vous autorisent à venir muni de vos propres flacons, soit proposent leurs vins à prix coutant ? Cela doit aussi exister ailleurs… Commentez si vous avez de bonnes adresses à recommander.

Donc, errez, surfez. Pour trouver le Family Fun Bowling de Meschers-sur-Gironde, par exemple. Ou le café Cassette (non, pas le siège annexe de l’UMP) à Paris (rue de Rennes) qui propose, pour 39 euros (le soir seulement, le midi, c’est toujours plein), un menu surprise (seule indication « faites confiance au chef »). On trouvera aussi des restaurants d’hôtels, comme celui du Bon Accueil, à Saint-Nazaire. D’autres avec un vrai jardin (où pourront courir les enfants), tel Lotre, à Aix-en-Provence.

Cherchez : vous trouverez par exemple un menu entrée+plat+dessert à 12 (oui, douze, donc six, si j’ai bien compris) euros en région parisienne, en fait trois menus au choix ; seulement le midi, hélas.
Voyez ce qu’offre le « berceau du boudin blanc » (Rethel, Ardennes, proche de Reims) dans ce restaurant qui propose un tatin de boudin blanc au caramel balsamique (mais pas au menu de cette semaine, dommage). Allez, c’est vraiment une sortie à préparer.

Auteur/autrice : Jef Tombeur

Longtemps "jack of all trades", toujours grand voyageur. Réside principalement à Paris (Xe), fréquemment ailleurs (à présent, en Europe seulement). A pratiqué le journalisme plus de sept lustres (toutes périodicités, tous postes en presse écrite), la traduction (ang.>fr. ; presse, littérature, docs techs), le transport routier (intl. et France), l'enseignement (typo, PAO, journalisme)... Congru en typo, féru d'orthotypographie. Blague favorite : – et on t'a dit que c'était drôle ? Eh bien, on t'aura menti !

Une réflexion sur « Du 16 au 22/9/13 : Tous au restaurant ! »

  1. de quoi faire envie à tous les parisiens !! j’ai trouvé quelques restos sympas à Rennes qui participent. J’ai donc trouvé mon resto, je fais ma réservation demain ! Merci Jef pour cette info capitale 😉

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