Ouh là-là, Élise, tu as de ces mots… Sais-tu que Sophie Durocher, du Journal de Montréal, a repris ton expression de l’article de L’Express, Dominique Strauss-Kahn désigné « queutard compulsif » ? « Queutard, c’est un joli mot, écrit-elle, c’est un fêtard qui pense avec sa queue… ». Toujours « la bite en avant », comme l’exprime tout aussi joliment une mienne amie. Eh, aurais-tu pris des « éléments de langage » chez Henri Guiano, Élise ?

Tout d’abord, excusez, Chère Élise Karlin, ce tutoiement qui n’est plus de mise après tant de longues années (mais le fut, demandez à Daniel, votre père), et pardonnez cette accroche : je ne vous soupçonne absolument pas de reprendre des expressions qui vous seraient soufflées par l’Élysée dans le creux de l’oreille.

Quoique… Toute source est bonne à prendre quand votre rédaction vous charge d’un bien senti et bien enlevé « Comment Dominique a perdu Strauss-Kahn » (L’Express du 16 nov. dernier).

Mais, coïncidence, pour Paris Première, sollicité ou prenant les devants, voici que le conseiller de Sarkozy revient sur les affaires DSK. Cameron et Merkel ne tombent d’accord sur presque rien, Sarkozy ne sait plus trop quoi dire pour préserver le triple AAA des agences de notation, revoilà DSK.
Fort à propos.

Tutoiement et expression crue, c’est pour Google, mille excuses.
Mais Guiano, ce n’est pas pour se livrer à du vrombruissage (buzz) sur les réseaux sociaux qu’il en remet une couche sur DSK.

Voilà qu’il estime que les relations supposées de l’ancien dirigeant du FMI entretenait des « relations supposées avec des gens qui dirigent des réseaux de prostitution, qui ont d’ailleurs des noms admirables. ». C’est du seul Dodo la Saumure qu’il s’agit, ou des surnoms des gérants de l’ombre des cercles de jeux parisiens Concorde ou Wagram, que Bakchich.info donne liés au milieu corse et peut-être un peu rapidement à François Pupponi, actuel maire de Sarcelles, successeur de DSK ? L’ennui, c’est que le milieu corse fréquente un peu tout le monde, de tous bords, à droite comme à gauche…

Au passage, je signale incidemment que Bakchich.info, récemment condamné pour avoir, en mai 2009, publié « un article contenant des allégations relatives à ses [François-Marie Banier] relations avec la décoratrice Madeleine Castaing » lève le pied au sujet de François Pupponi. Il semblerait que, selon qu’on soit puissant ou misérable, les menaces de poursuites, brandies aussi par les avocats de DSK et d’Anne Sinclair, produisent des effets divers.

Relations supposées, allégations. Que ces choses sont joliment évoquées. Queutard, c’est plus direct.

Guaino s’inquiète rétrospectivement : et si Dodo la Saumure avait fait irruption dans le débat de la future présidentielle ? Un Takieddine suffit, cela semble évident. Hop, Bourgi s’évapore. Reste aussi Djouhri. Des intermédiaires, non pas entre DSK et des belles de nuit, mais entre divers clans RPR ou UMP et des États. Sans dames de petites vertus à la clef en prime porte-jarretelles, faut-il croire…

Au moins, DSK fait lire

Au moins, DSK fait lire, même quand il se tait sur la crise de l’Eurozone, tandis que Guiano et d’autres se font voir et écouter. DSK fait vendre. Qui voudrait encore acheter pour lire du Guiano ?

Conclusion du bon soldat de la cellule « Riposte » de l’Élysée : « les campagnes présidentielles sont des épreuves de vérité humaine. On ne peut dissimuler ce qu’on est, surtout quand on est un candidat de premier plan. ». Ah, c’est donc cela qu’il fallait comprendre : Sarkozy, lui, est total transparent, telle une glace de Rolex (à ce prix, on ne dit plus « verre de montre », pour un « garde-temps »).

Or donc, DSK suscite encore la curiosité, malsaine, forcément malsaine. Mais ce ne sont pas les accointances de DSK avec Jean-Claude Van Damme ou un autre « fêtard » quelconque qui retiennent forcément l’attention, mais avec Eiffage, grand bénéficiaire de contrats public-privé.

Et là, comme on n’a pas encore trouvé de surnom pour Bolloré, Bouygues, et quelques autres, genre, autrefois Jean-Marie Messier (ex-Vivendi, J3M-Maître du Monde), on se demande, dans l’affaire Hadopi 3 qui se profile, et dans d’autres, de quels « noms admirables » on pourrait doter les proches de Nicolas Sarkozy.

Or donc, DSK et Anne Sinclair ont commencé par porter plainte contre Le Figaro. VSD pourrait suivre car le titre fait état d’une « sextape » tournée en utilisant le téléphone portable d’un policier ayant participé à des ébats communs. D’autres titres font allusion (des allégations) à des rumeurs de dispute ayant pour objet des gros sous entre DSK et son épouse. Sur Moustique (.be), Vincent Peiffer imagine DSK élu et Berlusconi réélu et « Dédé la Tringlure » fournisseur patenté, by appointement of their presidential eminences, des deux politiciens.

C’est plus rigolo que de remémorer que DSK avait appointé l’ancien banquier portugais Antonio Borgès à la tête du département Europe du FMI. C’est largement plus cocasse, comme le fait La Gaceta de Tucuman (Argentine), d’évoquer les escapades « sexuales » à Vienne, Paris, Bruxelles, Prague, New York et Madrid, que de s’interroger sur les relations institutionnelles (vu le contexte, évitons d’employer « professionnelles ») entre Nicolas Sarkozy et Dominique Strauss-Kahn alors que se diagnostiquait la crise à venir de l’Eurozone.

Bling-bling contre Zig-Zig

Effectivement, troquer un président bling-bling contre un autre, zizi-panpan, aurait pu donner à réfléchir. Mais pour le moment, la réélection de Sarkozy ne tient pas au ressassement des frasques de DSK mais à sa capacité de faire fléchir, au moins un temps, pour la galerie au moins, Angela Merkel. Pour le moment, comme le faisait dire Pagès, du Canard enchaîné, à Carla Bruni, Sarkozy a tout faux : « avoir une top à la maison et une mocheté à l’hôtel, c’est un comble ».

Nous en sommes bien d’accord, au vu des circonstances, Sarkozy aurait été mieux assorti avec Anne Sinclair qu’avec la Bruni pour aller amadouer l’Angela. Laquelle semble inflexible, comme elle l’a montré à Cameron. Aussi très peu portée à tolérer l’arrogance et les manières de hussard d’opérette d’un Sarkozy donneur de leçons.

À propos de DSK, sur Slate, un psy addictologue, considère qu’il doit pouvoir à la fois envisager de sortir de son addiction par le constat qu’elle est devenue nécessaire, avoir une estime de soi suffisante, disposer d’une « opportune quiétude ». On ne doute pas de l’estime de soi de Sarkozy. Mais parvient-il à se rendre compte que donner des leçons et faire preuve d’un culot phénoménal lui est devenu nécessaire ? Comment trouvera-t-il le calme et la sérénité d’un « capitaine de grand vent », comme le qualifie un Claude Allègre, toujours solliciteur de prébendes ?

Sarkozy n’a pas, comme le suggère The Sun, de problèmes avec des mineures (« aussi jeunes que 15 ans », comme Kelly B., et si autres, qui n’auraient pas forcément frayé avec DSK, se rattrape le quotidien) au cours d’orgies (11 recensées par Nick Parker), mais un fort problème, au moins avec une majeure.

Refaire monter Guiano au créneau sur les affaires DSK n’y changera rien. Cela semble même si dérisoire qu’on préfère encore entendre Gérard Depardieu réaffirmer que, non, DSK, il ne le connaissait pas personnellement. Vrai ou faux, c’est plus élégant. Titre de France Soir : « Guiano balance sur Dodo la Saumure et DSK ». C’est un peu cela. Attention, l’habitude commence la première fois, et si cela devenait compulsif, si Sarkozy n’est pas réélu, on risque d’en apprendre de belles, peut-être.