À défaut de pouvoir produire une photo récente de Nafissatou Diallo (une autre, vieille d’une douzaine d’années, a été reproduite un peu partout en ligne), j’ai trouvé, en Bulgarie, la banque DSK (en cyrillique, Банка ДСК). À moi tout seul, et je le concède, par hasard. Tandis que le New York Times a mobilisé pas moins de sept confrères pour… ne redire que le très peu qu’on sache déjà sur Nafissatou Diallo. Sur DSK, on attend à présent de savoir ce que les hackers ayant pénétré le système informatique du FMI ont bien pu dénicher.

Bien évidemment, la banque Darzhavna spestovna kasa qui a conservé de sa nouvelle appellation ses initiales, n’a rien (ou alors, vraiment très peu, et j’en ignore tout) à voir avec Dominique Strauss-Kahn.
Mais, bon, de fort davantage éminents que moi ont confondu tellement de Diallo avec des membres de la parentèle de Nafi Diallo que personne n’osera, j’espère, me reprocher durablement cette fausse piste.

The New York Times a donc mobilisé Adam Nossiter, Anne Barnard, Kirk Semple, John Eligon, William K. Rashbaum, Rebecca White et Abdourahmane Diallo pour tenter de cerner qui peut bien être la femme de chambre chargée de la suite 2806 du Sofitel où séjournait Dominique Strauss-Kahn. C’est méritoire, mais elles et ils auraient pu pomper mes précédents articles sur Come4News issus d’une large compilation de la presse internationale afin de parvenir au même résultat. Nafi est quasiment fantomatique, sans histoire. Le seul point d’ombre est relatif à l’attribution de sa carte de séjour aux États-Unis. Aurait-elle argué des persécutions politiques subies par les Peuls de Guinée (Conakry) ou fait état d’une excision subie à l’insu de son plein gré ? On ne sait, et peut-être faudra-t-il attendre le 18 juillet, et la nouvelle comparution de DSK devant la justice américaine pour obtenir des précisions de la part de ses avocats ou du procureur. Dans l’un ou l’autre cas, allez donc établir qu’elle aurait pu mentir…

On comprend mieux que les avocats de DSK se soient fendus d’un communiqué précisant qu’ils ne cherchent absolument pas à « salir » la plaignante. Cette femme qui se partageait depuis trois ans entre son domicile et le Sofitel, sis à 45 minutes d’un trajet en métro, n’a pas plus d’histoire récente que de véritables histoires antérieures alimentant la thèse d’un complot, d’une sollicitation intéressée de DSK, ou quoi que ce soit.

« Comment transformer Miss Nobody en Mata Hari ? » résume Frédéric Plotin pour Marianne. Mais les conseils de DSK pourraient, comme dans tout autre cas, chercher à déterminer si l’adversaire présenterait des « handicaps mental ou physique, des troubles émotifs », voire une « dépendance à la drogue ou à l’alcool ». Les stupéfiants paraissant exclus, la thèse du complot ne semble plus reposer que sur un maraboutage : influencée à distance, Nafi Diallo se comporterait dans un premier temps comme si elle était brusquement devenue folle de son corps avant que le charme soit instantanément dissipé et qu’elle se retrouve à son corps défendant aux prises avec un entreprenant client.

Descartes contre le vaudou, la macombé, en quelque sorte. L’ennui est qu’une Peul de Guinée, éduquée par un père imam, est peu susceptible d’être influençable de la sorte. Certes, il existe bien un (fort bon d’ailleurs, plutôt musical) site franco-gabonais intitulé Le Gri-gri international, plutôt pro-Gbagbo que pro-Ouattara (comme DSK), mais il ne va pas jusqu’à jeter des sorts.

Bref, rien de neuf. Ah si, peut-être, la déclaration passe-partout du président guinéen, Alpha Condé, qui s’est dit doublement désolé, en tant que membre de l’Internationale socialiste et du fait qu’il s’agisse d’une compatriote. Les Guinéens seraient partagés, d’une part du fait que DSK avait promu son neveu, l’énarque Franco-Guinéen Stéphane Keïta à son cabinet lorsqu’il était ministre des Finances (avant de pousser à en faire un préfet), et d’autre part parce qu’il aurait intégré des Guinéens dans la police municipale de Sarcelles. Un journaliste guinéen (Aujourd’hui en Guinée) a considéré : « cette terrible affaire peut aussi se résumer comme une confrontation entre deux personnes liées à la Guinée par le sang ou par alliance. Dans un cas comme dans l’autre, le même goût d’amour semble perceptible. ».

Je ne sais trop comment on doit interpréter cette dernière phrase, mais il fallait y penser !

De New York, Philippe Coste, correspondant de L’Express, rapportait les propos d’une avocate, Kimberley Summers : « ce niveau d’outrance ne peut durer longtemps. La lassitude du public va contribuer, à un moment ou un autre, au rééquilibrage de l’opinion. ».

Pour le rééquilibrage des comptes de la Grèce, on ne sait trop déjà ce que pourra faire la banque DSK (filiale de la hongroise OTP). Pour celui de l’opinion dans l’affaire de Dominique Strauss-Kahn, on ne voit plus trop ce que les médias ou les avocats des parties pourraient faire de mieux (ou de pire). Mais pour équilibrer un peu l’opinion sur le FMI, on attendra à présent de voir si les pirates (hackers) qui ont réussi à s’introduire dans son système informatique vont réussir à éclipser le cas Strauss-Kahn… Cela risque, s’ils diffusent ce qu’ils ont pu récolter, de se révéler beaucoup, beaucoup plus intéressant.