DSK : après la Porsche, les truffes… et la p… irrespectueuse

À chacun son Fouquet’s, et pour Dominique Strauss-Kahn, qui avait quelque peu gaffé en se montrant à Paris dans la Porsche de l’un de ses « conseillers image », c’est donc la Scalinatella, un restaurant plutôt chic de New-York, qui accueillit DSK, par la justice libéré, et Anne Sinclair… Dominic’s, ou Dominick’s, voire Dominique’s, il avait d’autres choix. Mais lui, au moins, ne peut plus tomber de plus haut que Nafissatou Diallo, qui dévale les marches…

 

Melon et jambon, puis pappardella aux truffes. Pas donné quand même… Car ce n’est pas vraiment une gargote genre coupe-gorge (de l’italien scannare), ni un lieu de débauche (de scannatojo), ou un tord-boyau proche d’une décharge (de scannellare).
La gaffe est mineure et on ne peut quand même pas reprocher aux gens aisés d’en avoir pour leur argent, ni d’être infidèles à l’occasion au McCormick & Scmick’s (où DSK déjeuna avec sa fille).
Ce qui est sûr, c’est que l’affaire DSK semble s’enfuir par un escalier dérobé (de scalina ou scalinata) et le choix de ce restaurant est peut-être symbolique. En tout cas, cela fera plaisir aux patrons des enseignes homonymes de Paris et d’ailleurs.
Et cela évoquera à beaucoup la chanson napolitaine (Scalinatella longa, longa, longa…).

Une qui descend de haut, et trébuche de quelques marches, c’est bien sûr Nafissatou Diallo. Après s’en être pris copieusement à DSK, le New York Post n’est plus loin de la prendre pour une tapineuse.

« Maid cleaning up as ”hooker” » titre Laura Italiano, du NYP, qui aurait obtenu une information confidentielle sur le montant des pourboires que Nafi Diallo empochait. Ce qui est sûr, c’est que la source du Post insiste sur le coût de ses dépenses en cosmétiques. Elle aurait aussi téléphoné à un ami détenu dans un centre de détentions pour immigrants en Arizona auquel elle confiait qu’elle savait où elle allait, ce qu’elle faisait : « ce type est plein aux as… ».

De toute façon, pour loger dans la suite 2806, il ne faut pas être tout à fait SDF consacrant sa recette à manger et rester propre.

Ce qui est gênant, notamment pour l’entourage de Nicolas Sarkozy qui a eu l’imprudence (dans le Figaro qui cite « plusieurs proches du président ») d’estimer que DSK pourrait être « relaxé de tout soupçon » mais rester terni, c’est d’impliquer encore le Parti socialiste dans son ensemble. On sait que Roselyne Bachelot voudrait faire payer les clients des prostituées, mais elle n’a pas osé, que l’on sache, envoyer des amendes rue de Solférino, siège du PS.
Question note d’ailleurs, la justice américaine risque de s’en voir présenter une, salée. Et le groupe Accor risque aussi d’avoir à réagir vigoureusement.

Après l’affaire de proxénétisme hôtelier du Sofitel de Strasbourg (1974), l’enseigne se retrouve aux prises à une légère suspicion d’embauche(s) un peu rapides. Car Josh Gold, le syndicaliste de l’union hôtelière dément avoir jamais recommandé Nafi Diallo au Sofitel. « Nous ne l’avons absolument pas placée au Sofitel, » a-t-il déclaré au NYP, et elle était parfaitement inconnue du syndicat.

La question est désormais de savoir si l’emploi du temps normal de Nafi Diallo incluait, le jour dit, le nettoyage des chambres et suites du sixième étage.

L’hypothèse d’une « bonne blague » d’un ou de membres du personnel connaissant la réputation de DSK (ou auxquel-s elle aurait été opportunément rappelée avec opportunité) paraît ce qu’elle est : fort hypothétique. La thèse d’un véritable complot reste tout aussi incertaine qu’au premier jour. Mais la justice américaine, qui détenait des éléments incriminants depuis un certain temps et a attendu l’élection de Christine Lagarde au FMI pour les révéler – ce qu’a fort justement souligné Dominique Dutilloy hier sur Come4News – se doit maintenant d’étendre ses investigations.

Seule la justice américaine peut à présent débarrasser Nicolas Sarkozy (ou plutôt on ne sait qui à l’UMP, soit x et possibles consorts) de la supputation qu’une partie de l’opinion reprend à présent en l’exprimant clairement.

Bien sûr, les radios-trottoirs ne donnent pas qu’un son : de même peut-on encore considérer qu’en sa position un DSK soit victime de lui-même en cédant à une sollicitation.
Ce n’est plus un crime, cela reste une faute vénielle. Elle n’est sans doute plus susceptible de lui interdire tout avenir politique si l’on en croit l’homme, et surtout la femme « de la rue ».

De même, l’impair d’aller festoyer – ce qui se conçoit – ailleurs qu’à la cantine des employés du métro, ou de ne pas se vêtir « Au Profit du travailleur » (enseigne belfortaine légendaire mais oubliée), n’est pas tout à fait du même ordre que l’histoire du HLM parisien de Jean-Pierre Chevènement… Non plus du même ordre que le Karachigate ou tant et tant d’autres affaires (qui ont éclaboussé divers partis par le passé, qui collent aux basques de l’UMP, de Balladur, de Sarkozy…).

Contrairement à ce que veulent croire l’UMP et l’Élysée, Martine Aubry, François Hollande ou tout autre ne sont pas si embarrassés par DSK. L’opprobre pourrait changer de camp. Cela s’est vu, non ? Contrairement à la putain de Jean-Paul Sartre (La Putain respectueuse), Lizzie, Nafi n’est peut-être pas si « respectueuse ».

Dominique Strauss-Kahn, le libertin libéré et Nafissatou Diallo, la putain irrespectueuse ? De quoi faire imaginer quelques titres de films. Rien n’est pour l’instant définitivement établi, mais d’autres questions se posent ou se reposent. Notamment celle-ci : était-il dès le départ crédible qu’une musulmane sortie d’un milieu rural pouvait oser porter plainte ? Évidemment, énoncé ainsi, cela prête le flanc à des interprétations que je me garderais d’autant mieux de faire que j’ai cru qu’elle aurait pu avoir subi une agression sexuelle (de quelle sorte ? là, je suis resté réservé… et m’en félicite doublement ; le misdemeanor ne pouvait être écarté, même en cas de relation sexuelle consentie) et que, depuis des années aux États-Unis, elle aurait pu fortement évoluer. Cette dernière version, celle d’une évolution, semble en voie d’être établie.


 

Auteur/autrice : Jef Tombeur

Longtemps "jack of all trades", toujours grand voyageur. Réside principalement à Paris (Xe), fréquemment ailleurs (à présent, en Europe seulement). A pratiqué le journalisme plus de sept lustres (toutes périodicités, tous postes en presse écrite), la traduction (ang.>fr. ; presse, littérature, docs techs), le transport routier (intl. et France), l'enseignement (typo, PAO, journalisme)... Congru en typo, féru d'orthotypographie. Blague favorite : – et on t'a dit que c'était drôle ? Eh bien, on t'aura menti !

13 réflexions sur « DSK : après la Porsche, les truffes… et la p… irrespectueuse »

  1. Or donc, Nafissatou Diallo serait, selon la source du [i]New York Post[/i], une michetonneuse.
    Une michetonneuse est une prostituée occasionnelle, qui ne travaille pas « au bouchon » comme les entraîneuses des bars à « michetons » (clients), mais une prostituée qui fait du racolage quand l’occasion s’en présente.
    Pour boucler les fins de mois difficiles, ou pour d’autres raisons.
    Le Sofitel de New York, du groupe Accor, aurait donc été doublement son lieu de travail, à l’insu de son employeur, on veut bien volontiers le croire.
    Oui, mais qui a donc embauché Nafissatou Diallo ?
    Pour quelles raisons ?
    Plusieurs hypothèses dont la moindre est qu’elle aurait pu accorder quelques faveurs à tel ou tel. Une autre peut troubler l’opinion. Nafi Diallo aurait été « implantée » au Sofitel. C’est ce type de rumeur que la justice américaine se doit désormais de lever (pour la française, quand on sait que des dossiers relatifs au Karachigate disparaissent des archives, faut pas rêver, elle n’est pas vraiment totalement crédible en toute circonstance).

  2. « [i]Took care of guests on the side [/i]» : gâtait les clients en douce, en loucedé.
    Donc, selon le [i]New York Post[/i], DSK aurait eu droit à une petite gâterie rétribuée.
    Cinq minutes, douche comprise, comme on a pu l’écrire de Jacques Chirac.
    Oui, mais, dans un groupe comme Accor, les horaires des employées sont fort surveillés.
    Nafissatou Diallo, en trois ans, ne se serait jamais attardée dans une chambre en compagnie d’un client plus lent à la détente ?
    Il est extrêmement surprenant que les enquêteurs américains, supervisés par un récipiendaire de la Légion d’honneur, donc particulièrement attentifs à une affaire de cette ampleur, n’aient pas plus ou moins dégonflé le dossier avant l’élection de Christine Lagarde au Fonds monétaire international (comme le souligne Dominique Dutilloy sur [i]Come4News[/i]).
    L’article du [i]New York Post[/i] indique aussi que Nafissatou Diallo était en cheville avec des compatriotes qui auraient plus ou moins rançonnés d’autres immigrants.
    Agissait-elle seule ? Était-elle « tenue » ?
    Il va se produire quelques mouvements parmi les forces de police à New York.
    Si jamais Cyrus Vance Jr balançait que ses services auraient pu être désinformés, c’est une affaire d’État qui ne pourra longtemps laisser Barrack Obama silencieux.
    Cela peut avoir des implications sur la perception du rôle de Sarkozy pour la Libye. Je sais, je sais, faut pas trop pousser le bouchon : il vous revient parfois sur le nez.
    N’empêche…
    Si la future Lybie tourne au paradis fiscal, qu’en déduirait-on ?

  3. [i]Dominique Strauss-Kahn’s accuser wasn’t just a girl working at a hotel — she was a working girl[/i]
    Traduisez une « travailleuse » ; au sens de prostituée. C’est le contexte.
    Pas seulement une jeune femme travaillant dans un hôtel, mais une « travailleuse ».

  4. Aux États-Unis, Lizzie, une prostituée, est embarquée malgré elle dans une histoire la mettant aux prises avec sa conscience.
    C’est la pièce de Jean-Paul Sartre, [i]La putain respectueuse[/i].
    Ou la P… respectueuse (car les affiches risquaient encore la censure).
    En tout cas, les scénaristes préparant des films sur l’affaire vont avoir du boulot.

  5. Tiens, Questions critiques a traduit l’article « La femme de chambre était une “prostituée” » (avec un « pute » que seules les travailleuses sexuelles radicales trouveront peut-être adéquat, mais, vous savez, la traduction… délicat métier).
    [url]http://questionscritiques.free.fr/DSK/DSK_Dominique_Strauss-Kahn_femme_de_chambre_prostituee_00711.htm[/url]

    D’ailleurs, Rue89 a repris aussi les infos du New York Post en précisant que la source était proche de la défense.
    Mis à jour le 02/07/2011 à 18h30. Comme l’a signalé notre riverain Puma Curieux, le New York Post évoque une source « proche de l’enquête de la défense », pas « proche de l’enquête » tout court. Nous avons donc complété le paragraphe qui présentait cette source ainsi que le dernier paragraphe de l’article.

    Je ne veux pas croire que les enquêteurs « proches de la défense » n’aient pas eu des contacts avec ceux « proches de l’accusation ». Et que cela soit resté étanche. Je trouve quand même bizarre qu’on mette tant de temps pour obtenir la traduction d’une conversation en peul (entre Nafissatou Diallo et un détenu) : le simple fait qu’elle communique avec un détenu au lendemain de sa déposition aurait dû mettre les policiers en éveil.

  6. Pour mémoire, de Maureen Dowd, du [i]New York Times[/i] : « [i]Elle le voulait, elle ne demandait que ça. Voilà ce que cherchait une jeune veuve, qui s’épuise à des tâches subalternes pour nourrir sa fille: un vieux satyre en rut qui sort nu de la salle de bains et l’embarque comme un homme des cavernes.[/i] ».
    Bon, c’est le « vieux » qui ne me semble pas trop politiquement correct… 😉
    Aussi, peut-être, ce savoir sur les femmes des cavernes : elle y était ?

  7. Je ne parle pas tout seul, lapoire : j’actualise.
    Or, le [i]New York Post [/i]en remet une couche ce matin dominical :
    « [i]Sources now tell [/i]The Post [i]that when the two were finished, the woman demanded cash from Strauss-Kahn — but he refused to pay.[/i]
    « There was an expectation of money after the fact, but he was dismissive, » [i]the source said.
    And not gently, the source said — DSK brushed off the maid’s request as he turned his back and got dressed.[/i] »
    Read more: http://www.nypost.com/p/news/local/manhattan/hotel_maid_got_stiffed_by_dom_4sML8y67I7vcfXEBbTo2UM#ixzz1R2qwHVrh

    Le patron du FMI mauvais payeur ? Nan !
    Selon les fameuses sources, ce serait bien un collègue du Sofitel qui aurait indiqué à Nafissatou Diallo que le client de la 2806 était plein aux as. Qui est-ce ? Un Français ?
    Que lui dit-il exactement sur DSK ? Les fameuses sources n’en disent rien et on peut douter de leur exactitude dans la relations des faits qui à présent « établiraient » (hum… pas sûr) que Nafi Diallo serait restée neuf minutes dans la chambre à réclamer le prix de son service.
    DSK se serait ensuite débarrassée de l’importune tout aussi à la hussarde que lors du rapport sexuel consenti ; sans lui accorder un « petit cadeau ».

    Mais on peut à présent aussi douter qu’une jeune femme plutôt athlétique (et large d’épaules car manier seule les énormes matelas du Sofitel s’apparente à du sport haltérophilique) se laisse ainsi malmener. Donc elle se serait elle-même mise en condition d’apparaître avoir été violée (peut, éventuellement, désormais soutenir la défense).

    Pour une partie de la presse américaine, ce n’est plus qu’une affaire de parole contre parole mais aussi de sordide contre sordide (le « perv » revient, et Miss Manners désapprouve sa conduite envers une « whore » ; les relations avec la domesticité ne sont pas hors du champ du savoir-vivre). DSK et Anne Sinclair se sont rendus au Musée d’art moderne (MOMA), espérons qu’ils n’ont pas cherché à gratter des places dans la queue au guichet, cela serait du plus mauvais effet…

  8. La contribution la plus tartignolle à mes yeux restera (sans doute pas longtemps, car des écrits qui partent en tous sens, avec cette affaire, cela ne manque pas…) celle d’Ilana Angel sur un blogue-notes du site [i]The Jewish Journal [/i](jewishjournal.com).
    « [i]Let’s use these six men for our experiment:
    Eliot Spitzer – Jewish
    Anthony Weiner – Jewish
    Dominique Strauss-Kahn – Jewish
    John Edwards – Gentile
    Mark Sanford – Gentile
    Arnold Schwarzenegger – Gentile [/i]»
    Trois partout : trois Juifs, trois Gentils (chrétiens).
    Et Miss Angel de soupeser, supputer, comparer les turpitudes et vertus des uns et des autres.
    Conclusion : « [i]Jew or Gentile, dog or deviant, at the end of the day, these men need to try keeping the faith.[/i] ». La foi sauvera !
    Il n’y en a pas un pour sauver l’autre, en quelque sorte, même si le [i]modus operandi [/i]diffère.
    [i]Mensh[/i] alors !
    Il fallait y penser.
    Il doit certainement y avoir des prêches et des sermons dans les temples ou églises sur plus ou moins le même sujet. Au moins cela nous change des considérations sur les mérites et défauts comparés de la France et des U.S. of A. (des bouffeurs de fromage trouillards contre les défenseurs des vertus All American). Clichés contre [i]conventional wisdom[/i].
    Les exhortations dans les mosquées ou les temples et églises d’Afrique doivent sans doute aussi réserver des surprises. Ah, quelle histoire de cultes !

  9. Là, il est question d’officines :

    [url]http://lci.tf1.fr/monde/amerique/affaire-dsk-des-elus-ps-soupconnent-des-complicites-francaises-6561649.html[/url]

  10. « HO-MY-POOR-NEGRESS-YOU-LIFE-IS-BULLSHIT-pour les richmam’s… les menbres du f.m.i sont des hommes puissants…adoube de la symboliQUE politiques;le viol toutes les femmes sont victimes chaques jours dans la vie quotidiennes,domestiques,conjugals,nous sommes en pleins pouvoir patriacals les mals dominants sont partout…ta parole na pas de valeur,il y a cinq cent ans de cela;la traites-négrieres les violeurs etaient nos maitres…ils le sont toujours???

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