Les lieux surprennent : deux petites salles, une « pièce à vivre », une cuisine « américaine », et une petite cour d’immeuble aménagée en tonnelle où, à l’occasion, des sculptures se succèdent. C’est à la fois le lieu de vie de Dorothy Polley, et Dorothy’s Gallery, « la galerie américaine de Paris », en fait l’un des salons les plus internationaux de la vie artistique parisienne… Benjamin Franklin s’y serait senti à ses aises, et l’ancien imprimeur dispenserait sans doute des conseils avisés sur l’épreuvage numérique ou disserterait avec un Malraux venu fait part de ses récents étonnements exotiques… Sa postérité y prospère…
Reliant les rues de Charonne et de la Roquette,
« J’avais tout à apprendre de ce métier et j’ai commencé par m’associer avec
Dès cette première année, Dorothy s’intéresse au procédé de certification d’épreuves numériques d’Epson,
« L’idée n’est pas du tout de créer un lieu du rayonnement de la création américaine à Paris. En fait, si des Français pensent que j’anime LA galerie américaine de Paris, c’est dû à la campagne présidentielle d’Obama en 2008. Je voulais m’impliquer et j’ai fait appel à des artistes français, américains et autres, chinois, japonais, ou un Grec, de toutes nationalités, pour confier des œuvres ou en créer sur le thème. Ils ont été 36 à répondre, et nous avons fait beaucoup de soirées avec des chanteuses de gospel, de blues, des rencontres, des causeries, et puis Zachary Miller, l’animateur de la campagne d’Obama pour la France, et un étudiant français, Samuel Solvit, qui a monté une association de Français pour Obama, ont relayé la démarche. À l’été 2009, en partenariat avec le Jardin d’acclimatation, j’ai pu monter une grande exposition, Discover America. L’idée de créer des œuvres originales sur un thème a été reprise pour une autre exposition centrée sur le personnage de Michaël Jackson mais aussi, plus récemment, autour du thème des femmes afghanes. 0n pourrait le refaire pour des expositions sur Cuba ou des pays très peu concernés par la diplomatie américaine. Mes propres goûts artistiques me guident, les rencontres avec les artistes de tous horizons priment. J’aimerais concilier art et action humanitaire, mais à ma propre manière, discrète, et non prosélyte : l’art et la culture unissent, et le monde est un, l’Amérique du Nord en étant une composante, one world, America being not apart… ».
La galerie est plus ou moins partagée en trois espaces, les deux premières salles, soit l’ancienne boutique sur rue et son arrière-salle accueillant des expositions temporaires – de plus de cent artistes jusqu’à présent –, le salon présentant durablement les créations photographiques, picturales ou plastiques d’une trentaine d’artistes récurrents ou représentés en permanence.
Pour cette exposition sur les femmes afghanes, les photos, œuvres de photographes afghanes ou autres, font partie d’un ensemble, Voices on the Rise : Afghan Women making the News, qui a déjà été exposé dans diverses universités nord-américaines ou à l’Alliance française de Toronto. Elles ne sont donc pas à vendre puisque leur étape parisienne ne sera pas
C’est fort réciproque. Ainsi, Catherine Ursin, plasticienne exigeante, dont les œuvres métalliques sont souvent troublantes et bien peu dans une veine décorative « passe-partout », se félicite d’avoir établi une relation durable. « J’avais envoyé par mail, en décembre 2006, des photos de mon travail de découpe de fer à Dorothy et sa réponse a été laconique : “yes, a great discovery; I will telephone you next week”. Aussi simple que ça…. Notre collaboration a commencé en 2007 et se poursuit. Ce que j’aime chez Dorothy : sa franchise, son énergie et son chien Kennedy… Les assistantes de Dorothy sont trop top… par leur patience, leur douceur et leur bonne humeur… que ce soit Sophie Gaucher, qui était présente au début, ou Catherine Meyer, qui est restée deux ans… Que du bonheur… En fait en parlant de la galerie, c’est le côté humain qui m’interpelle… ». Cyril Anguélidis, qui a opté très tôt pour la digigraphie, a été aussi l’un des pionniers français des arts numériques. Il est beaucoup plus direct. « Pour résumer, c’est une galerie vraiment ouverte à tout artiste ayant un minimum de talent ! Dorothy est une femme qui se bat et qui a de bonnes idées ; la ligne directrice n’est pas strictement définie et certains artistes doivent trouver difficile de se positionner. Les relations sont parfois un peu “space” mais cela a son charme… ».
« Je préfère exposer des artistes très différents, qui couvrent divers aspects des tendances du moment ou illustrent des courants plus pérennes, » admet Dorothy Polley qui apprécie qu’ils échangent et se rencontrent, se confrontent. La galerie de Dorothy peut rassembler, lors d’une même exposition, une très jeune artiste coréenne venue se perfectionner aux Beaux-Arts de Paris, et un Zwy Milshtein, habitué aux rétrospectives des musées d’art internationaux, qui n’a certes plus besoin d’un « tremplin » parisien depuis des décennies. Les « super-héros » d’Isabelle Turover, qui se réclame de la figuration narrative, y sont certes en phase avec les images lenticulaires à base de fractales rétro-éclairées de Raymond Quai, ou les mobiles de Sébastien Kito, mais leur univers est à mille lieues des intérieurs ou des paysages sereins de Trish Nickell ou des instantanés du photographe naturaliste Attila Bakti. La devanture de la galerie est déjà classée monument historique mais, à l’instar de
Le site de la galerie de Dorothy Polley.
Pour s’y rendre : métros Bastille ou Ledru-Rollin
Super article !