Patrick Sinkewitz se retrouve dans une situation bien inconfortable. Le cycliste allemand risque de se diriger vers la prison. Les enquêteurs, exaspérés par la ligne de conduite du coureur, envisagent de le placer en garde à vue dés ce lundi, sous le chef d'inculpation "de faux témoignages".
La loi du silence, pour ne pas devenir le pestiféré, ce qui lui vaudrait bien des rancunes au sein du peloton. La délation ou la prison, la carrière de Sinkewitz semble bien compromise…
La police allemande dispose d'informations, dixit der Spiegel, et met la pression sur Patrick Sinkewitz, dans le but d'obtenir le nom de ses coéquipiers ayant eu recours à des produits dopants, au sein de la défunte équipe T-Mobile. La pratique est insidieuse, laissant Sinkewitz, dans l'optique d'un choix, qui de toutes les manières, risque bien de compromettre la poursuite de sa carrière sportive.
Un rappel des faits. Le coureur allemand s'est fait prendre par la patrouillle, lors d'un stage d'avant Tour de France 2007. Controlé positif à la testotérone, Sinkewitz avait alors demandé une contre-expertise avant finalement de s'écrouler et de passer aux aveux, ce qui lui a valu une année de suspension. Le cycliste pensait en avoir fini avec la justice, sa suspension arrivant à terme et l'optique de rejoindre le peloton, en toile de fond. Il n'en est rien.
T-Mobile, véritable laboratoire ambulant, le dopage organisé dans le moindre de ses détails. La cible des enqu^teurs étant les médecins, ayant littéralement procuré un suivi de dopage, au sein de cette équipe. Bien évidemment, la star déchu du peloton, Jan Ullrich, est l'une des cibles des enquêteurs. L'ancien coureur allemand, malgré de fortes présomptions, n'a jamais voulu reconnaitre un recours aux produits dopants.
Quel dilemne pour Patrick Sinkewitz. Il dénonce ses anciens coéquipiers, ce qui lui vaudra l'animosité du peloton et peu de chance de se voir enroler dans une nouvelle équipe. Ou alors il continue la politique du silence, ce qui risque de l'envoyer derrière les barreaux, hypothéquant également la suite de sa carrière.
Je comprend la lassitude des enquêteurs, mais la méthode me semble surfaite. On ne peut appliquer de telles pressions et ensuite vouloir parler de justice. Patrick Sinkewitz s'est délibérement dopé, il reconnait ses erreurs, et ne voulant pas pratiquer la délation, il se veut conserver une certaine dignité, tout à fait légitime.
L'Allemagne est encore secouée par ces affaires de dopage. Les aveux d'Erik Zabel sont encore dans toutes les mémoires. T-Mobile a disparu, la maison mère Deustch-Telekom s'étant désengagé du cyclisme, qui au fil des années, attire de moins en moins de sponsors, tétanisés par cette spirale d'affaires sans fins.
Le cyclisme aura bien du mal a retrouver ses lettres de noblesses, à chaque nouvel exploit dans les courses à venir, le spectre du dopage hantera les lignes d'arrivées, les podiums. La politique du dopage organisé va-t-elle parvenir a mettre le cyclisme hors-jeu ?