Au Québec, le système de santé devra subir de nombreux changements au cours des prochaines années. Après la deuxième guerre mondiale, une augmentation fulgurante du taux de natalité a créé un phénomène que l’on appelle aujourd’hui « baby boom ». Le nombre de personnes âgées augmentera considérablement d’ici les 20 prochaines années en raison de ce pic de natalité qui a commencé au début des années 1950. Plusieurs moyens sont déjà mis de l’avant pour désengorger les hôpitaux du Québec. Prochainement, la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) déposera une demande voulant que le gouvernement leur accorde le droit de vendre les médicaments qu’ils auront prescrits. Suite à cette déclaration, il est important de se poser la réflexion suivante : donner cette responsabilité aux médecins permettra-t-il d’améliorer l’efficacité du système de santé québécois ? La réponse semble évidente. 


Il est impossible de réfléchir à cette question sans penser qu’il peut y avoir un conflit d’intérêt avec l’accomplissement des tâches d’un médecin. Il est évident que le jugement professionnel pourrait éventuellement être influencé par des intérêts personnels, l’assurant d’en retirer un profit garanti. Ces professionnels sont déjà exposés à des représentants pharmaceutiques qui tentent de promouvoir leurs produits. Il sera d’autant plus difficile d’être impartial lorsque les profits d’un médicament seront directement liés au salaire du professionnel. Devrions-nous commencer à avoir la même optique de pensée lorsque nous allons acheter une voiture ou soigner une maladie, c’est-à-dire avoir affaire à quelqu’un qui a intérêt à vendre?

 

Il est important de se mettre dans le contexte actuel. La plus grosse problématique des systèmes de santé est certainement les engorgements importants dans les hôpitaux ! Donner plus de responsabilités aux médecins ne peut qu’empirer la situation actuelle. En plus de faire un bon diagnostic, s’ajouteraient, aux fonctions du médecin, les explications des conditions d’utilisation du médicament en question. Les pharmaciens ont la responsabilité de vérifier l’ordonnance du médecin. Avec cette nouvelle manière de procéder, les prescriptions ne pourraient plus être revérifiées par des gens spécialisés, ce qui augmenterait certainement le taux d’erreur de façon importante.

 

En comprenant bien l’enjeu de cette proposition, il est complètement illogique d’accorder un tel pouvoir aux médecins. Une des raisons de vouloir déposer de telles propositions est certainement de montrer un désaccord avec la loi 41. Cette loi implique l’élargissement de la profession de pharmacien. Ces derniers pourront, entre autres, prolonger et modifier l’ordonnance d’un médicament. La prescription de certains types de médicaments leur sera également accordée. Évidemment, ces nouvelles fonctions proviennent directement de celles des médecins. Ces derniers craignent une certaine perte de leurs fonctions et également un conflit d’intérêt des pharmaciens à l’égard du profit tiré par les médicaments vendus. Cette proposition des médecins serait donc seulement une sorte de provocation permettant  de montrer indirectement leur opposition par rapport à cette nouvelle loi.

 

Il est important de se rappeler que l’utilité de modifier ces professions est d’obtenir un système de santé plus efficace. Cette proposition ne va donc aucunement dans le même sens que ce que doit prôner le gouvernement pour l’amélioration des services de santé. Ce n’est pas aux pharmaciens à déléguer des tâches aux médecins, le contraire serait certainement plus logique. Après tout, avez-vous déjà attendu 12 heures dans une pharmacie afin d’avoir les services que vous recherchiez ?