Alors que l’ex-directeur du FBI, limogé par Donald Trump, sera entendu par le Sénat des É.-U., le Wall Street Journal révèle le financement russe de la Trump Tower de Toronto.
Mauvaises nouvelles pour Donald Trump. James Comey, l’ex-directeur du FBI ne sera pas seulement entendu par le procureur spécial récemment nommé pour traiter du Russiangate et de ses à-côtés (« les éléments liés« ), mais aussi en audition publique du Sénat. Ce sera fin mai. Alors que le procureur spécial ne doit rendre compte de son enquête qu’au seul procureur général (l’équivalent du ministre de la Justice), et donc à la Maison blanche – qui peut aussi révoquer Robert S. Mueller, ce procureur « indépendant » – les propos de J. Comey devant le Sénat seront relatés dans la presse. L’ex-directeur du FBI devra confirmer ou infirmer que Donald Trump l’a incité à enterrer une enquête, en liaison avec le Russiangate, visant Michael T. Flynn, ex-responsable de la sécurité de « The Donald ». Ce qui pourrait être considéré comme une entrave à l’exercice de la justice (obstruction). Et voilà que le Wall Street Journal révèle que VEB, une banque de l’État russe, avait concédé une ligne de crédit à Alexander Shnaider, dont la société a érigé les 65 niveaux de la Trump International Hotel and Tower de Toronto (Can.). Et que la décision avait été prise avec l’accord de Vladimir Poutine qui a contresigné l’autorisation de crédit. Jusqu’à présent, il était admis que la Raiffensen autrichienne (RZB) était le principal financier. Des conseils de Donald Trump et d’Alexander Shnaider ont nié que le président des États-Unis détenait des parts de l’établissement, mais l’hôtel est géré par la Trump Organization. Selon les sites Palmer Report et Business Insider, Jared Kushner, gendre de Donald Trump et conseiller spécial à la Maison blanche, était ou reste aussi en contact, sinon en affaires avec VEB. De plus, un agent secret russe avait pour couverture un emploi à l’agence de la VEB à New York. Jared Kushner, époux d’Ivanka Trump, a rencontré le Pdg de la Vnesheconombank (VEB) en décembre 2016, alors qu’il projetait d’acquérir un immeuble de bureaux à Manhattan.
Volte-face
Tout au long de sa campagne, Donald Trump n’avait dit que du bien de la Russie et affirmé pouvoir entretenir des liens d’amitié avec Vladimir Poutine. Mais en janvier 2017, alors que filtrait dans la presse le rapport d’un ex-agent des services britanniques, détaillant, à la mi-janvier 2017, en 35 pages, les séjours de Donald Trump en Russie et ses présumés contacts, le « candidat élu » (Donald Trump ne fut investi que le 20 janvier), minimisait la qualité de ses relations avec la Russie et son président. Certains de ses appuis, dont Paul Manafort, ou Roger Stone, actifs lors de la campagne électorale, sont toujours suspectés de lui avoir servi d’intermédiaires. À présent, la Maison blanche envisage de rémunérer un cabinet d’avocats chargé d’assister le président en tout ce qui se rapporte au Russiangate. Le Washington Post a dévoilé que l’enquête du FBI se focalise à présent sur un conseiller de la Maison blanche qui aurait servi de truchement entre l’équipe de campagne de l’ex-candidat et la Russie. Le L.-A. Times désigne ce conseiller comme un témoin d’importance. Deux comités de la Chambre des représentants, et deux du Sénat, mènent aussi des enquêtes. L’ancien directeur de la CIA, John Brennan, sera entendu mardi par des représentants (députés). Par ailleurs, les services étasuniens ont obtenu la certitude, grâce à des écoutes, que le général en retraite Michael Flynn avait noué des constants avec la Russie en 2016, notamment avec l’ambassadeur russe Serguey Kislyak, qu’il avait rencontré une première fois, en Russie, en juin 2013. Il était aussi rémunéré par la Turquie pour défendre ses intérêts alors que ce pays tolérait Daesh (voire l’approvisionnait). Ces investigations diverses semblent prendre la Maison blanche au dépourvu. La présidence avait utilisé à fond le système des dépouilles, mettant fin aux contrats des administrateurs et conseillers de Barrack Obama. Mais elle peine à pourvoir des centaines de postes laissés vacants (plus de 500 sur 557 de haut niveau). Cela touche toute la fonction publique des ministères. Jane D. Hartley, ambassadrice pour la France et Monaco, n’a pas été remplacée depuis le 19 janvier dernier. Il en est de même de très nombreux plénipotentiaires et diplomates de par le monde. Même si la perspective d’une destitution est aussi hasardeuse que lointaine, cela peut dissuader des candidatures. Mais surtout, l’administration Trump, composée surtout de proches (ou de milliardaires), aux abois, tentant de colmater des fuites constantes, semble mal disposée à recruter des éléments en lesquels le président n’aurait pas une totale confiance. À Washington, Donald Trump semble enfermé dans un bunker, entouré d’affidés, dont certains paraissent incompétents. Et d’autres susceptibles de laisser filtrer des informations gênantes.