Quel soulagement que la fin de cette tonitruante campagne mettant en scène un piètre duel entre deux candidats, blanc bonnet et bonnet blanc ! Après nous avoir fait endurer le monsieur Donald Trump vociférant pour un oui pour un non, fourrant son nez partout dans la vie privée de Rosie o Donnell, dans le petit coin d’Hillary et bien ailleurs, il y a de quoi être rassurés en apprenant le bon déroulement des entretiens post élection notamment avec les présidents Hollande, Obama. Sans doute ces derniers ont-ils échappé belle au langage de charretier de cet extravagant milliardaire au sang si chaud.

Celui qui convulsant, les yeux rouge sang, a chanté sur tous les tons les mérites du « règne du peuple » par opposition à celui des « intérêts », semble désormais moins survolté. Comme exorcisé, le Janus fraîchement élu nous montre sa deuxième face. Et le voilà venir avec ses gros sabots inscrivant le début de son règne sous le signe du… bénévolat doublé de celui du népotisme . Comme par hasard nombreuses de ses mesures phares de campagne au pouvoir galvanisant devraient sinon passer à la trappe du moins être édulcorées.

C’est tout en nuances qu’il s’exprime désormais sur ladite obamacare, sur le sort de certains clandestins non « criminels », sur la construction du « mur -clôtures » non finançable par les Mexicains. Le coeur soudain sur la main, il ne cache plus son affliction devant la stigmatisation grandissante de minorités par certains de ses fans qu’il a scrupuleusement chauffés à blanc.Théâtral jusqu’au bout des ongles, il a suffi que le riche peroxydé endosse presque le costume de président pour qu’en un claquement de doigts, il se réconcilie avec le fameux « establishment ».

Si le temps de la campagne, sa langue de roublard eût été un peu moins politiquement incorrecte sans doute n’aurait-il pas pu leurrer son monde en se faisant passer pour Celui capable de multiplier le pain et tout le reste. Hillary n’en aurait fait qu’une bouchée, pour autant ce n’est pas ce qui aurait changé la face de l’Amérique ! Et tous les speeches que s’est ingénié à nous inventer Mr » yes we can », Mr « don’t boo vote », auraient au moins servi à quelque chose…

Maintenant que la candidate malheureuse n’a plus que ses yeux pour pleurer dans les bois en faisant porter au seul FBI la responsabilité de son échec l’électeur lui, peut craindre le pire. Il ose toutefois espérer que son élu restera fidèle au moins à quelques unes de ses promesses comme celle de « dédaechiser » proprement ce que ses illustres prédécesseurs ont daechisé à la sueur de leur front ; ou encore celle de revoir à la baisse cette propension locale aux guerres à outrance pour mieux se concentrer sur les affaires internes.

En France où bat son plein une campagne d’un niveau largement supérieur, certains responsables politiques qui n’ont pas attendu Trump pour verser dans les excès avec la scatologie en moins doivent désormais rivaliser avec des convertis de dernière minutes à la recette miracle. A cette course à la surenchère, même le dernier des derniers dans les sondages se sent pousser des ailes. Sauf qu’en fendant l’armure, Donald Trump démontre progressivement l’ampleur de son arnaque, de quoi refroidir un potentiel électorat. D’ailleurs il est bien difficile d’imaginer un personnage de la trempe de Trump propulsé à l’Elysée par une population qui elle peut s’enorgueillir de son Histoire et pour cause : « Vingt siècles sont là pour attester qu’on a toujours raison d’avoir foi en la France »…