Djihad du sexe et remariage des prêtres, kif-kif-itou-itou

Brillante, cultivée, cette pré-trentenaire est croyante. Son épiphanie remonte à une petite dizaine d’années : la foi s’est imposée à elle. Pourquoi pas ? Prête au jihad du sexe ou à convoler avec un prêtre catholique romain divorcé ? La question ne lui sera pas posée. Et pourtant… 

Il s’agit d’un esprit aussi documenté, éclairé, que brillant et talentueux. Elle approche de la trentaine, se conçoit croyante, étant passée de Nietzsche à la consultation des évangiles, à la suite d’une révélation intime. Elle aurait fort bien pu opter pour l’islam fort peu rigoureux et sectaire de sa mère, elle a, en raison d’une proximité géographique et d’une ascendance paternelle, choisi l’orthodoxie, version autocéphale roumaine. Mais pourquoi donc avoir choisi et se départir d’une spiritualité agnostique proche du théisme ? Ou n’avoir pas rejoint l’un des protestantismes pratiqués en Suisse, son pays de culture et d’adhésion ?

Surtout, pourquoi conforter une confession, ou plutôt une obédience, dont certains membres éminents ont des comportements douteux, qui multiplie les appels aux dons plus ou moins forcés, quadrille la Roumanie (bientôt un prêtre pour 450 habitants subsistants, soit désormais plus de retraités que d’actifs) ? Une obédience qui forme des prêtres à tout-va, fait ériger des églises en sollicitant les contribuables et les donateurs, car il faut bien les caser dans des paroisses de moins en moins lucratives du fait de la concurrence, de la raréfaction des fidèles selon le ratio nombre/paroisse ? Un organisme qui réimpose les bénédictions payantes de tout (toutous y compris) et n’importe quoi (lieu de vie, véhicule, châteaux d’eau, &c.).

Se joindre au rituel est peut-être une façon de se conforter dans sa conviction. Pourquoi pas ? De même, des musulmanes peuvent choisir très librement le port du niqab, sans la moindre pression de l’entourage. Ce n’est qu’une façon parmi tant d’autres de mieux rendre hommage à un dieu présumé créateur… Quelle différence ?

Et dans ce cas, pourquoi ne pas aller plus loin : djihad al-nikah ou bientôt, peut-être, épouser un prêtre catholique romain venant de divorcer ?

Pieuse prostitution

Les Kadhafi mâles étaient peut-être des prédateurs sexuels mais le coup des viols massifs ordonnés à leurs partisans ressortait davantage de la propagande des « révolutionnaires » que d’autre chose. Ce qui n’empêche que toute guerre, civile ou autre, s’accompagne d’un cortège de pillages et de viols, de part et d’autres (et même les populations alliées subissent, comme ce fut le cas des Françaises et Français après le débarquement allié en Normandie).

Que penser des affirmations de Lofti ben Jeddou, ministre tunisien de l’Intérieur, à propos du djihad « du sexe » en Syrie ? D’une part, cela conforte le régime syrien, d’autre part, cela démontre que le régime tunisien, islamiste mais « modéré », ne tolère plus les islamistes qualifiés d’immodérés. Et puis, surtout, surtout, cela permet de préserver l’essentiel : la main mise du sunnisme makélite maghrébin sur les esprits, lequel s’effrayait d’une concurrence plus prosélyte et un temps mieux introduite dans les allées du pouvoir.

Noircir au maximum le tableau de la concurrence permet de creuser la différence et de faire valoir ô combien on est acceptable, légitime. Par conséquent, il faut que la « guerre sainte du sexe » (djihad al-nikah ou jihad a’nikâh) se traduise, en Syrie, par de l’abattage (une centaine de passes par jour et par Tunisienne), et ensuite des massacres. Devenues encombrantes, ou enceintes, les pratiquantes sont passées par les armes : places aux suivantes, au plus fraîches. On les « nique » deux fois, pour ainsi dire. Celles qui en réchappent et reviennent au pays enceintes d’un·e bâtard·e, issu·e des œuvres d’un inconnu, posent problèmes, paraît-il. Il en était de même dans la chrétienté, jusqu’à ce qu’elle se montre conciliante. En fait, c’est plutôt islam et chrétienté qui posent ou posaient problème à ces filles-mères.

Cheikh Mohammed al-Arifi, un Saoudien, aurait donné son aval aux viols des Syriennes et à la prostitution des militantes venues de tout le monde islamique. Selon le site Al Nakheel, après période de péremption, violées et volontaires sont tout bonnement passées par les armes. Après tout, le repos du guerrier ne peut se prolonger indéfiniment, et si l’intendance vient à encombrer, autant se délester. De plus, toujours selon Al Nakheel, al-Arifi aurait justifié les exécutions en répliquant : « ne vous inquiétez pas, on va nous ramener d’autres femmes meilleures qu’elles et elles viendront du Danemark et d’Espagne cette fois. ». Le Hezbollah, allié du régime syrien, répercute et amplifie : les maisons closes halal seraient partout. Les combattants étrangers embarquent épouses et sœurs et les prostituent (ou leurs frères d’armes s’en chargent s’ils sont tués au combat).
Notons que, depuis que le très musulman ministre de l’Intérieur tunisien a dénoncé ses propos, le cheikh et son entourage ont vigoureusement démenti qu’une telle fatwa ait pu être émise. Peut-être, mais il s’est bien trouvé des recruteuses pour en faire état…

Bien évidemment, comme partout dans l’oumma, il faut soigneusement codifier la sexualité. Par conséquent, les femelles destinées à l’abattage doivent avoir 14 ans révolues, être veuves, ou répudiées. Pas question qu’une femme mariée (ou promise au mariage) ressente la moindre vocation de ce type. Fins politiques, les imams savent se concilier la majorité des fidèles (surtout mâles, mais pas que…). Cela étant, il serait permis de répudier sa femme, puis de l’embarquer en Syrie, pour la partager eucharistiquement avec ses compagnons de combat.

Mais ce qui rassemble musulmanes, musulmans, islamistes, djihadistes, &c., c’est l’adhésion, au moins de façade, à une « morale » sexuelle. Le reste est finalement accessoire. On l’accommodera selon les besoins et nécessités du moment, l’essentiel étant que l’institution, soit ses représentants, conservent leurs pouvoirs (voire prébendes, et en Tunisie, les imams ont des revendications salariales). En la matière – en l’espèce serait davantage idoine – les imams et oulémas, ayatollahs mahométans se distinguent très peu des prêtres et ministres des multiples autres cultes.

Morale réversible

L’essentiel est de faire perdurer l’institution. Pour l’église catholique romaine, il s’agit de redresser le niveau de recrutement, et d’enrayer l’hémorragie. Si un évêque africain (ou autre) vivant avec diverses épouses, concubines, favorites, se voit trop frontalement critiqué, il fonde une obédience dissidente. Si un prêtre vit ouvertement de manière maritale en Europe, même si les fidèles s’en moquent, il est sanctionné, et abandonne son ministère.

De plus, les vœux de chasteté et de célibat contrecarrent des vocations. Par conséquent, pour la survie de l’institution, si cela fonctionnait, on s’orientera vers l’autorisation du mariage pour tous, y compris pour les prêtres, et même du remariage…
Si, au contraire, cela ne fonctionnait pas, voire se vérifiait contreproductif, rien ne changera ou la marche arrière sera enclenchée. En effet, de jeunes séminaristes, épris d’absolu dans leur sacerdoce, pourraient rejoindre une branche dissidente si les vœux de chasteté et célibat étaient par trop ébranlés, ou relégués à un statut totalement facultatif.
C’est un peu comme le port du niqab. Dans un premier temps, on se sent plus musulmane, dans un second, ce sont les autres musulmanes, celles qui s’en tiennent au foulard, qui le deviennent moins.

Selon les époques, les congrégations (les églises au sens premier, soit le rassemblement des fidèles) sont plus ou moins laxistes, plus ou moins rigoristes. Si les prêtres sentent bien le vent, ils feignent d’organiser, voire précèdent, ou cèdent. Il en est de même à présent du Vatican.

D’aucun·e·s trouveront abusif, outrancier, ce rapprochement entre les évolutions vaticanes et celles agitant l’islam. Certes car, d’une part, si une vingtaine, une quarantaine de Tunisiennes se retrouveraient prostituées volontaires en Syrie, cela ne signifie pas que toutes les musulmanes aient troqué leur libre arbitre contre des mots d’ordres. On notera toutefois que ces volontaires étaient majoritairement recrutées par des femmes plus âgées selon les rares témoignages recueillis. Mais il est évident qu’un même texte permet toutes sortes d’interprétations : en quoi les unes, les autres, sont-elles ou ils plus ou moins musulmans que d’autres ? Il est notoire aussi d’autre part que les déclarations vaticanes sont peu envisageables dans la communauté musulmane, sauf très marginalement (et de manière confinée à des cercles se manifestant peu publiquement).

Qu’on tente de se remémorer les rigoureuses condamnations de l’épiscopat, maintes fois réitérées, maintes fois fortement clamées, des BMC (bordels militaires en campagne ou contrôlés) réservés à la troupe et aux gradés. Celui de Fréjus, pourtant à l’arrière, était célèbre. Le dernier en date dans l’armée française, clandestin, aurait été monté brièvement à Mostar, en Bosnie. Sauf qu’on a beau chercher, on ne retrouve plus guère trace des protestations de l’aumônerie militaire.

Comme le remémorait pour L’Alsace Bernard Birger, prêtre catholique, qui sortait du séminaire lorsqu’il fut incorporé au 16e Dragons d’Haguenau et affecté en Algérie, il tenait l’orgue le dimanche puis était chargé de mener ses camarades au BMC : « c’était d’une tristesse affligeante ». Certes, mais il faut faire avec les réalités.

La différence semble ténue, non ?

Il ne s’agit pas de polémiquer avec qui, sincèrement, éprouve la conviction que l’on nomme foi ou croyance en une entité supérieure. Et qui n’épouse pas forcément les directives de l’église dont cette personne s’estime proche.
Simplement, il n’est pas inutile de faire prendre conscience que les religions et cultes divers ont des attitudes similaires, notamment liées à la perception et conception de la sexualité. La plupart prônent la vengeance à l’endroit de la plupart des détenu·e·s en leur déniant toute possibilité de relations sexuelles (du moins, non clandestines). Mais quand il s’agit du confort des combattants de son bord, quand la prêtrise ne fait plus recette, tous les accommodements sont possibles, voire préconisés. 

En fait, entre un pape François et un cheikh al-Arifi, la différence tient à la localisation ou à la clientèle, à l’environnement, à la mercatique. L’important est de durer. En courant après l’adhésion du plus grand nombre, donc des plus pauvres. L’idée de créer des religions ad hoc uniquement pour les plus riches – et plus rentables – ne semble pas encore venue, mais rien n’est exclu. C’est évidemment une vision par trop simpliste, mais non dénuée – en partie – de véracité.

On se rend en tout cas compte que les différences entre catholicisme (romain en particulier) et islam (sunnite en l’occurrence, mais cela peut évoluer) sont fort ténues. Certes, l’islam condamne plus fortement l’homosexualité, son hétérosexisme étant plus vigoureux. Question fidélité dans le couple, on le voit, les choses évoluent des deux côtés. Diversement, certes, mais les circonstances sont différentes.

Inquiétants, ces propos du pape François : « Si quelqu’un dit qu’il a rencontré Dieu avec une totale certitude et qu’il n’y a aucune marge d’incertitude, c’est que quelque chose ne va pas. ». D’une part, cela va à l’encontre de l’œcuménisme (Mahomet dit avoir rencontré son dieu avec une totale certitude), d’autre part, cela peut être mal interprété : on peut être parfaitement convaincu d’une rencontre avec une mystérieuse entité sans pour autant dicter sa conduite à d’autres. La laïcité n’est ni une idéologie « parmi d’autres », ni une religion parmi d’autres.

La religiophobie ne s’oppose pas à la « foi ». Elle n’est finalement qu’une forme de la sociologie des religions. Soit une grille d’interprétation qui n’exclut pas qu’al-Arifi soit sincère et même désintéressé : si l’islam doit dominer le monde,car « c’est écrit » (et de tout temps), alors, tout ce qui peut y concourir est licite. Inversement, le pape François mise sur l’adhésion du plus grand nombre, plus librement consentie : « il y a des normes et des préceptes secondaires de l’Église qui ont été efficaces en leur temps, mais qui, aujourd’hui, ont perdu leur valeur et leur signification. ». Ceux d’à présent ou qui se dessinent, voire se profilent, peuvent être tout autant éphémères, et donc révisables. Quant à leur qualification de secondaire, elle est quelque peu hypocrite. Ceux qui ont promulgué ces normes et préceptes, celles qui y ont adhéré, les considéraient-ils vraiment « secondaires » ?

La question devrait se poser avec acuité à toutes les croyantes et tous les croyants, quelles que soient les obédiences auxquelles ils ou elles peuvent se rattacher.

 

 

 

Auteur/autrice : Jef Tombeur

Longtemps "jack of all trades", toujours grand voyageur. Réside principalement à Paris (Xe), fréquemment ailleurs (à présent, en Europe seulement). A pratiqué le journalisme plus de sept lustres (toutes périodicités, tous postes en presse écrite), la traduction (ang.>fr. ; presse, littérature, docs techs), le transport routier (intl. et France), l'enseignement (typo, PAO, journalisme)... Congru en typo, féru d'orthotypographie. Blague favorite : – et on t'a dit que c'était drôle ? Eh bien, on t'aura menti !

7 réflexions sur « Djihad du sexe et remariage des prêtres, kif-kif-itou-itou »

  1. [b]Des milliards de malades mentaux…[/b]

    [b]La religion rendrait dépressifs [/b]

    La chose a de quoi surprendre, mais c’est scientifiquement prouvé. Loin d’être associées à un plus grand bien-être, les croyances religieuses et spirituelles favoriseraient la dépression. Cette découverte, qui va à l’encontre du lien généralement admis entre vie spirituelle et épanouissement, est le résultat d’une étude menée un an durant auprès de 8 000 personnes à travers sept pays, révèle le Huffington Post….

    [url]http://www.lepoint.fr/sante/la-religion-nous-rendrait-depressifs-21-09-2013-1733754_40.php[/url]

  2. Un article nauséabond et puant, sans aucune preuve matérielle.
    Juste des affirmations et des considérations malodorantes qui salissent à la fois l’Islam et les musulmanes.
    Citation d’un cheikh totalement inconnu et qui ne représente que lui même, aucune preuve « d’exécutions de djihadistes du sexe ».
    Déplorable, et certainement dénotant d’une propagande islamophobe de ce journal et de son auteur!

  3. « DE TOUT TEMPS-LES-HOMMES-LEURS-PROBLEMES-C’EST-LE-SEXE:ils n’ont rien inventé sur le sujet,je dirai qu’ils sont devenuent plus cons…rien avec le sacrées… depuis évolution (ZERO) et je suis respectueux.

  4. Djihad du sexe => [url]http://www.lemag.ma/Lotfi-Ben-Jeddou-Les-Tunisiennes-vont-au-Jihad-Nikah-en-Syrie-et-reviennent-enceintes_a75342.html?preaction=nl&id=21466416&idnl=145463&[/url]

  5. Allons bon, FDA, c’est l’article qui serait islamophobe, pas la source, soit le ministre tunisien de l’Intérieur, Lofti ben Jeddou. Compatible avec Ennahdah, il est pourtant musulman, non ?
    Et le ministère tunisien de la Femme, il est dirigé par des islamophobes haineux (ou haineuses) ?
    Au fait, le glorieux Mokhtar Ben Mokhtar, qui fait exécuter ses propres partisans s’ils deviennent gênants, ce n’est pas un bon musulman ? Qui tue d’autres bons musulmans ?
    Pour toutes les religions, c’est pareil, elles en peuvent qu’œuvrer pour le plus grand bien de l’humanité. Elles sont pour la paix, &c. [i]Gott mit uns[/i], [i]Dieu et mon roi[/i], [i]God on our side[/i]…
    Je l’ai inventé, peut-être ?
    Vous soutenez que Sihem Badi, ministre des Affaires de la Femme, est une menteuse, affabulatrice, islamophobe ? Bon, je vous laisse poursuivre… Après tout, c’est votre opinion, étayez-la donc.

  6. Et puis ça aussi => [url]Le dirigeant islamiste Habib Ellouze prêt à adopter les enfants du «jihad nikah»[/url]
    C’est édifiant !

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