C

e que je me souviens avoir vu en premier de la Nouvelle-Calédonie, ce fût la guirlande scintillante, dorée, prometteuse de mille épices, mille saveurs, mille voix inconnues ; la guirlande étincelante des rues allumées dans cette nuit de novembre, à l’autre bout du monde.

Le regard embrumé, le crâne sourd, le corps fatigué de ces vingt heures passées en avion. Le départ de Paris (13h locale), le survol de toute l’Europe, le passage au dessus de la Sibérie dans la nuit et le froid de l’air climatisé de l’Airbus, l’approche sur le Japon en contournant soigneusement la Corée du Nord sur l’écran GPS, aux lueurs du soleil du matin que l’on voit dépasser de la première classe avant de baigner tendrement de son orange délicat notre classe affaire, alors que Paris est plongé dans la nuit profonde ; l’avion atterrit enfin sur Osaka à 8h locale ; on repart après deux heures d’escale dans le salon business, vol AirCal ; on rempile à nouveau pour huit heures d’avion. Après avoir volé dix heures d’ouest en est, voilà que nous franchissons la ligne imaginaire de l’équateur, en passant un tiers de jour au-dessus de l’océan (je n’étais pas rassuré au-dessus de la Russie en pleine nuit, je ne l’étais pas plus au-dessus du Pacifique, moi qui déteste l’eau quand je n’ai pas pied). C’était après le chikungunya et avant la grippe A/H1N1, et alors qu’on survole l’île, faisant nos tours avant d’atterrir, les hôtesses nous distribuent les questionnaires à remplir. Ai-je mal au ventre ? Ai-je consulté un médecin dans les trois derniers mois ? La Nouvelle-Calédonie craint les maladies. Sur le Caillou, les pandémies démarrent vite. Enfin la carlingue se pose sur la piste de l’aéroport de Tontouta. Ça y’est, c’est partit pour dix jours au bout du monde.

Pendant une semaine, ça a été travail de 9h à 17h. Ben oui, je n’y suis pas allé pour me reposer. Mais je dois dire une chose du climat : c’est très agréable. Difficile de rester enfermé dans un bureau toute la journée quand le matin et le soir, on traverse Nouméa entre l’hôtel et le client. On passe notamment par l’ « Anse Vata » avant de suivre la « Baie des Citrons » (noms enchanteurs, comme si leur simple appellation faisaient renaître en moi le souvenir de ces jours magnifiques et ensoleillés, à l’image de ce morceau de madeleine qui se décompose dans le thé, rappelant au jeune Marcel les dimanches matin passés chez sa tante Léonie), magnifique baie, plage douce et chaleureuse, invitation au repos, farniente.

Là, Caldoches et Kanaks viennent goûter le vent salé du Pacifique, le regard tourné vers l’île aux canards, accessible par bateau-taxi !

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Heureusement, on peut découvrir d’autres attraits de l’archipel pendant la pause déjeuner. Là, on nous invite au restaurant. Un jour, c’est face à la Baie des Citrons que l’on déjeune, un plat de poisson (dont le nom est oublié depuis longtemps) avec un jus de tomate, arrosé d’un peu de rosé, et l’on profite de la douce brise et de sa température printannière (aux alentours des 30°C, le printemps austral qui commence quand vient l’automne dans l’hémisphère nord). Une autre fois, ce sera un plat de gambas poêllées, délicieusement grillées, avec un rosé, toujours ! Vue sur les baies aux couleurs d’azur, dégustant un plat tropical alors qu’au même moment votre famille, vos amis, dorment dans la nuit de métropole. Là, il faut dire un mot du dépaysement. Si étrange, si fantastique que d’être aux antipodes, et d’être quand même en France. Mais la réalité nous rattrape, toujours ! Ainsi un midi que l’on déjeunait dans un petit snack (salade+coca), à côté d’une boutique d’accessoires de pêche qui vendait des dents de requins, on se retrouva à assister, en direct sur la petite télévision du snack, à l’élection de Barack Obama. A l’autre bout du monde, le décalage horaire se rappelle à vous, comme un jeu, avec cet aspect comique et grave à la fois, terriblement triste, qu’aucun endroit sur Terre ne saura vous protéger des nouvelles du monde.

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Le week end, après avoir déjeuner dans un petit restaurant à la vue imprenable sur une petite anse, où quelques baigneurs profitaient du soleil tandis que deux femmes se faisaient ébourrifer les cheveux, nous sommes partis nous-même goûter à l’eau, mais pas à Nouméa, un peu plus au Nord, à un endroit moins fréquenté, sous les conseils d’un client.

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Après une heure ou deux de route, à sillonner le pays Calédonien de la province sud, avec un peu de piste qui mettait à mal les pneux de la voiture de location, voilà qu’on arrive à la plage de Poé. Immédiatement, on ne peut qu’être saisi par la beauté du paysage. Ici, toutes les nuances du bleu viennent s’inscrire dans le panorama, palette magique de couleurs azurées qui chatouillent l’œil du visiteur, incontournable invitation à la baignade.

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Au milieu des corails, nous évoluons dans l’eau limpide, sur le sable fin et chaud. L’eau est agréable, comme dans une baignoire est la comparaison qui me vient à l’esprit, dès lors que j’entre dans l’eau. Plus loin, je vois les récifs coraliens, barrière naturelle entre la plage et le Pacifique, entre notre bleu ciel, turquoise, et le bleu profond de l’océan. Dessus viennent se casser les vagues et se former les rouleaux. Longue ligne blanche à l’infini, frontière de notre petit espace protégé, où l’on se baigne sans requins. J’immortalise un kit-surfeur dans son élan, enfant au milieu de ses jouets, de ses vagues, de ses vents. La Nouvelle-Calédonie est le pays des surfeurs.

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Entre Poé et Nouméa figure un élément naturel qui attire les curieux : la Roche Percée. Comme son nom le suggère, un tunnel creusé naturellement à l’intérieur de la roche permet d’accèder à une vue à couper le souffle : une nature que l’on croit être les seuls à surprendre ; l’océan se déchaînant dans la petite enclave. Devant moi, des enfants contemplent le spectacle de la nature.

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Au terme du séjour, je repars le cœur mêlé de sentiments contraire. Vers minuit, dans le salon business de l’aéroport de Tontouta-Nouméa, je regarde distraitement le 13h de France2 qui passe en direct. La France se rappelle à moi, avec les nouvelles du jours : sabotage de lignes SNCF par un groupe extrémiste. Puis enfin, vers 1h30 du matin (heure locale) je prends l’avion et repart pour une journée de voyage. Le retour à Paris, puis au Havre, sera pluvieux.

Cela aura été dix jours au paradis.

 

Pour finir : vue de la piscine de l’hotel, puis coucher de soleil depuis le balcon de la suite.

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  Agréable voyage à tous !