A l’origine du terme, il y avait le dictateur romain. L’homme providentiel, le sauveur de la Cité alors qu’elle était en proie au chaos. Le Salut ne pouvait venir que de lui, c’est pour cette raison que les pleins pouvoirs lui étaient accordés d’un commun accord. Disposant de toutes les prérogatives, la porte à tous les excès étaient dès lors ouverte. La mégalomanie, combinée à l’ambition démesurée, ont généré des hommes monstrueux se croyant égaux des dieux et oubliant leur triste condition de mortel. L’Histoire en est jalonnée, à l’occasion du film The Dictator, réalisé par Larry Charles, avec le truculent Sacha Baron Cohen, faisons un petit tour des dictateur encore au pouvoir actuellement.
Bien sur, on aurait pu parler d’Adolf Hitler, Joseph Staline, Benito Mussolini ou encore Franco, mais ce sont des personnages sur qui des bouquins, des thèses, des travaux universitaires colossaux se sont construits. Les évoquer de nouveau aurait été une redite inutile. Comment ne pas voir dans le protagoniste du film une caricature des chefs d’états omnipotents du Moyen Orient? Il en adopte l’égo sans limite et le manque de réserve. Jadis, Charlie Chaplin, dans un film portant le même titre, avait singé les mimiques d’un fou autrichien, causant à l’oeuvre plusieurs années de censure.
Petit tour de table de ces charmants hommes se retrouvant condensés dans la figure de Sacha Baron Cohen. Le tout est non exhaustif et peut être complété à tout moment. Devenir dictateur, ce n’est pas si difficile.
Tout d’abord à ma droite, Alexandre Loukachenko, maître absolu de la Biélorussie, terre où la chute du mur de Berlin est un fait omis de l’Histoire. Il tient les rênes du pays depuis 1994. A l’image d’un cavalier bien scellé, il ne souhaite nullement quitter sa monture. Indépendant politiquement, son parti, c’est lui même. A l’inverse de nos dirigeants démocrates, il ne peut arborer dans son bureau qu’un diplôme d’une école agricole et non pas, des masters en série de droits publics, de gestions ou de sciences politiques. Malgré les critiques, son pouvoir, il le tient d’élections constamment remportées, certes les urnes déjà remplies avec des bulletins à son nom, ont peut être facilitées les choses. Alors que ses adeptes lui vouent un respect pour avoir évité la débandade économique post-URSS, ses opposants voient en lui, un homme tout puissant pour qui le mot de "liberté" ne figure pas dans le vocabulaire. Avec cette attitude, son répertoire est très restreint, il ne fait pas bon s’afficher avec lui quand on se dit respectable. Même le grand voisin russe se porte souvent absent quand Alexandre désire faire des affaires avec lui.
A côté de lui, je vous présente Islom Karimov. Cet homme, que les ouzbeks de moins de 20 ans ne peuvent que connaître, règne en monarque sur ce grand pays d’Asie Centrale. Le pauvre a perdu ses parents étant enfant mais cela ne l’a pas empêcher à vouloir passer son diplôme d’ingénieur. Adhérant communiste, il grimpe les échelons au sein du parti pour devenir, progressivement, président, nommé par le Pouvoir Centrale, d’Ouzbékistan. Sur des scores fleuves dignes de présidents africains, il remporte brillamment les suffrages, non sans l’assiste d’urnes bourrées. Dans sa maison, il faut mieux être son ami, sinon, les récalcitrants, c’est sous la torture qu’ils vivent le restant de leur (courte) vie. Depuis sa prise de pouvoir, il mène une lutte contre les islamistes même s’il fait certains gestes envers eux, comme la construction de lieux de cultes. Homme scrupuleux, sans doute, il a le soucis de son image, notamment vis à vis de l’occident. De ce fait, il tend la main aux investisseurs, bouclent les opposants au régime dans les prisons et invitent cordialement, avec les honneurs, les hauts représentants occidentaux.
Autre convive, autre pays. Gurbanguly Berdimuhamedow du Turkménistan. Petit nouveau à la gestion d’un pays, ce n’est que depuis 2006 qu’il règne sans partage. Grâce à sa formation de dentiste, avant d’être "président", il a exercé la politique en tant que Ministre de la Santé avec un programme comparable à celui de Sarkozy. Les campagnes ne se soignent plus et les médecins ont les suppriment, ça coûte trop cher. Aussi fantomatique qu’un François Fillon, il est parvenu tout de même à monter sur le trône à la mort de son prédécesseur. Si du temps où il était ministre, il était discret, une fois devenu despote, il s’est senti poussé des ailes. A force de voler comme Icare, on se brule les ailes. Il ruine son pays dans des dépenses inconsidérées pour satisfaire des ambitions personnelles et un culte dédié à sa personne.
On finit avec un philanthrope avéré et reconnu, Noursoultan Nazarbayev du Kazakhstan, comme ses homologues, c’est un humaniste au grand coeur. 22 ans qu’il bichonne ses citoyens tellement il les aime. Ils le lui rendent bien, 4 fois qu’il est réellement avec des taux frôlant la perfection. L’opposition, c’est simple, il n’y en a pas. Partisan de la faux et du marteau, lui aussi, il a fait son chemin, montant les marches du pouvoir pour atteindre le sommet en devenant président du pays.
Il se démarque de la maison mère, le bloc à céder, les oiseaux quittent le nid, en créant son propre parti, Nour-Otan. Ce dernier a les pleins pouvoirs sur l’Assemblée Nationale, une astuce bien aisée pour faire promulguer des lois qui lui sont favorables. L’admiration qu’il se porte à lui même est à l’origine des textes de lois, sa personnalité est quasiment déifiée. Il devient la nation, ou bien bien la nation devient lui, les éléments nationaux sont à son effigie.
La liste des invités aurait pu continuer encore longtemps, mais il fallait choisir, la table ne possède pas de rallonge pour faire tenir tout ce beau monde. Le sang, l’oppression, les mesures liberticides, les contraintes, ils s’en lavent les mains aux toilettes avant d’aller diner. A force de developper une dévotion personnelle, ils ne doivent pas oublier qu’ils sont des hommes avant tout, leur condition est soumise au destin. Ils ne doivent pas oublier que les dictateurs finissent mal en général.
[b]Ils auraient pu inviter Assad …[/b]