DigiBiDi : feuilleter (et acheter) la BD en ligne…

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Lancé en 2008, relancé en cette rentrée 2009, avec déjà plus de 300 titres en ligne, le site DigiBidi se veut le portail de « la BD numérique consultable en ligne ». En fait, très peu d’histoires complètes peuvent être lues à l’écran mais on peut feuilleter les huit ou dix premières pages et décider ensuite d’acquérir la version numérique ou, bien sûr, l’album imprimé.


Créé par Benjamin-Samuel Ewenczyk, le site DigiBidi propose plusieurs manières de consulter des albums de bandes dessinées au format numérique. La consultation gratuite permet l’affichage selon plusieurs modes et la location (pour 72 heures d’accès et de consultation complète) les reprend. Ce système de location s’adresse en particulier aux familles et le site est beaucoup plus orienté « BD pour la jeunesse » que vraiment généraliste. Toutefois, après enregistrement et déclaration de majorité, on peut accéder à un espace de BD « pour adultes ». Où se trouvent des titres véritablement orientés érotique (la généraliste le mêlant allègrement à, souvent, beaucoup de violence, mais se gardant d’être par trop explicite).

 

Les prix de location varient entre un peu moins d’un ou de trois euros et le prix d’acquisition de la version numérique est généralement – sauf rares exceptions – unique et d’à peine moins de cinq euros. On trouve des PDF complets à moins de trois euros. Certains titres sont présentés, soit en avant-première (pas encore commercialisés), soit uniquement proposés à la vente sous forme d’album traditionnel via les sites partenaires, Amazon et la Fnac. Dans tous les cas, on peut choisir l’achat en ligne des albums des principaux grands éditeurs via ces partenaires. En revanche, des maisons d’édition plus confidentielles ont choisi ce type de publication numérique exclusive… en attendant mieux sans doute, soit que les titres soient réclamés par les collectionneurs d’albums traditionnels. Selon son volume de commandes, on peut bénéficier de tarifs réduits mais il faut s’y prendre à l’avance (en chargeant son compte par tranches de dix ou 25 euros).

 

DigiBiDi présente d’autres attraits. Comme par exemple un classement thématique par genres assez intelligent incluant une catégorie « inclassables » dans la section des « romans graphiques ». La section « autres » ne contient pas « de contenus disponibles pour l’instant ». Mais on peut imaginer que, quitte à doublonner avec diverses entrées des « inclassables », on y trouvera bientôt des titres que les amateurs de projets insolites affectionnent. La section des mangas est déjà copieusement fournie, reflétant la place du marché français (second rang mondial).

 

Les contenus éditoriaux se répartissent entre le site principal (actualités, BD de la semaine, événements, échos…) et son annexe, son blogue-notes, à l’adresse blog.digibidi.com. Beaux joueurs, les blogueurs maison font part du classement d’eBouquin qui signale cinq sites plus ou moins concurrents et ils ajoutent « il manque peut-être (sic) la présence de BDtouch.fr pour le rendre complet ». Bon, c’est « peut-être » ou « assurément » ? En tout cas, les échos sont intéressants, portant tout autant sur l’univers de la BD que sur la problématique de la vente en ligne de contenus. Quant à ce classement, il a, de par sa forme, tous les défauts du genre « avantages et inconvénients ». Pour ne pas être trop répétitif, on oublie certains « plus » ou « moins » et on va chipoter sur des « moins » qui n’en sont guère histoire d’en trouver. On pourrait aussi reprocher à tous ces sites de ne pas proposer de visuels des produits dérivés (statuettes, figurines, porte-clefs, cahiers, &c.).

 

Le concept est un peu à la BD numérique ce que l’échantillonnage des sites musicaux est à la vente de titres ou d’albums musicaux. Là, pour éviter le piratage, les pages comportent une digimarque, soit un filigrane transparent (watermark) totalement invisible par l’acquéreur. Benjamin-Samuel Ewenczyk estime que cela suffit à « identifier le client fautif en cas de fraude ». Certes. Mais encore faut-il le traquer et il se trouvera toujours bien un moyen de pixelliser intelligemment (et donc frauduleusement) ces tatouages plus ou moins apparents et intrusifs. En fait, la plupart des éditeurs préfèrent le risque du piratage à celui de moindres ventes.

 

Parmi les maisons éditrices émergentes ou moins connues que les mastodontes, on trouve Soleil, Emmanuel Proust, Akileos et Foolstrip, mais aussi Joker, Tartamudo, Kymera Comics, Tanibis, Çà et là, Ego Comme X, La Cinquième Couche, Drugstore, Les Requins marteaux, IMHO et Dynamite. J’en ai certainement oublié. Par exemple dans les diverses catégories de la section des mangas (signalons au moins les éditions Paquet et Asuka). C’est prometteur et on suggérerait bien à DigiBiDi de prendre le risque de s’ouvrir à des auteurs et dessinatrices qui n’ont pas trouvé encore des éditeurs et risquent de s’épargner ainsi une fastidieuse prospection. C’est peut-être trop tard pour D-robaz, « bédé cyberfuturiste » de Pascal « Sib » Sibertin-Blanc et Fred Fruish, qui devrait trouver preneur. Ce n’est pas tout à fait trop tôt pour les albums du Franco-Australien Éric Valric, disponibles en ligne, et que nous nous promettions de traduire vers le français voici déjà… trop longtemps. Il a déjà dix titres sur son site des Pitbull-x Comics (séries Pitbull, The Trilogogy of Terror, Doemionatrix). C’est effectivement trop tôt pour Little Vicca & Friend (encore en gestation). On peut aussi consulter ses illustrations 3D et « techniques mixtes » sur son site The Art & Age of Being. C’est vraiment prématuré pour le futur album d’Elsa Le Douarin et Frank Leloup dont je ne suis même pas sûr de me souvenir du titre (mais j’ai vu des planches). Et je pourrais en citer bien d’autres. Mais… Arrrghhh !

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Enfer et damnation, la malédiction de Zorglub le Rouge m’a encore contaminé car j’ai laissé filer le temps alors que je dois encore vous parler des démélés de Maurice Joffo, l’auteur de Pour quelques billes de plus ? avec l’expert psy Michel Dubec, des sculptures et dispositifs du Chemin des écritures des Rencontres de Lure à Lurs, des concerts de Thierry Chazelle (Le Client d’Erotika) et de Lili Cros (À la radio) qui seront à Lyon en octobre (et auparavant au festival du film de Contis), et encore du Journal de Jeanne, de l’artiste plasticien Mario Mercier, qui vient de reparaître en format « poche » aux éditions La Musardine. Quand donc trouverai-je le temps de parcourir l’album Madame Désire ?, de Mardon Grégory, chez Fluide Glacial. Tiens, au fait, pas vu sur DigiBiDi, celui-là. Dommage. Tiens, au fait, pas vu sur DigiBiDi, celui-là. Dommage… vraiment dommage…

Auteur/autrice : Jef Tombeur

Longtemps "jack of all trades", toujours grand voyageur. Réside principalement à Paris (Xe), fréquemment ailleurs (à présent, en Europe seulement). A pratiqué le journalisme plus de sept lustres (toutes périodicités, tous postes en presse écrite), la traduction (ang.>fr. ; presse, littérature, docs techs), le transport routier (intl. et France), l'enseignement (typo, PAO, journalisme)... Congru en typo, féru d'orthotypographie. Blague favorite : – et on t'a dit que c'était drôle ? Eh bien, on t'aura menti !