Deux jours, une nuit, le film des frères Dardenne avec Marion Cotillard et Fabrizio Rongione a priori, on ne fait pas la fine bouche ! C’est une critique acerbe du patronat à partir d’un simple voyage au bout du prolétariat. Sandra (Marion Cotillard) est heureuse de reprendre son travail après un long arrêt maladie pour cause de dépression. 

La convalescente ne va pas tarder à déchanter en apprenant son licenciement. Ses collègues avaient le choix entre une réduction du personnel avec à la clé une prime de 1000 euros ou l’inverse ; sous l’influence malveillante du contremaître, partisan de la politique du rendement , Sandra, maillon faible de la chaîne va payer le prix fort. 

En dernier recours, un autre vote est prévu pour tenter de sauver la rescapée de la dépression ; le vote conforté par le tiède aval du directeur devra être préservé du soudoiement de Jean Marc le contremaître, fossoyeur de Sandra ! Cette dernière a du travail sur la planche pour en plus faire sa campagne en l’espace de deux jours et une nuit avant le vote. 

Et c’est parti pour une heure et demi environ ! Queue de cheval, jean, débardeur, sac en bandoulière, la jeune femme, soutenue par Manu son mari, va battre le pavé pour un porte à porte humiliant, aux allures de marathon. Chaque voix lui est cruciale et Sandra les récolte au compte goutte. 

Des scènes qui se répètent invariablement jusqu’à son épuisement et celui du public. Je suis Sandra, je travaille à l’usine X ; c’est pas de ma faute l’histoire de la prime, Mr Dumont, Jean Marc, etc, etc. Une descente aux enfers au cours de laquelle Sandra tente de se rebooster avec des comprimés de xanax. Misère quand tu nous tiens ! Mais il arrive qu’on trouve son salut au terme d’une expérience douloureuse et c’est le plus important… 

Un drame qui critique ce système qui broie sans états d’âmes les plus vulnérables mais qui donne, à travers les réactions des uns et des autres, un aperçu cinglant de la nature humaine. L’alibi de la précarité ne pouvant justifier à lui seul certaines réactions d’une violence inouïe de la part des collègues qu’a pu solliciter Sandra… 

Les interprétation de Marion Cotillard et Fabrizio Rongione derrière la caméra des frères Dardenne sont parfaites. La récurrence des scènes avec les mêmes mots, les mêmes phrases est parfois lourde. Pour les impératifs de ce film belge, Marion Cotillard a été invitée à se départir de son accent parisien et le résultat s’est avéré, à mon goût, parfois dérangeant : quand Sandra s’exprime pour plaider sa cause, c’est étrangement du Sarkozy branché populiste, tout craché, mêmes prononciations, mêmes accents,mêmes intonations, même débit. Vraiment sans exagération…

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