dans un immense rassemblement, ils crient à la démocratie, mais agressent des journalistes.
Document Al-Oufock le 24 novembre 2011.
Ce n’est pas faute d’avoir soutenu le printemps arabe, ces révoltes pour plus de démocratie que nous approuvons pour la liberté des peuples. Ce n’est pas faute que des journalistes aux risques de nombreux dangers sont allés sur place pour rendre compte au monde entier la révolte de ces jeunes Égyptiens. Alors, on ne comprend pas que deux femmes journalistes l’une de France 3 et l’autre free-lance Américano-égyptienne aient été agressées sexuellement.
Car0line Sinz de France 3 et Mona-el-Tahawy, document Paris Match.
Caroline Sinz décrit son voyage au Caire ou «des jeunes sans repères, ivres de leur pouvoir n’ont plus de limite». «Nous devenons soudain leur cible, poursuit-elle. Ils nous agressent, car nous sommes journalistes et surtout étrangers». «Nous sommes jetés en pâture à une foule déchaînée, sur la place Tahrir». «Avec mon caméraman nous avons alors été frappés, puis séparés, très peu de femmes, surtout étrangères, se trouvent sur cette place Tahrir». «J’ai été empoignée par plusieurs hommes et j’ai subi une agression sexuelle, au milieu de tout le monde, en plein jour». «D’autres femmes journalistes ont subi des violences». C’est une façon d’intimider la presse.
Elle est rentrée à Paris samedi 26 novembre, et annonce qu’elle va porter plainte après avoir fait constaté à l’Institut médico-légal de Paris les violences qu’elle a subies. Nicolas Sarkozy, s’est entretenu avec elle par téléphone à sa descente d’avion, sans donner de détails.
Le même jour, Mona-el-Tahawy, bien connue pour ses nombreux reportages féministes, elle a raconté sur son compte twitter, «je suis libre». Un bras gauche cassé, et sa main droite cassée, voila les violences faites aux femmes par les forces de l’ordre Égyptiennes. Elle écrit jeudi, «12 heures avec ces bâtards du ministère de l’intérieur et des renseignements militaires». «Ils étaient cinq ou six autour de moi à me tripoter mes seins, a attraper ma zone génitale», et elle ne sait combien de mains ont tentés de pénétrer dans son pantalon. Elle fut battue à coups de matraques, se protégeant avec son bras qui s’est brisé lorsqu’elle prenait des photos des affrontements entre les révoltés et les forces de l’ordre. Trainée par les cheveux au ministère de l’intérieur, elle y resta 12 heures.
Ce n’est pas l’Égypte que nous aimons.
L’Égypte va mal, la révolution de cette jeunesse activiste et chômeuse est confisquée, par l’armée qui impose sa gouvernance par la force. Les épreuves que ces jeunes révoltés «chabab et-thaoura» n’ont pas suffi à se dégager de l’emprise de la bande à Moubarack dont l’armée était le fidèle soutien. Le président du Conseil suprême, le maréchal Mohamed Hussen Tantaoui, 76 ans, qui dirige le pays depuis février à la fin des premières émeutes est rejeté par les manifestants. Il symbolise ce qu’ils ne veulent plus voir, une présence de Moubarack.
On peut lire sur les banderoles de la place Tahrir, Tantaoui=Moubarack. «Echaâb yourid iskat el mouchir», le peuple veut la chute du maréchal. Après plusieurs journées d’affrontement tant au Caire, place Tahrir, qu’à Alexandrie, une des villes gagnées par la révolution, un homme a été tué le mercredi 23 novembre portant à 41 morts le bilan du week-end du 19/20 novembre. Dans ce désordre ou aucune loi ne régit cette révolte, spontanée dans un cri de liberté, le président Tantaoui a prononcé une allocution télévisée en vue de désamorcer la situation. Il a annoncé que des élections législatives débuteraient lundi 28 novembre, et qu’il acceptait la démission de gouvernement d’Essam Charaf, demandée à la suite des manifestations et des violences du week-end. Pour ce qui le concerne, il n’a fait aucune ouverture, mais proposait de faire rentrer immédiatement les militaires dans leur caserne si tel était le vœu du peuple qui serait consulté par référendum sans préciser les modalités.
Cette intervention a nourri la colère des manifestants de la place Tahrir qui ont repris le slogan «dégage» symbole des révolutions musulmanes. Le vendredi 25 novembre, journée qualifiée de la dernière chance, des milliers d’Égyptiens ont manifestés contre la nomination provocatrice de Kamal Ganzoui ex-premier ministre à la tête du gouvernement de salut national. Avec les syndicats les manifestants espéraient réunir un million de personnes pour ce vendredi jour de prières. Kamal Ganzoui est un septuagénaire ancien chef de gouvernement dans les années 1990, appelé en remplacement de Essam Charaf, il a demandé au maréchal Tantaoui de lui «laisser un peu de temps pour satisfaire toute la population», a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse.
C’est le manque de confiance à tous ceux qui ont été de près ou de loin avec Moubarack. «Nous ne voulons pas de quelqu’un qui soit lié à l’ancien régime, on veut un transfert complet des pouvoirs au nouveau gouvernement», explique Mohamed Abdel Kerim, étudiant, qui pense que la nomination de Ganzouri est un stratagème destiné à diviser les manifestants.
Le 25 novembre rappelle le 25 janvier date du déclenchement qui a emporté la révolution Égyptienne et le départ de Moubarack.
C’est dans un rêve d’anarchie que décrit l’article du Monde que ces jeunes interdisent de crier des slogans politiques, interdisent de monter une tribune, et interdisent à tout parti politique d’enter dans la place. Ils ont érigés en lettres rouges les règles de Tahrir sur des bâches en plastique amarrées au terre plein central. Tout homme politique qui s’aventure sur le cœur battant de la révolution est éjecté. Ils refusent les règles du jeu politique et pour eux la révolution ne fait que commencer. Un autre son de cloches sur la situation qui règne sur cette place. Il montre la difficulté de bien comprendre ce qui se passe puisque l’arrivée de Mohamed El Baradei enflamma la place Tahrir.
Il fut la bête noire de l’ancien régime. Probable candidat à la présidentielle, il lui fut impossible d’atteindre le centre de la place tant la masse de ces jeunes qui l’entourait, l’empêchait d’avancer. «Nous lui devons cette révolution, il était le premier à avoir appelé les Égyptiens à descendre par millions dans la rue s’ils voulaient un changement. C’était au lendemain des élections de novembre 2010. Son aura internationale est une protection pour nous», nous confie un jeune étudiant. Sous les cris «El Baradei Raissena», El Baradei notre président, l’ancien directeur de l’Agence Internationale de l’Énergie Atomique, AIEA, quitta les lieux, laissant derrière lui ses partisans diffusant la déclaration de l’Association nationale pour le changement dont il est le président. C’est le défilé des personnalités politiques avant les élections. Abdelmeneim Abou El Fatouh, exclu des rangs des Frères musulmans, qui jouit aussi d’une grande crédibilité auprès des révoltés, vient les soutenir. Ces personnalités suscitent, à la nuit tombée, des débats populaires entre ceux qui veulent le départ immédiat de l’armée et ceux plus tolérants qui souhaitent un départ gradué. L’absence des Frères musulmans est ressentie naturelle car ils favorisent leur intérêt au lieu de celui du peuple, d’autres considèrent qu’aujourd’hui c’est la marche du peuple et non celle d’un parti.
Le pouvoir militaire a déclaré dimanche 27 novembre avoir demandé à Mohamed El Baradei et Amr Moussa l’autre figure influente sur la scène politique, de soutenir le Premier ministre désigné Kamal el-Ganzouri. Le maréchal Hussein Tantaoui a affirmé à des journalistes avoir reçu samedi, à «leur demande», les deux hommes, dont les noms circulent pour diriger un éventuel gouvernement de «salut national», et leur avoir demandé de «soutenir le gouvernement de Kamal el-Ganzouri», nommé vendredi par l’armée au pouvoir. Certains groupes de manifestants seraient prêts à voir Mohamed El Baradeï diriger un organe civil qui superviserait la transition vers la démocratie à la place du Conseil Supême des Forces Armées. Son équipe de campagne a fait savoir samedi qu’il était prêt à renoncer à briguer la présidence «s’il lui est officiellement demandé de former un gouvernement de salut national, afin d’être totalement neutre pendant la période de transition».
Les élections législatives qui ont débutées le lundi 28 novembre ne posent de problèmes d’organisation et de sécurité malgré la grande influence devant ces bureaux de vote. Elles devraient s’étaler sur trois jours. C’est les premières depuis la chute de Moubarack, et l’armée joue sa crédibilité.
Une queue devant un bureau de vote au Caire, le 28 novembre 2011. (REUTERS), document Libération.fr
C’est en masse que les Égyptiens se sont déplacés, et le vote de lundi 28 novembre ne concerne qu’un tiers des gouverneras, 17,5 millions pour Le Caire, Alexanderie et Louxor en Haute Égypte. Le reste sur les 40 millions d’électeurs devrait s’étaler sur quatre mois. Comme nous l’avons vu aux informations télévisées, des retards de livraison des bulletins de vote a fait que l’agence officielle Mena acronyme de la Metula New agency, considéré comme un média Israélien militant a déposé 161 plaintes. Des votants s’expriment, cette fois-ci c’est la première fois que le résultat n’est pas connu à l’avance. Sept ONG étrangères, Arabes, Africaines, Islamiques, Européennes et Américaines dont le centre Carter de l’ex-président Jimmy Carter ont reçu les accréditations pour les surveiller a annoncé le ministre Égyptien des affaires étrangères. Le processus électoral est complexe, le nombre de partis accrédités apparaît important ce qui devrait conduire, comme en Tunisie à une dispersion des voies ne donnant pas de majorité absolue à un parti. Les analystes avancent un score de 40 % pour les islamistes et un tiers pour les libéraux sur les 498 représentants de la chambre basse. D’ors et déjà le déroulement malgré les difficultés d’organisation dans le contexte de révolte, marque un succès des militaires, si elles se poursuivent sans heurts pendant ces quatre mois.
L’Égypte joue donc son avenir dans ces élections qui s’ouvrent dans une période de grande tension, mais il apparaît que les Égyptiens déterminés à s’exprimer veulent tourner la page à cette anarchie. Un bémol tout de même, le général Mamdouh Chahine, membre du CSFA, a néanmoins déclaré que la nouvelle assemblée n’aurait pas le pouvoir de destituer un gouvernement nommé par le Conseil. Mais cette affirmation a été contredite par Kamal Ganzouri, premier ministre pourtant nommé par l’armée à la tête du gouvernement.
En cas d’échec, l’Égypte pourrait se trouver en face d’une dictature militaire, comme pour les pays d’Amérique latine.
Il est évident que le monde a les yeux rivés sur ce qui se passe en Égypte. La situation au Moyen-Orient en dépend. S’il y a échec de former un gouvernement de transition entre l’armée et la formation d’un gouvernement issu des urnes, on peut craindre à une dictature militaire qui conduirait à des inévitables affrontements. Ces élections comme celles de Tunisie et actuellement au Maroc verront probablement le parti islamiste de la liberté et de la justice des Frères musulmans majoritaire. Bien que la révolte de ces jeunes étant pour plus de justice et de liberté, apparait post-islamiste des mouvements révolutionnaires des années 1970/1980, c’est pour ces jeunes de l’histoire ancienne. Leur slogan «dégage» laisserait supposer qu’elle est laïque, mais cela ne signifie pas qu’ils le soient. L’exemple de la Tunisie est significatif. Ils refusent la dictature des militaires par ce qu’elle a été le support de celle de Moubarack, mais celle des Frères musulmans dans l’opposition au régime, qui sait ? Actuellement les Frères musulmans se tiennent à l’écart des manifestations mais agissent en profondeur, et leur chance est justement les élections du lundi 28 /11/11. Attendons pour voir !
C’est lamentable ! C’est horrible ! Je n’ai pas de mots ! Mais gardons-nous de généraliser, ce n’est qu’un groupuscule de jeunes sans repère comme on en voit aussi dans nos contrées.
Je compatis pour ces femmes courageuses !
[b]Hallal[/b] bonsoir,
Dans ce genre de révolte anarchique, il y a toujours des excès et des actes de sauvagerie.
La foule est incontrôlable.
Bien à vous,
Anido