Jeudi 27 Janvier 2011, sur tous les téléscripteurs, presse écrite, radiophonique et télévisuelle, la nouvelle tombe : « Le Shinmoe-Dake, le Mont Shinmoe, un stratovolcan japonais, implanté à la limite des préfectures de Miyazaki et de Kagoshima, sur l’île Kyūshū, est entré en éruption et vomit une colonne de fumée et de cendre atteignant une altitude de 3.000 mètres. »


Un gros scoop journaliste agrémenté de reportages « type sensationnel et extraordinaire » faisant la « Une » de tous les journaux…, mais, en vérité, une éruption volcanique comme il en est bien d’autres, se produisant au fil des jours et des années… démontrant, s’il en était encore besoin de l’attester, que le monde des médias se rattache à bien peu pour faire du hourvari. Pourtant, il n’est pas sans ignorer que les apocalyptiques du catastrophisme de fin du Monde vont s’en emparer et le seriner, jusqu’à plus satiété, afin de convaincre les âmes chagrines, enclines à ingurgiter toutes les inepties de la Terre que l’Homme insensé véhicule, de la véracité de leurs prédictions assises sur le calendrier Maya, l’Apocalypse de Saint Jean l’Évangéliste, les Oracles, les Sybilles et toutes autres prédictions burlesques, vaudevillesques, grotesques et abracadabrantes…

Quant au volcanisme et à la pseudo-recrudescence de l’activité, il pourrait sembler être constaté, mais abusés par les conjonctures, que, depuis une vingtaine d’années, « le nombre de volcans actifs pourrait être en augmentation croissante. » Cette pseudo-considération traduit, simplement, l’intérêt accru de l’homme pour les phénomènes volcaniques. Les satellites assurent une surveillance permanente, sur « le terrain » et dans « les airs », les transports étant plus aisés, les observateurs sont plus nombreux. En outre, l’information volcanologique, par l’entremise d’une multitude de publications spécialisées, par le truchement des reportages télévisuels à sensation et par le canal d’Internet avec des observatoires volcanologiques en ligne, est plus aisément diffusée.


En fait, non comptés les volcans sous-marins, il y a, dans le Monde, plus de 700 édifices volcaniques actifs, – dont plus de 350 sur la Ceinture de Feu autour du Pacifique -, et le nombre de volcans en éruption, annuellement, fluctue entre 70 et 90. Certains d’entre eux sont en activité éruptive permanente comme le Stromboli, le Suwanoseshima, le Yasur, la Soufrière Hills, l’Ambrym, l’Erta Alé, l‘Ol Doinyo Lengai, etc…, et d’autres, depuis des millénaires, entrent épisodiquement en éruption, – le Piton de la Fournaise, le Mauna Loa, le Kilauea, le Ngauruhoe, le Merapi, l’Etna, etc…

Ainsi, pour exemple, en 2001, ce sont 73 volcans, – dont plus de 25 d’entre eux à 4 ou 5 reprises au cours de l’année ayant connu des jaillissements de cendres, de gaz et de vapeurs, et des explosions avec éjection de téphras et/ou de lave, soit plus de 200 phases éruptives d’intensité volcanique explosive comprise entre I et IV –, qui sont rentrés en éruption : l’Ambrym, Vanuatu ; l’Arenal, Costa Rica ; l’Avachinsky, Kamchatka ; l’Azuma, Japon ; le Bezymianny, Kamchatka ; le Batur, Indonésie ; le Cleveland, USA ; le Colima, Mexique ; l’Erebus, Antarctique ;l’Erta Alé, Ethiopie ; l’Etna, Italie ; le Fonualei, Îles Tonga ; le Fuji, Japon ; le Guagua Pichincha, Équateur ; le Gorda Ridge, Nord-Est Océan Pacifique ; l’Hakone, Japon ; l’Hood, USA ; l’Ijen, Indonésie ; l’Iliwerung, Indonésie ; l’Inielika, Indonésie ; l’Iwo-jima, Japon ; le Kanlaon, Philippines ; le Karangetang, Indonésie ; le Karymsky, Kamchatka ; le Kavachi, Îles Solomon ; le Kelut, Indonésie ; le Kerinci, Indonésie ; le Kick-’em-Jenny, Caraïbes le Kikai-Satsuma-Iwo-jima, Japon ; le Kilauea, Hawaii USA ; le Kliuchevskoi, Kamchatka ; le Krakatau, Indonésie ; le Lokon-Empung, Indonésie ; le Loihi Seamount, USA ; le Lopevi, Vanuatu ; le Makian, Indonésie ; le Makushin, USA ; le Manam, Papouasie Nouvelle Guinée ; le Masaya, Nicaragua ;le Mauna Loa, Hawaii USA ; le Mayon, Philippines ; le Merapi, Indonésie ; le Miyake-jima, Japon ; le Maroa, Nouvelle Zélande ;le Ngauruhoe, Nouvelle Zélande ; le Nyamuragira, Congo ; le Nyiragongo, Congo ; l’Okmok, USA ;l‘Ol Doinyo Lengai, Tanzanie ; le Pacaya, Guatemala ; le Peuet Sague, Indonésie ; le Pinatubo, Philippines ; le Piton de la Fournaise, La Réunion ; le Popocatépetl, Mexique ; le Rabaul, Nouvelle Bretagne ; le Ruapehu, Nouvelle Zélande ; le Rotorua, Nouvelle Zélande ; le Saint Helens, USA ; le San Cristóbal, Nicaragua ; le San Vicente, Salvador ; le Santa Ana, Salvador ; le Semeru, Indonésie ; le Shiveluch, Kamchatka ; le Stromboli, Italie ; la Soufrière Hills, Montserrat ; le South Sister, USA ; le Suwanose-jima, Japon ; le Talang, Indonésie ; le Tengger Caldera, Indonésie ; le Tungurahua, Équateur ; l’Ulawun, Papouasie Nouvelle Guinée ; le White Island, Nouvelle Zélande ; le Yasur, Vanuatu.


En 2010, ce sont 83 volcans, – dont plus de 20 d’entre eux à 4 ou 5 reprises au cours de l’année ayant connu des jaillissements de cendres, de gaz et de vapeurs, et des explosions avec éjection de téphras et/ou de lave, soit plus de 200 phases éruptives d’intensité volcanique explosive comprise entre I et IV –, qui sont entrés en éruption : l’Alaid, Îles Kouriles ; l’Ambrym, Vanuatu ; l’Aoba, Vanuatu ; l’Arenal, Costa Rica ; le Bagana, Bougainville ; le Barren, Andaman ; le Batu Tara, Indonesia ; le Bezymianny, Kamchatka ; le Bulusan, Philippines ; le Chaitén, Chili ; le Cleveland, Île Chuginadak ; le Colima, Mexique ; le Concepción, Nicaragua ; l’Ebeko, Île Paramushir ; l’Egon, Indonésie ; l’Ekarma, Îles Kouriles ; l’Erta Ale, Éthiopie ; l’Etna, Italie ; le Fukutoku-Okanoba, Île Volcano ; le Dukono, Halmahera ; l’Eyjafjallajökull, Islande ; le Fuego, Guatemala ; le Galeras, Colombie ; le Gaua, Îles Banks ; le Gorely, Kamchatka ; l’Ioto-Iwo-jima], Île Volcano ; le Kanlaon, Îles Negros ; le Karangetang-Api Siau], Île de Siau ; le Ketoi, ïles Kouriles ; le Karymsky, Kamchatka ; le Kharimkotan, Îles Kouriles ; le Kilauea, Hawaii USA ; le Kirishima, Japon ; le Kizimen, Kamchatka ; le Kliuchevskoi, Kamchatka ; le Krakatau, Indonésie ; le Llaima, Chili ; le Machín, Colombie ; le Manam, Papouasie Nouvelle Guinée ; le Mauna Loa, Hawaii USA ; le Mayon, Philippines ; le Merapi, Indonésie ; le Melimoyu, Chili ; le Miyake-jima, Japon ; le Nevado del Huila, Colombie ; le Nevado del Ruiz, Colombie ; le Nyamuragira, Congo ; le Nyiragongo, Congo ; l’Ol Doinyo Lengai, Tanzanie ; le Pacaya, Guatemala ; le Pagan, Îles Mariana Islands ; le Piton de la Fournaise, La Réunion ; le Planchón-Peteroa, Chili-Argentine ; le Poás, Costa Rica ; le Popocatépetl, Mexique ; le Rabaul, Nouvelle Bretagne ; le Redoubt, Alaska ; le Reventador, Ecuador ; le Rinjani, Indonésie ; le Sakura-jima, Japon ; le San Cristóbal, Nicaragua ; le Sangay, Équateur ; le San Miguel, Salvador ; le Santa María, Guatemala ; le Sarigan, Îles Marianes ; le Sarychev Peak, Île Matua ; le Semeru, Indonésie ; le Seulawah Agam, Indonésie ; le Shiveluch, Kamchatka ; la Soufrière Hills, Montserrat ; le Stromboli, Italie ; le Suwanose-jima, Japon ; le Taal, Philippines ; le Tengger Caldera, Indonésie ; le Tiatia, Île Kunashir ; le Tongkoko, Sulawesi ; le Tungurahua, Équateur ; le Turrialba, Costa Rica ; l’Ubinas, Pérou ; l’Ulawun, Nouvelle Bretagne ; le Villarrica, Chili ; le Yasur, Vanuatu.


Si certains médias ont publié récemment une prévision annonçant la destruction de la planète par les éruptions volcaniques et si certains « cataclysmistes apocalyptiques » braillent, à qui veut les entendre, qu’il va se succéder, à cadence effrénée, des catastrophes naturelles, – tempêtes, inondations, tremblements de terre, éruptions volcaniques, explosion de supervolcans, etc… etc.. – qui généreront la fin du Monde en date du 21 Décembre 2012, il est tout à fait absurde d’y donner quelconque crédit. En effet, depuis le début de la formation du système solaire et des planètes qui le composent, du moins, pour être plus compréhensible, depuis les prémices de l’histoire humaine, les évènements cataclysmiques, d’origine naturelle, chamboulant parfois la face de la Planète Terre, n’ont cessé de se produire. Et tous ceux qui frappent notre imagination, au cours de la dernière décennies et des deux ou trois précédentes années, sont bien moindres, en nombre, en force et en puissance, que par le passé… Mais les « fondus de l’Apocalypse » vont immédiatement rétorquer que « Sauf, que le tsunami du 26 Décembre 2004, en Asie du Sud-Est, et ses 220.000 victimes, avait un caractère hors du commun de plus, le tremblement de terre l’ayant provoqué avait été perçu dans le monde entier, – en vérité ressenti à 5.000 kilomètres autour du foyer sismique , ce qui est grandement différent et plus restrictif -, que le séisme du 12 Janvier 2010, en Haïti, avait causé la mort de 200.000 personnes, et que les aléas sismiques se multipliaient sans raison compter… » Il en est vite oublier, entre autres(1), « les trois séismes du 21 Octobre 1907 : Thien Chan, Chine, magnitude 8.1, plus de 10.000 morts ; Samarcande, Ouzbékistan, magnitude 7.9, plus de 10.000 morts ; et Karatag, Tadjikistan, Turkestan, Russie, magnitude 8.0, 12.000 morts »; celui du « 28 Décembre 1908 : Messine, Italie, magnitude 7,5 d’une durée de 37 secondes, officiellement 84.000 mais plus exactement plus de 100.000 morts » ; ou tels autres du « 16 Décembre 1920 : Haiyuan, Ningxia, Kansu, province du Gansu, Chine, magnitude 8,5, 180 000 à 230.000 morts suivant les rapports officiels » ; du « 01 Septembre 1923 : Kanto, Japon, magnitude 7.9, 142.800 morts » ; du « 22 Mai 1927 : Xining, Chine, magnitude 8.3, 200.000 morts » ; du « 23 Mai 1927 : Nanchang, province de Jiangxi Sud, Chine, magnitude 7.9, 80.000 morts » ; du « 25 Décembre 1932 : Changma, Province du Gansu, Chine, magnitude 7.6, 70.000 victimes » : du « 31 Mai 1935 : Quetta, Pakistan, magnitude 7.9, 60.000 morts » ; du « 05 Octobre 1948 : Achkhabad, Turkmenistan, magnitude 7.3, 110.000 morts » ; du « 31 Mai 1970 : Chimbote, Pérou, magnitude 7.9, 50.000 morts recensés » ; du « 27 Juillet 1976 : Tangshan, Chine, magnitude 8,2 mais officielle 7.5, chiffres officiels 242.419 morts, d’autres estimations, tout autant officielles, faisant état de 500.000 à 800.000 morts, directes ou indirectes » ; etc… etc…


Quant aux cataclysmes vulcaniens déclenchant la fin du Monde dans moins de deux ans…, – ce qui est insensé à toute pensée humaine équilibrée -, il faudrait, lors, s’attendre à l’éruption simultanée de tous les volcans de la Terre. Certes, de telles éruptions se sont produites il y a quelques 10, 22, 30, 40, 49 et 60 millions d’années et elles ont toujours causé des destructions catastrophiques sur la planète, mais l’absence d’augmentation de l’activité sismique enregistrée ces dernières années, conforme aux moyennes éruptives stables, – entre 70 et 90 volcans entrant en éruption annuellement -, depuis plus de 200 ans, en interdit toute malveillante interprétation. Alors Mesdames et Messieurs des Médias, et les « cataclysmistes apocalyptiques » réfrénaient vos ardeurs, restaient les pieds sur Terre… et cessaient donc de faire du sensationnel, de l’extraordinaire et du catastrophisme à deux francs six sous…

Notes.

(1) Des séismes et des Hommes. Tome I, Raymond Matabosch. 2010, ouvrage de vulgarisation.

Des extraits de cet ouvrage sur http://www.mediapart.fr/club/blog/raymond-matabosch/290111/des-seismes-et-des-hommes-tome-i-de-raymond-matabosch