« Des ires de femme » d’Angélique Allain

Avec « Des ires de femme » d'Angélique Allain, nous allons plonger au cœur des émotions de cet auteur. Les poèmes se veulent vrais, francs et honnêtes, avec parfois une pointe de tristesse, une pointe d'amertume, une pointe de colère, mais surtout avec beaucoup d'amour, surtout à sa famille et aux enfants.

Un retour au fond de soi pour mieux extérioriser à l'écrit ses ressentis, la plume trace des contours sans arrière-pensées, l'encre laisse le souvenir d'un vécu, d'un esprit éprit de justice et de compassion, toujours en quête de ce qui peut être vrai dans la vie… elle veut juste avoir le temps de dire à ses enfants, à sa famille, qu'elle les aime, et que rien n'est plus beau que l'amour que l'on peut donner aux êtres.

Sandra Géraldès-Forasté : Bonjour Angélique, je suis très heureuse de te rencontrer pour ton interview, suite à la sortie de ton livre « Des ires de femme », que je viens de finir de lire ; des questions se sont posées sur ma feuille blanche…

En premier lieu, peux-tu te raconter ? Qui est Angélique la poétesse ?

Angélique Allain : Je parle très mal de moi. Quelqu'un a dit un jour : « À force de ne parler que de soi, on finit par croire qu'il n'y a que ça qui existe et qu'il n'y a que ça d'intéressant. » Je ne veux pas en arriver là. Les poèmes sont toujours plus importants que le poète, ceci n'étant que mon humble avis.

Sandra G-F : Peux-tu nous parler de ce livre « Des ires de femme », et pourquoi ce titre ?

Angélique Allain : Alors ce titre ! Ce titre je le dois à Pant (Patrick Duquoc) qui m'a grandement aidée. Au départ j'avais pensé à « Plaies' ire de femme », il m'a conseillé celui que l'on connaît. Quant au pourquoi, sans doute parce que j'écris mes colères et tout ce qui me révolte, mais aussi ce qui me tient à cœur…

Sandra G-F : Comment est né ce recueil ?

Angélique Allain : En vérité, j'écris énormément comme beaucoup, je pense ! J'ai donc beaucoup de textes … C'est vrai que pour celui-ci, j'ai fait appel à Marlen Guérin pour la couverture, je voulais quelque chose qui me ressemble. J'ai choisi des textes qui s'accordaient entre eux en fonction de mon vécu. Je suis très contente du résultat.

Sandra G-F : Il y a dans tes écrits le sujet de la mort qui revient, parle-moi d'elle… En as-tu peur ?

Angélique Allain : J'avoue que je ne savais pas que je parlais autant d'elle !! (Sourires).
On n'y échappera pas de toute façon (rires). L'écrire autant est sans doute, inconsciemment, une façon d'en avoir moins peur. On est tous marqués par des pertes d'êtres chers et on se rend vite compte que la vie ne tient pas à grand-chose. Que certaines guéguerres ne valent pas la peine d'exister ! Que rien ne vaut la vie alors pourquoi la gâcher ?

Sandra G-F : Dans plusieurs écrits, tu te poses des questions… Que penses-tu de la vie dans laquelle tu évolues ? Qu'est-ce que tu changerais dans cette société ?

Angélique Allain : En réalité, c'est toute notre société sur laquelle je me questionne. Et pour avoir lu d'autres auteurs (toi entre autres (rires) on s'en pose tous !! J'ai l'impression qu'il n'y a plus de valeurs, que l'on a raté des choses avec les jeunes, que les décalages qui existent sont d'immenses fossés. Moi, j'ai de la chance, aujourd'hui, je ne manque de rien, j'ai un métier, je mange tous les jours. D'autres n'ont pas cette chance, d'autres en ont trop. Il y a un égoïsme commun, on détourne nos regards, on parle à voix basse … Quant à ce que je changerais, Ouaah ! C'est impossible de répondre. Qu'il n'y ait plus d'armes pour commencer ! Je suis utopique, non ???

Sandra G-F : Tu parles beaucoup de la violence aussi… A quoi te renvoi-t-elle ?

Angélique Allain : À mon enfance. Voilà je t'ai dit un truc hyper intime !! (Rires)

Sandra G-F : Dans tes poèmes, le mot enfant revient. Qu'est-ce que t'apporte le regard d'un enfant ? Sont-ils une source d'inspiration pour toi ?

Angélique Allain : Les enfants sont notre avenir, nos espoirs. C'est en eux qu'il faut croire, à cette fantastique vision des choses. Ils sont naïfs, rêveurs, gentils. Tout ce que nous, nous ne sommes plus. Les enfants c'est LA VIE ! Les miens sont tout pour moi, ils me prennent du temps et tant mieux, ils m'empêchent de penser quand ça ne va pas bien, ils m'obligent à me battre, à toujours y croire. Je reprendrai une chanson de Goldman : « (…) Ca fera peut-être des cadavres pour leur saleté de bombes, mais aussi des cerveaux pour ne pas qu'elles tombent, abcd, fais des bébés (…) ». Mais qu'on les laisse grandir et évoluer à leur rythme. Que ça soit à nous de nous adapter à eux et non à eux de devoir s'adapter à nous. Qu'ils aient le temps d'avoir les bonnes bases, parce que c'est comme ça qu'on est des adultes solides …

Sandra G-F : Tes pensées sont assez philosophiques, lorsqu'on lit tes poèmes comme celui qui commence par « Et si la fin »… As-tu ta philosophie de la vie ?

Angélique Allain : Fais que mon prof de philo ne lise pas ça … J'avais 5 de moyenne. (Rires). J'ai bien une philosophie, mais ce n'est pas celle de tout le monde. En réalité, je me demande ce que nous aurions été si nous avions vécu lors de la Seconde Guerre mondiale, qu'aurions-nous fait, nous, face à un Hitler ? Non, je voudrais juste que l'on mesure la chance que l'on a d'être dans un pays libre et en paix. Elle est difficile ta question là ?? C'est quoi la tienne de philosophie ?? Hou ! Hou ! Un peu d'aide s'il vous plaît !! (Rires)

Sandra G-F : On sent beaucoup de combativité chez toi, dans la lecture de certains poèmes, qui sous-entend donc une souffrance réelle, me tromperais-je ?

Angélique Allain : Non tu ne te trompes pas. Je fais partie des adultes qui n'ont pas les bonnes bases. Les douleurs, je vis avec, que puis-je faire d'autre d'ailleurs ? J'ai juste appris à vivre avec et presque, à les aimer. Ça fait partie de moi maintenant. Le plus difficile étant de faire face lorsque tout remonte à la surface … parce que ça remonte de temps en temps …

Sandra G-F : Je voulais savoir aussi pourquoi il n'y a aucun titre à tes poèmes, est-ce voulu ?

Angélique Allain : J'avais juste envie que le lecteur ait cette liberté d'imagination. Il est d'ailleurs intéressant de voir la diversité des titres donnés.

Sandra G-F : As-tu rencontré des difficultés à l'élaboration de ton livre ? Si oui, lesquelles ?

Angélique Allain : Non aucune difficulté. Tout est allé très vite, mais j'étais mieux préparée que pour le premier où je n'y connaissais rien. Je suis moins dans l'inconnu maintenant !!

Sandra G-F : Ta rencontre avec Guy Boulianne et les Mille Poètes, tu peux nous la raconter ?

Angélique Allain : EXTRAORDINAIRE ! Guy est un pro jusqu'au bout des cheveux ! Toujours dispo, toujours à l'écoute. Je l'ai rencontré par hasard via anciennement « viaduc », aujourd'hui « viadéo ». En lisant mon annonce, il m'a proposé de venir sur Mille Poètes. J'ai débarqué sur ce site qui m'a séduite. Puis je lui ai posté mes textes qu'il a approuvés. Puis je me suis vite retrouvée avec mon premier recueil dans les mains. Guy fait un travail de titan, toujours impeccable. Il a toute ma confiance.

Sandra G-F : As-tu d'autres projets d'écriture ?

Angélique Allain : Je crois qu'on en a tous, toujours. C'est comme si tu demandais à un sportif de haut niveau s'il désirait aller aux Jeux Olympiques. J'adore écrire et il n'y a rien de tel lorsque tu ne sais pas tout dire. En revanche, j'aime bien que ça soit fait à distance, que ça soit réfléchi. Je m'entourerai de gens comme il y a sur Mille Poètes. Puis c'est un bébé qu'il faut faire grandir, les miens sont encore nourrissons !! (Sourires)

Sandra G-F : Je te remercie d'avoir consacré du temps pour répondre à mes questions.

Angélique Allain : Merci à toi pour le temps que tu m'as accordé. Pour tes questions sensées … et difficiles (rires). Merci aussi de m'avoir lue !!!

Sandra G-F : Ce fut sincèrement pour moi, un véritable plaisir Angélique.

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Entrevue de Sandra G-Forasté
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Mille Poètes LLC
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