Des histoires à dormir debout



Abraham Lincoln, outre d’avoir été l’un des premiers présidents américains, pères fondateurs du pays, il se serait adonner à la chasse aux vampires. Troquant sa plume et ses livres de lois contre des pieux en argent et des fioles d’eau bénite, il aurait eu pour mission secrète de défendre la nation contre une menace restée secrète pour ne pas effrayer les âmes sensibles. Les vampires auraient été légion et voyaient leur rangs s’agrandir entre 1607 et 1865, et s’ils n’avaient pas été occis par notre cher Lincoln, ils seraient certainement parvenus à prendre le pouvoir pour nous plonger dans une ère de ténèbres. 



Ce mercredi 8 aout, sort au cinéma un film atypique au scénario improbable, produit par Tim Burton, réalisé par Timur Bekmambetov, le génial mais néanmoins méconnu réalisateur de Day WatchNight Watch et Wanted, celui-ci met en scène le héros de la guerre de Sécession en lutte contre les suceurs de sangs. Il s’agit de l’adaptation sur le grand écran du livre éponyme, écrit par Seth Grahame-Smith, sorti en 2010 et placé dans le haut du tableau des best sellers selon le New York Times. Au programme des réjoissances, du sang, de la violence et des effets spéciaux à tous les coins de bobines. Le film nous offre l’occasion de plonger dans le journal d’Abraham, interprété par Benjamin Walker, vu dans Mémoires de nos pères, et de mettre à mal la légende en prouvant que tout cela est véritable. Cela peut occasionner de bons éclats de rires si on prend l’histoire au 36ème degré. Certes on est loin du sérieux d’un Godard ou d’un Rohmer et des mélodramatiques films de Douglas Kirk mais c’est aussi ça le cinéma. 



Cette histoire de bouteur de démons sortis tout droit d’un autre monde,n’est pas la seule fable existant sur Lincoln, le 16ème président des Etats-Unis. En effet, d’étranges coïncidences existent entre lui et John Fitzgerald Kennedy. 



Un siècle sépare leur accession respective au Congrès, 1846 et 1946, tout comme leur accession à la présidence, 1860 et 1960, la date de naissance de leur successeur, 1808 pour Andrew Johnson et 1908 pour Lyndon Johnson, et la date de naissance de leur assassin, Booth est né en 1839 et Oswald en 1939. D’ailleurs, les deux criminels ont été abattus avant leur procès. Tous deux ont du faire le deuil d’un de leur enfant, mort, lors de leur séjour à la Maison Blanche. La secrétaire de Lincoln s’appelait Kennedy et la secrétaire de Kennedy s’appelait Lincoln. Dans le premier cas, c’est le hasard, dans le second, JFK a peut être fait exprès, à moins que la secrétaire ait eu des arguments physiques non négligeables. JFK, DSK, même combat.



Les légendes urbaines, généralement inspirées du folklore local, sont des histoires que l’on aime se raconter pour leur aspect étrange. Souvent on les tient d’amis d’amis, de quelqu’un qui l’aurait entendu de quelq’un d’autre qui l’aurait lui aussi hérité d’une tierce personne. Leur fondement n’est pas avéré mais peu importe on les prend pour dites, une façon d’agrémenter notre quotidien un peu trop morne de temps à autre. Puis raconter une bonne histoire faisant frémir les auditeurs, c’est toujours une satisfaction personnelle. Tout y passe, biologie, histoire, politique, cuisine, amour, sexe, etc. Tout. Mais vu que nous sommes sur un thème historique, autant le rester. 



Par exemple lors de la conquête de l’espace, nous avons eu droit aux plus folles spéculations. On dit par exemple que, l’équipe de Neil Armstrong n’a jamais posé le pied sur la Lune, que toutes les images ont été tournées dans un studio aux USA ou bien dans le désert. D’autres rajoutent une couche en disant que, ce sont des rushes non traités de 2001 l’Odyssée de l’espace, sorti en 1968. Il faut comprendre que le coup aurait été habile pour déstabiliser leurs ennemis soviétiques en perpétuelle avance dans le domaine. Des détails anodins viennent étayer cette croyances, ainsi le drapeau flotte alors que sur le satellite sélène, or cela est impossible à cause de l’absence d’atmosphère. Les cartésiens et la NASA ont rétorqués en disant qu’il y avait un mât horizontal tenant la partie haute du drapeau. 



Notre beau pays regorge de légendes de ce type. A Paris, on colporte le fait que la Pyramide du Louvre, dessinée par Pei, comporterait 666 plaques de verre, tout comme le nombre du Diable. Des malins les ont vraiment comptées, il y a au total 673. Il y aurait, comme dans tous les égouts des grandes villes, des crocodiles qui se déplaceraient en toute liberté dans les entrailles de la ville Lumière. Ils auraient été amenés par des touristes américains qui s’en seraient débarrassés en les jetant dans les toilettes. Cette affirmations est scientifiquement impossible, il vit peut être beaucoup de choses dans les réseaux souterrains de la ville mais les alligators ne le peuvent. L’eau de mauvaise qualité et le manque d’ensoleillement ne permettent pas la croissance de sauriens.  



Le dramaturge français Jean-Baptiste Poquelin, alias Molière, celui qui a donné son nom à notre belle langue fleurie, pleine de sens, de contre sens et de nuances, n’aurait pas été le père de ses textes, il n’en aurait été que le signataire. De fausses accusations qui touchent également son homologue anglo-saxon, Shakespeare. 



Pour finir avec cet article où la frontière entre vérité et mensonge est tellement mince qu’ à côté, une personne souffrant d’anorexie pourrait paraître obèse et surtout pour ne pas faire une liste non exhaustive, laissez moi vous raconter une histoire. Elle met en scène George Washington, surnommé « L’homme qui ne pouvait mentir ». Un jour, alors qu’il était enfant, dans les années 1740, il aurait, avec sa hache, coupé un arbre que son père aimait par dessus tout. Un cerisier d’une magnifique stature. Papa Washington, entendant les bruits de craquements et celui de l’arbre s’écrasant lourdement sur le sol, apparut à toute vitesse, rouge de colère. Bouillonnant de rage, il demanda qui était le fautif ? George aurait pu dénoncer n’importe quel ouvrier travaillant sur les plantations de son père, cependant, il se dénonça bravement. Son père, devant autant de courage, ne le punit pas. Moralité, au lieu de cacher la vérité, mieux vaut la dire, les conséquences ne sont pas toujours aussi terribles que prévu. 

 

Une réflexion sur « Des histoires à dormir debout »

  1. Si, si, j’vous assure qu’il y a des crocodiles dans les égouts de Paris : j’en ai encore vu un qui plongeait dans un avaloir la semaine dernière…
    À moins que ce ne soit un tee-shirt Lacoste, finalement ?

    Belle nuit étoilée !
    Tiens, oui, il devrait y avoir plein d’étoiles filantes, ces nuits-ci… Remettez-leur mon bonjour !

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