On nous rabâche les neurones avec des slogans biens pensant, on n’arrête pas de nous dire qu’il faut consommer 5 fruits et légumes par jour. Manger des produits naturels, remplis de pesticides, pour que nous jours soient rallongés, pour que notre organisme s’améliore et reste sain. On nous vante également, les supposés mérites de l’agriculture biologique. Une forme de culture, sans aucun éléments chimiques et nocifs, sans utilisation d’éléments toxiques pour la santé des consommateurs. BIO, 3 lettres prises comme prétexte pour gonfler les prix par 3. La mascarade écologique n’a de vert que le teint que revêt le visage des acheteurs, verts de dépenser des fortunes pour manger sain et engraisser les gros distributeurs.

 

 

Ce phénomène n’est pas propre à la France ou à l’Europe, au Japon aussi, c’est le même problème qui empêche les petits porte-monnaies à acheter des fruits et légumes.

Les produits de la Nature, remplis de vitamines, sont des produits de luxe. Afin de s’en offrir, il n’est pas rare d’hypothéquer son appartement, mais en venir à de telles extrémités, c’est un tantinet absurde.

Alors pourquoi sont ils si onéreux? Comment expliquer qu’à l’unité, une pomme puisse atteindre le prix astronomique de 2.5€, qu’une orange puisse s’échanger contre plus de 4€ et qu’un melon vaille pas moins de 35€? Non , non, vous avez bien lu, ces chiffres sont avérés. Mais cela n’est qu’un exemple, d’autres peuvent valoir bien plus chers, comme cette paire de melons Yubari achetée 10.000 euros, un jour de marché à Sapporo, en 2008, par un homme assurément avide de sa chair orangée et sucrée.

A la racine de ces tarifs exorbitants, il y a l’origine des fruits, en effet, ils sont en majorité produits sur le sol nippon. L’importation est quelque chose de rare tellement les tarifs douaniers sont décourageants et le protectionnisme est élevé.

L’Etat est un acteur important. Depuis quelques années, il organise des plans visant à augmenter le niveau d’autosuffisance du pays. Des mesures visant à alourdir davantage les taxes aux frontières, à imposer de nouvelles normes pécuniaires sur telle ou telle transaction et en subventionnant un peu plus les agriculteurs.

Les plantations sont généralement de petites tailles, en moyenne 2 hectares, afin qu’elles soient rentables, les prix se doivent d’être conséquents. Le gouvernement pousse également les fermiers à se délaisser du riz, la culture principale, pour s’orienter vers celle des fruits et des légumes. Le volume des récoltes et les prix suivent des volontés nationales, ce sont les membres du gouvernement qui décident combien et à quel prix ils vont se vendre. Il ne faut pas omettre le rôle non négligeable des grands distributeurs qui profitent, dans le prix de revente, d’une très large marge. On limite volontairement la quantité pour gonfler de façon superflu les prix.

Les positivistes diront que malgré un prix élevé, ils sont d’une qualité supérieur et d’une beauté à toute épreuves, les miss monde de la catégorie. Mais derrière cette façade, il faut savoir qu’il se cache de très nombreux sacrifiés. Si un fruit, ou un légume, n’est pas bien paramétré, c’est la guillotine ou plutôt la poubelle. Les difformes et les estropiés finissent leur vie dans des sacs poubelle. Les personnes réalistes diront qu’il y a des bémols. Certes, les fruits ont une belle apparence mais le goût n’est pas toujours au rendez vous. Une jolie pomme à la saveur de terre et on en a gros sur la patate.

Alors pourquoi les japonais ne se révoltent pas contre ces abus? Tout simplement car les nippons n’ont pas la révolte dans le sang, ils sont éduqués de telle sorte qu’ils se soumettent.Ce sont des consommateurs idéals, ils ne posent pas de questions et alignent les yens pour acquérir les biens dont ils ont besoin ou sinon, ils se résignent. Autre raison à cette inertie, la culture. Ils ne possèdent pas la culture des fruits et légumes comme dans nos sociétés. Pour eux, les fruits sont souvent cantonnés au désert tandis que les légumes accompagnent les plats. Toutefois, tous les fruits et légumes ne sont si onéreux, on peut parfaitement trouver des melons à 600 yens ou des pommes à 100 yens, tout comme les carottes, les navets, les aubergines, les pousses de soja, les poireaux ou encore les radis sont abordables pour toutes les bourses.

Globalement, les fruits ont un coût si élevé qu’il n’est pas rare de s’en offrir comme cadeaux. Pour des français, comme nous, cela peut paraitre étrange mais on s’offre bien des chocolats, alors pourquoi pas des fruits, d’autant plus que c’est meilleur pour la santé. Peut être qu’un jour, sur l’archipel, les enfants demanderont au père Noel de leur rapporter une caisse de pommes et des barquettes de fraises au lieu de la nouvelle console à la mode ?