Cela pourrait être un fait divers comme il y en a tant, le triste récit d'un accident de la route ce dernier dimanche, avec deux jeunes gens qui roulent inconsciemment sans casque sur une petite moto, et qui malheureusement y perdent la vie… Mais cet accident s'est produit dans un quartier dit sensible, au coeur de Villiers-Le-Bel, et avec une voiture de police, ce qui a aussitôt embrasé tout le département. Les premiers résultats de l'enquête  annoncent pourtant que les policiers ne seraient pas dans leur tort, mais ce serait vu refuser une priorité, et si la voiture roulait vraisemblablement à vitesse réduite, tandis que la petite moto avait sa vitesse la plus élevée enclenchée, l'impact fut fatal. A combien roulait la moto? Une source non fiable m'affirme que c'était à 80 km/h.  Ce type de véhicule n'est pas  homologué pour se rendre sur une route.
Dans le déroulement des faits, il semblerait qu'aussitôt après l'accident de nombreuses personnes se seraient réunis autour des deux jeunes garçons à terre, ce qui aurait eu pour effet de faire fuir les policiers, et d'empêcher les pompiers de tenter de les réanimer correctement. La voiture dont l'image est diffusée dans de nombreux journaux devrait son capot littéralement défoncé à l'acharnement de quelques "jeunes" du coin, avant que d'autres personnes ne viennent la garder, pour qu'elle échappe, plus tard, à l'instar de nombreuses autres voitures, au feu. Dès le premier soir, au pied des immeubles et non loin du théâtre de l'évènement, une rumeur s'étend: "ils" l'auraient fait exprès, "ils" auraient provoqué l'accident. Lorsque le commissaire de police, soucieux de calmer les esprits se rend sur place, il est chassé à coups de barre de fer et doit se rendre dans un état grave à l'hôpital, ayant le nez et les côtes cassées.

Le maire de la ville  tente de calmer les esprit, sans succès. Plus tard dans la nuit de dimanche, les affrontements commencent, à 200 mètres du lieu de l'accident, avant de s'étendre, faisant dans la nuit 24 blessés parmi les policiers, dont 2 graves, puis dans la nuit qui suit 64 blessés de plus dont 5 graves. Deux journalistes aussi seront blessés dans les affrontements, plusieurs dizaines de commerces seront incendiés, des restaurants, une antenne du trésor public est dévastée, et deux commissariats incendiés, tout comme une… bibliothèque. Les émeutes se sont étendues dans tout le Val d'Oise, de Villiers le Bel à Sarcelles, en passant par Argenteuil, Cergy, Ermont, Goussainville ou encore Fosses.
Le souvenir des émeutes de l'année 2005 revient dans les esprits. Deux jeunes garçons se croyant à tort ou à raison poursuivis par la police s'était caché dans un transformateur EDF, et l'un d'eux avait péri électrocuté tandis que l'autre restait gravement blessé, ce qui avait entamé un enchainement de violence, avec son cortège de véhicules brûlés, d'affrontements avec la police, et de bâtiment publics incendiés, des écoles maternelle mais aussi des bibliothèques et dans une manifestation, à la mémoire du jeune homme électrocuté, une affiche: mort pour rien. C'est bien en référence à ce message qu'un écriteau a été déposé dans Villiers Le Bel, et reprenant le "mort pour rien".
Les forces de l'ordre craignent que les nuits se succèdent avec une amplification des violences, les départements voisins du 93 et 92 se préparant selon certaines sources à rejoindre leurs comparses du 95. "Nos collègues sur le terrain sont effarés, ils sont face à des jeunes super organisés, très mobiles et prêts à tout. C'est très chaud, ils ont vraiment la sensation qu'on veut tuer du flic" explique David Barbas, du SNOP, premier syndicat d'officiers de police . Du coté des émeutiers, on recense des armes à feu, telles que pistolets à grenaille ou fusils à pompe. Bruno Beschizza, secrétaire général du syndicat Synergie police, s'insurge de ce qu'on parle de "jeunes" préférant les termes de délinquants, voire de criminels, expliquant bien que les policiers sont visés par ces tirs par balle.
Comment les évènements ont-ils commencé? Tout juste après ce terrible accident, tous les uniformes ont été pris à partie aussitôt, les policiers se sont écartés (mais seraient restés présents à l'arrivée des secours selon le procureur ), craignant vraisemblablement  des représailles, les pompiers aussi ont jugé le climat trop tendu pour mener leur intervention correctement, et ont dû le retarder, le commissaire, qui courageusement et dans un esprit de conciliation s'est porté sur les lieux a été pris à partie également, plus tard on brûle une bibliothèque… Les délinquants se comportent comme s'ils avaient affaire à une bande adverse, démolissant des symboles de l'Etat, comme la bibliothèque… Les appels au calme des familles endeuillées n'ont pas suffi à calmer les esprits.
Après les déclarations de François Fillon  , c'est Nicolas Sarkozy lui-même qui interviendra dès mercredi, à son retour de Chine, en se rendant à Eaubonne, au chevet du commissaire divisionnaire blessé dans l'émeute, et de nombreux politiciens de tous bords se sont exprimés sur les violences de ces deux derniers jours, soulevant des sujets différents, pour tenter de comprendre cette escalade dans la violence.