Jeudi passé, un bombardier américain B 52 armé de cinq bombes atomiques a traversé le ciel des États-Unis ! Or, il faut savoir que, pour des raisons évidentes de sécurité, ce type de vol est formellement interdit depuis 1969.
En pleine guerre froide pourtant, ce type de vols était assez fréquent, et les bombardiers étaient en alerte de vol 24 heures sur 24, avec leurs armes atomiques.
Mais le 17 janvier 1966, au-dessus de Palomares, près d'Alméria en Espagne, deux avions de l'US Air force entrèrent en collision en plein vol : un Boeing KC-135 de ravitaillement et un B 52 porteur de quatre bombes H de type B-28 au plutonium. Des quatre bombes, deux explosèrent en touchant le sol, mais de manière classique grâce à leur dispositif de sécurité de mise à feu traditionnelle, libérant 4.5 kg de plutonium qui s'éparpillèrent sur plus de 250 hectares (selon l'OMS un microgramme est suffisant pour provoquer le cancer). Une autre bombe atterrit pratiquement intacte dans le lit d'une rivière asséchée, et la dernière s'abîma en mer. Elles furent toutes deux récupérées, mais le repêchage de celle en mer nécessita la mobilisation de plusieurs dizaines de navires durant près de trois mois.
Deux ans plus tard, en janvier 1968, près de la base américaine de Thulé au Groenland, un bombardier B-52 transportant aussi quatre bombes H souffrit d'une grave avarie. Lorsque le feu se déclara à bord, les membres de l'équipage quittèrent l'appareil qui ira s'écraser en mer en traversant l'épaisse couche de glace. Les Groenlandais travaillant à la base américaine partiront immédiatement avec des attelages de husky, n'ayant pour seule protection que leurs vêtements contre le froid ! Une fois sur place, ils se rendront compte que la glace s'est reformée sur le lieu de l'accident. Selon les autorités américaines, les bombes auraient explosé de manière traditionnelle au moment de l'impact, ils demanderont malgré tout à leurs employés locaux de nettoyer la glace de tout débris radioactif… avec les conséquences que l'on imagine pour ces travailleurs sans protection contre les radiations.
C'est suite à ces deux incidents graves que l'Espagne, bientôt suivie des États-Unis, interdira tout vol de bombardier atomique armé au-dessus de son territoire. Le vol du 30 août serait donc dû à une négligence, le président des États-Unis a aussitôt été averti et une enquête est en cours.