Essentiel, le combat pour les Droits de l’Homme risque d’être vain s’il est dissocié de la vigilance des citoyens.
Les droits de l’homme relèvent d’un Essentiel, et de la responsabilité de chacun des citoyens, car ils touchent à ce qui est le plus précieux de l’être humain : sa dignité individuelle et collective.

La liberté intellectuelle d’un chercheur est l’essence même de la recherche et du progrès social. Sans elle, travailler dans la recherche perd son sens. L’affaire Matelly, cet officier de gendarmerie, titulaire d’un doctorat en sociologie, chercheur au CNRS, menacé d’être radié de la gendarmerie pour avoir publié ses résultats en tant que chercheur, montre qu’il s’agit d’un problème d’actualité, en France même.

Ce principe de liberté intellectuelle n’aurait jamais dû être menacé, puisqu’il est un pilier de la démocratie.
Aucune structure n’est parfaite et toutes évoluent. Pour un citoyen ce n’est pas ce que Jean-Hugues Matelly peut dire sur des axes d’amélioration à proposer à la gendarmerie qui risque de lui faire perdre confiance en elle, bien au contraire, c’est une dynamique constructive rassurante. Ce sont plutôt l’hostilité et la rigidité de la réaction, l’absence de perspective d’évolution qu’elle nous montre ainsi, qui posent question.

La Gendarmerie est sensée garantir une application sereine des lois et veiller aux libertés accordées à chaque citoyen français. Que devient ce fondement originel ?
Une telle sanction contre le commandant Matelly, si l’avis est suivi par le pouvoir, ne pourra que renforcer le sentiment de totalitarisme que ses détracteurs lui reprochent de plus en plus. Un colonel fait brûler des paillotes en Corse et ne subit aucune sanction, un capitaine insulte ses subordonnés de propos racistes, et ne reçoit que 30 jours d’arrêt, sanction que la Direction de la Gendarmerie présente pourtant comme grave. Le fait reproché au Commandant chercheur Jean-Hugues Matelly n’est pas prévu par le Code Pénal, mais la sanction proposée est la plus élevée. Il s’exprime en tant que chercheur, fournit une analyse scientifique avec des co-chercheurs, sur les effets d’une loi en cours d’étude, et se retrouve en passe d’être radié de la Gendarmerie, déshonoré, mis au ban.

Ce droit d’expression refusé aux gendarmes empêche toute information réelle des citoyens sur un service public chargé d’assurer leur sécurité et la protection de leurs libertés.

La gendarmerie a simplement ignoré que la défense de l’image d’une institution passe d’abord par la qualité du service dont elle est responsable devant l’Etat et le citoyen, par l’attitude sur le terrain des personnels, qui doivent être exemplaires pour rester crédible lorsque l’on vient reprendre les citoyens sur leurs erreurs, comportements et infractions routières ou pénales.
C’est cette crédibilité qui renforce la légitimité et l’image de la gendarmerie. Elle passe donc par une transparence moderne et pensée, et non par une opacité sous menace implicite ou directe.

Le cas MATELLY dépasse le problème de discipline concernant un officier mais symbolise le malaise de toute une corporation qui souffre de ne pouvoir s’exprimer.
Ce silence va beaucoup plus loin car si le cas des suicides à France-Télecom est arrivé sur la place publique, il y a au moins autant sinon plus de ces gestes désespérés en gendarmerie. Mais une chappe de plomb étouffe cette réalité.

Cet officier est aimé et respecté de ses hommes et de la population :
"Retraité de l’arme ancien chauffeur du CDT MATELLY, je le soutiens car c’est un homme juste et droit, qui avant de penser aux statistiques pense à l’être humain."
"Un homme d’honneur, aimé et proche de ses hommes !"
"Un homme qui fait son travail comme pas un, qui est félicité, encore dernièrement, par son chef direct !"

Cet homme, intègre et courageux, risque donc de perdre son honneur, son rang d’Officier de Gendarmerie et être mis au ban de la société, pour avoir usé de son droit de Libre Expression dans un souci d’évolution de l’arme qu’il sert avec dévouement, auquel on oppose un "devoir de réserve" non juridiquement défini.

Si le Commandant MATELLY venait à subir une sanction, nous pourrions alors légitimement conclure que "dans ce drôle de monde où nous vivons il en coûte moins cher d’ouvrir sa braguette que d’ouvrir sa gueule"…
Il reste l’espoir que la décision du conseil d’enquête ne sera pas entérinée par le Président de la République qui est seul habilité à signer le décret de révocation de cet officier.
L’enjeu : la modernisation d’un état d’esprit, le maintien du lien entre la nation et ses militaires, la restauration de la confiance dans les structures de l’Etat à tous niveaux, pour réussir la mutation socio-économique du XXI ème siècle.