Que de mots, que de maux…
Ils ont leur poids, les mots. Moins, pense-t-on, que le choc des photos… Je ne vais pas radoter du Camus, dont M. Onfray parle à longueur de pages dans son dernier livre. (A ne pas manquer.)
Ces 2 derniers jours, quelques surprises méritent d’être offertes aux lecteurs. Cela passe comme d’autres choses et le monde continuera à tourner. Pourtant, ceux qui entendent les mots, connaissent leur sens et leurs effets, ravageurs dans l’histoire de notre civilisation, tiquent à leur usage délétère. Jusqu’au hoquet !
Par exemple, ce matin, la radio nous a informés des résultats « républicains » du Caucus de l’Iowa. Suis-je mal tombé ? Une lecture d’AFP sans réflexion ? Je ne sais pas. Mais d’un seul coup, mon Malraux s’est réveillé au fond de ma mémoire. En effet, Romney, candidat « Mormon » avait battu de 8 voix Santorum, le candidat « catholique ». Cela veut dire partisan du club de la NRA. (les flinguers.) Donc, si j’essaye de classer les éléphants républicains, je dois choisir entre la version Mormon ou Catholique ! My God !
A l’occasion des flashs horaires, ce fut le même texte sans plus de commentaires. Faut ramer, c’est loin l’Amérique !
M’est alors revenu en tête des élections juste passées. La Tunisie, le Maroc, l’Egypte. Ne voilà-t-il pas que des Islamistes avaient obtenu la majorité ! Etrangement, nous eûmes droit à des pages d’analyse sur les conséquences atroces de ces votes non laïcs. Des démocrates chrétiens en Allemagne soit, des démocrates « islamistes », quelle abomination ! Et puis les mormons, ça ne mord pas !
Le mot « républicain », gouleyant à prononcer, mémorable à souhait, pavoisant sur nos monuments aux morts est la version droitière des démocrates. Pas de quoi s’arrêter sur le mot. Sauf que…
Depuis peu, chez nous, pas loin, en Europe, il vient de disparaître de la Constitution hongroise. Le quai d’Orsay n’a pas bougé l’oreille, que je sache. Dieu protège la Hongrie, ou un truc comme ça, vient de remplacer ce mot ! Sanction ? Remarque ? Surprise ? A Bruxelles, on entérine l’officialisation des chemises brunes ou noires. Je n’ai pas eu le temps de retenir tout ce qui rappelait 1933, et pourtant je suis vigilant.
Vaut mieux nous faire peur ( La Mondialisation peureuse, chef-d’œuvre de moi-même, LOL, pub) avec ces satanés islamistes qu’avec des fachos magyars, bien de chez nous, blancs sans Allah!
En plus, on se met sur le dos la « République » turque, mais pas Budapest (Sissi en pleure). Est-ce que le pays où l’on va tourner nos pornos ou bien se refaire la mâchoire mérite de passer de l’URSS de 58, avec sang sur le pavé, à un hitler divin ?
Cela n’est pas notre affaire ! Eh bien, nous avons tort, futurs électeurs ! Déjà, l’Autriche avait pointé le bout du nez ! Mais l’Europe avait réagi. Là, elle s’en fout ! C’est aussi grave que la maladie de ce malheureux euro. Je suis de ceux, peut-être rares, qui pensent que c’est pire que la voracité financière.
Récuser qu’on galvaude les mots conduit à des maux encore plus atroces. C’est sans doute un défaut de l’âge, mais l’assumer ne me fait pas peur, merci M. Hessel !
Un article intelligemment tourné que je lis avec plaisr, comme le reste de votre prose, Jacques.
Effectivement, la definition tres française du mot Republique, se decline differemment sous d’autres cieux (dejà à Rome il y a bien longtemps). L’URSS n’était elle pas dejà une Republique Populaire, il n’y a pas si longtemps; et la Hongrie, satellite de l’URSS, l’était aussi , grace aux chars Russes, avant de devenir une democratie.
Napoleon, s’autoproclamait empereur de la Republique Française et le RU ,bien que monarchie me semble plus respecter la voix du peuple que notre 5e republique aux pieds d’un seul homme
tous mes voeux
Merci beaucoup Isa3. Et à mon tour, mes meilleurs voeux.
Unze bonne résolution de début d’année : acquérir le souci des mots pesés pour éviter la croissance ou la perdurance des maux pesants.
Et mettre derrière les mots des concepts solides conforment à la réalité
Effectivement « républicain » ne veut rien dire
Quant à « démocratie » : « Dès que nous disons le mot « démocratie » pour nommer notre mode de gouvernement qu’il soit américain, allemand ou français, nous mentons. La démocratie ne peut jamais être qu’une idée régulatrice, une belle idée dont nous baptisons promptement des pratiques très diverses. Nous en sommes loin, mais encore faut-il le savoir et le dire » (Feu Alain Etchegoyen, ex-directeur du Commissariat général au Plan dans « La démocratie malade du mensonge » )
Et il y a cent autres exemples de mots « creux », c’est à dire vidés de leur substance, donc de leur sens réel.
&élauté »,nfoemrot
dire que je suis passée devant un si bel écrit…. impardonnable de ma part.
je vogue vers d’autres cieux actuellement.
Pardon Jacques.
Bonjour Jacques MONNET
[quote]C’est aussi grave que la maladie de ce malheureux euro. Je suis de ceux, peut-être rares, qui pensent que c’est pire que la voracité financière.[/quote]
A vrai dire, c’est étroitement lié. Il suffit de considérer la puissance financière de la très discrète et très secrète Opus Dei pour s’en convaincre, non ?
Mais vous avez raison de le souligner.