Plus qu’un week-end, des vacances ou un banal voyage, j’ai eu l’opportunité de vivre en Arabie, pays du Moyen Orient très fermé à l’Occident et encore plus aux femmes. Mon mari ayant un contrat de travail là-bas je suis allée le rejoindre en fidèle épouse respectant ainsi les mots que l’on prononce lors d’un échange d’alliance. "Pour le meilleur et pour le pire, etc, etc.. Il faut suivre son mari." Je n’ai jamais trop aimé me conformer à des dictats mais celui-ci en l’occurrence me plaisait bien dans la situation donnée. Rejoindre son époux pour découvrir un pays qui relevait pour moi et comme pour beaucoup de personnes des contes de mille et une nuits!! Le rêve rejoignait la réalité.. même si la réalité n’allait pas tout le temps et peu s’en faut du domaine du rêve! Nonobstant…

 

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Un petit matin de janvier 2007 j’embarque à l’aéroport de Paris Charles de Gaulle pour Riyadh au pays du Royaume magique. Le "Magic Kingdom" celui de l’éternel et mythique Royaume d’Arabie saoudite!! A bord je suis pratiquement la seule femme. Il y a beaucoup d’homme d’affaire ou des pèlerins pour la destination première de Djedda avant La Mecque. Et comme il y a de bons musulmans à bord, Air-France leur garantit des repas sans viande de porc et sans alcool. Certains prennent leur tapis pour une des cinq prières rituelles et journalières. Ils s’accroupissent et accomplissent dans l’allée de l’avion leurs prières à Allah. D’autres se plongent dans leur livre sacré, Le Coran. Je m’étonne de tout mais je respecte ces us et coutumes.

Nous arrivons à Ryadh à 18H15 heure locale avec deux heures d’avance sur la France. Mais il fait déjà nuit ici et chaque matin vers 6H30 il fait grand jour. Nous venons de parcourir 4 700 kilomètres. Nous passons des 5 degrés de ce matin à une vingtaine de degrés! A l’approche du territoire de l’Arabie le commandant de bord nous a fait cette annonce: "en raison des règlements en vigueur en Arabie nous ne sommes plus autorisés à servir des boissons alcoolisées. Toutes boissons qui resteraient dans vos pochettes seront mises sous scellés."

A l’aéroport j’étouffe un peu. Je passe devant des centaines d’yeux masculins un peu exorbités car je suis vêtue à l’occidentale et mes longs cheveux blonds flottent au vent. Hou.. Hou.. Il faudra très rapidement aller m’acheter une abaya, sorte de long vêtement noir aux manches longues qu’il me faudra revêtir désormais systématiquement chaque fois que je mettrai le nez dehors. Le voile sur la tête ou "hijab" ne sera pas obligatoire pour moi, sauf dans les grandes surfaces commerciales où les "mutawwas" (hommes de la police religieuse du Ministère des Vices et des Vertus) veillent au grain. Là-bas les femmes en 2007 sont encore loin de porter la culotte (du moins en public) car à la maison c’est sûrement une autre histoire que pas mal d’hommes pourraient confirmer!!!

Les restaurants, je ne pourrai les fréquenter avec mon mari qu’en allant au coin réservé pour les familles car il ne faut pas mélanger des célibataires avec des femmes.. ou derrière des paravents. Il suffit de le savoir! Les musées et autres lieux publics ont des heures d’ouverture réservées aux femmes également et d’autres aux hommes. Mais pour l’heure Je suis projetée dans Ryadh par night et c’est une féerie de couleurs, d’odeurs, de senteurs. Je le tiens mon rêve des mille et une nuits… La capitale est toute illuminée par une multitude d’enseignes et des débauches de couleurs des magasins ouverts jour et nuit (sauf durant les heures de prières, mais cela sera une autre histoire que je vous conterais ultérieurement). On vit ici intensément la nuit, il fait si chaud dans la journée, et la circulation est étourdissantes et très intense ; ça klaxonne à qui mieux mieux et il vaut mieux garer ses fesses quand on veut traverser une rue à pied car les limitations de vitesse en ville on ne connait pas ici. C’est la loi du plus fort et d’énormes véhicules foncent à toute allure côte à côte parfois sur quatre voies et traversent comme des torpilles la ville immense aux portes du désert. Je n’ai plus assez d’yeux pour tout découvrir. Je voudrais aller tout de suite aux souks mais auparavant il faut déposer nos bagages à l’hôtel.

Et là c’est le choc ! Une merveille. Je suis dans le palais de la Reine de Saba, le Madareem Crown Hotel. C’est magique !! Des marbres, des dorures, des jets d’eau, des salons splendides, des tapis moelleux que l’on hésite à fouler…

Le portr{mosimage}ait du Roi Abdallah figure partout car il est vénéré par son peuple.

Je tourne, je virevolte, je m’extasie.. mais bien vite je me rends compte que je dois adopter une attitude plus réservée car les femmes se doivent d’être invisibles et muettes. Dur pour moi qui suis occidentale, très spontanée et assez indépendante ! Ici je n’aurais plus jamais le droit de sortir seule dans certains endroits et de conduire.. C’est comme cela, il faudra m’y faire. Je me vêts d’une longue jupe noire, je mets des bottes et mon foulard sur la tête. Il est urgent de nous rendre au souk pour aller acheter cette fameuse abbaya que je souhaite assez jolie car ici on ne verra plus que cela de mes vêtements, toutes les femmes à la même enseigne sombre, des ombres noires transpirant comme des damnées dans la journée car la température monte ici jusqu’à 40, 45 degrés en été, voire plus et pour certaines étouffant davantage sous un voile et une sorte de masque ne laissant apparaitre que le regard, souvent magnifique des femmes.

Allez, traversons Obaya Street, une des plus grandes avenues de la capitale à deux fois quatre voies et rendons-nous aux souks aux vêtements puis à celui aux bijoux..

Que d’aventures, que d’aventures..

Mais ceci fera l’objet d’un autre article car il va s’en passer durant trois ans… Je visiterai des lieux étranges, fascinants, lointains, où aucune européenne n’a mis les pieds, je vais être honorée.. par un Prince gouverneur d’une région, oui, être reconnue et passer à la télévision saoudienne, faire l’objet d’articles de presse sur ce que je réalise en tant que peintre, et vivre la vie sur un compound faite d’exigences, de restriction mais aussi de fabuleuses opportunités…

 

 

J’ai des photos mais je ne sais si je dois les insérer???