Non, mais, de quel bois je me chauffe ?

 

Une nouvelle usine est créée…

 

     Ne voilà-t-il pas qu’un député a subitement une idée géniale qui va nous changer la vie et surtout nos factures. Avant que son texte ne soit proposé à l’Assemblée, il faut imaginer les tenants et aboutissants de cette construction fabuleuse.

     Il s’agit de créer un système énergétique intelligent qui nous encouragera à faire des économies d’énergie. Les paramètres évoqués sont si nombreux que l’on ne même plus parler « d’usine à gaz ».

      En très bref. L’électricité, le gaz, le fuel, le bois de chauffage vont donner lieu à une tarification subtile. Une base de consommation à coût réduit, puis au-delà de cette base un coût progressif. Progressif selon la surface habitée, le nombre de personnes logées, la région climatique et l’âge du logement. Pourquoi pas celui de l’architecte impécunieux ?

     Tout çà est bel et bon, mais… l’évaluation et le contrôle, bon vent d’éolienne.

     Pour l’électricité et le gaz, il existe des compteurs. Jusque là tout va bien. Pour le fuel, faudra savoir, selon la saison, nouveau paramètre, combien de fois on remplit sa cuve.

     Et pour les cheminées, il faudra évaluer en fonction de sa taille, et celle de la maison, quelle sera la quantité de base retenue ! Elémentaire mon cher député. Vous en connaissez beaucoup qui ont les factures de leurs stères de bois ?

    Passons à l’objet du calcul : le logement. Individuel, collectif. Pour diverses raisons, le nombre de personnes logées peut être à géométrie variable au cours de l’année. Les saisons ont des aléas dont il faudra tenir compte. En temps réel et non pas comme les impôts d’une année sur l’autre.

     Selon l’âge de la maison ou du bâtiment, l’isolation est différente. Plus on est pauvre, moins le logement est correctement (nouvelles normes) isolé. Donc, plus le chauffage est onéreux ! Sur qui vont retomber les surcoûts ?

    Enfin, il faudra faire appel aux climatologues, aux météorologistes, aux géographes pour déterminer les zones en fonction des températures hivernales et estivales. Je suggère que le zonage soit établi par commune. Juste 36 000 cas particuliers à traiter.

    Bonus, donc, pour les mini consommateurs et malus pour les gaspilleurs.

    Il va aussi falloir contrôler le nombre de gens logés, la surface habitée. En même temps, ne devrait-on pas en profiter pour faire un recensement grandeur nature ? Cette nouvelle profession devrait logiquement permettre d’engager une masse de contrôleurs assermentés qui iront grossir la fonction publique !

    Une appréciation rapide de cette idée géniale laisse à penser qu’il faudra des années pour la mettre en œuvre.

    Je suis persuadé que les frontaliers se feront livrer du fuel depuis le pays voisin. D’autres, chauffés au gaz, riront jaune quand ils payeront un malus pour une bicoque tandis que la belle maison mitoyenne reste dans la tranche du bonus. Que de savoureuses querelles en perspective !