à la formation d’une droite intégrée, qui peut le croire ?

La droitisation dans la campagne présidentielle opérée par Sarkozy, l’affirmation par Marine Le Pen de constituer un parti au même titre que l’UMP et le PS, la reprise des slogans proférés sur les immigrés par Sarkozy, bien qu’il eut déclaré qu’il envisageait qu’ils votent aux municipales sous condition, la remise en cause des frontières de Schengen, bouleverse la droite conventionnelle et la politique de l’UMP qui ne sait plus ou elle se trouve. La droite centriste n’a pas toujours apprécié cette hyper droitisation au point que Hervé Morin et Jean-Louis Borloo, des seconds couteaux, ont tentés de faire cavalier seuls à cette présidentielle, sans succès bien sûr. Quand au Modem de Bayrou son choix politique vers François Hollande met en cause son existence politique. Bien que l’UMP ait toujours gagné les élections sans pencher si ouvertement vers le FN, se pose pour ce parti une recomposition politique claire sur laquelle les républicains peuvent se retrouver. Les propos de Nadine Morano sur ses mêmes valeurs que celles du FN, pour être seulement élue, le soutien apporté par François Fillon à Tulle, accentue encore la déchirure de ce parti. Mais l’UMP qu’est-ce c’est ?

J’ai eu bien des difficultés pour définir ce parti. Sous le sigle UMP on trouve de tout, je dirais que c’est un ramasse tout à droite. Ses composantes vont du RPR, aux néo-gaullistes de Jacques Chirac, Dominique de Villepin, aux gaullistes légitimes de Jean-Louis Debré, Alain Juppé, Jean-François Copé, aux conservateurs libéraux de Sarkozy, Balladur, aux Gaullistes sociaux de Philippe Seguin, François Fillon, à l’ancienne UDF issue du MRP d’inspiration démocrate-chrétienne telle la branche libérale-giscardienne, Jean-Pierre Raffarin, Pierre Méhaignerie mais aussi barriste, au parti Chrétien démocrate de Christine Boutin, au Centre national des indépendants et paysans, au Centre droit de Hervé Morin, et aux Radicaux valoisiens de Jean-Louis Borloo, cette multi-droite ne suffit plus pour obtenir une majorité de gouvernement, ses électeurs modérés traditionnels ne s’y retrouvent plus. Alors pourquoi ne pas donner l’illusion d’une convergence de vues électoraliste avec le FN juste le temps de cette élection législative ? Et comme l’écrit Le Monde.fr «cela fait bientôt trente ans que la droite Française est confrontée aux poisons que le parti d’extrême droite distille dans la société Française !».

Comme pour les socialistes, du centre gauche social démocrate au Front de gauche-communistes, elle s’étend du centre droit Borloo à l’extrême droite de Christian Estrozi, Nadine Morano, de même pour Gérard Longuet quand il clame, pour leurs suffrages, que les électeurs du FN ne sont pas des pestiférés, ce qui est exact. Les appels des personnalités de l’UMP en difficulté vers les voix du FN, malgré le verrou hypocrite du secrétaire général Jean-François Copé repris par François Fillon font penser qu’il pourrait sauter plus rapidement que l’on puisse l’espérer. Pure illusion !

L’arrivée possible à l’Assemblée de représentants du FN tels Marine Le Pen, Gilbert Collard, Marion Maréchal-Le Pen … le dédouanerait, le rendant normal, donc fréquentable par l’UMP, d’autant plus qu’ils siègeraient sur les mêmes bancs. La reprise des slogans FN pour masquer la faillite de la politique menée par Sarkozy en est l’essence. Quoi proclamer d’autre qui soit porteur, la dette qu’ils ont accrue de 90 milliards ? Non bien sûr ! C’est donc le vide absolu autre le fait de clamer que les socialistes ne feraient que ruiner la France alors qu’ils commencent tout juste à gouverner en appliquant, par décrets, le programme d’élection de François Hollande. La droitisation extrême de Sarkozy pendant la campagne à donnée le feu vert. L’insistance de Jean-François Copé à s’opposer ouvertement à l’alliance avec le FN sous le prétexte implicite de ménager la droite centriste n’a plus de raison d’être, elle n’existe plus.

Nadine Morano n’a pas caché que ses valeurs rejoignaient celles du FN. Dans l’hebdomadaire d’extrême droite minute du 13 juin, elle plaide pour un rassemblement le plus large possible pour faire barrage à la gauche.

«Les électeurs du Front national n’ont pas à être rejetés de la République», «Nos électeurs sont souvent étonnés qu’on tolère des alliances entre le PS, l’extrême gauche et Les Verts qui prônent la légalisation du cannabis». Nous ne parlons pas d’alliance, mais de respect des électeurs du Front national, «méprisés, rejetés par la gauche dans le camp des anti-républicains», continue telle. Elle se définit «gaulliste et patriote». Elle précise «il y a de nombreux désaccords avec le Front national, notamment sur les questions économiques, voire de société», mais elle précise qu’elle est «opposée au droit de vote des étrangers» et qu’il y a «encore une convergence de points de vue» concernant «le renforcement des accords de Schengen».

Le propos de Nadine Morano est d’une fausseté absolue, le PS n’a fait aucune alliance avec l’extrême gauche qui est représentée par le NPA et Lutte ouvrière ! Comme elle ne peut clamer, sous le vocable d’extrême gauche, le Front de gauche, elle veut donner le change. Mélenchon ancien socialiste représente la gauche d’un parti républicain, quant aux communistes ils ont déjà été au gouvernement, même sous Charles de Gaulle ! Un grossier amalgame dont la droite est coutumier. Mais ça marche dans le rural !

Il est bien évident que l’UMP ne veut surtout pas être amené à composer avec le FN, il ne veut simplement que le vote de ses sympathisants. On voit mal Jean-François Copé, François Fillon, Alain Juppé composer avec Marine Le Pen ! Le FN sera-t-il dupe de ces appels du pied ? Son anti socialisme suffira-t-il pour donner ses voix à l’UMP. Honnêtement les socialistes sont bien plus respectables que l’UMP. Au moins, ils acceptent de discuter avec les verts, même si cela leur coûte. De plus, ils préconisent l’introduction d’une part de proportionnelle, permettant aux petits partis de s’exprimer à l’Assemblée nationale, ce que réfute l’UMP, la démocratie parlementaire n’est pas son idéologie qui est de ne faire aucun partage du pouvoir.

La dessus vient pour aiguiser le tout, le canular de Gérald Dahan l’humoriste qui s’est fait passer au téléphone pour Louis Aliot le numéro deux du FN. Au cours de cet échange téléphonique elle aurait déclaré que Marine Le Pen avait beaucoup de talent, ce qui est exact, mais aucun qui puisse redresser la France.

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Mais le comble est que François Fillon se voit obliger de recadrer son ancienne ministre sur twiter, «Nadine Morano aurait dû raccrocher tout de suite car on ne parle pas aux dirigeants du FN». Alors Nadine Morano porte plainte contre Gérald Dahan c’est tout ce qu’elle a trouvé de mieux à faire. Cela montre bien le personnage par comparaison avec tous ceux qui ont été piégés par lui, Hollande, Royal, et Mélenchon qui ont ri et n’ont pas porté plainte.

Donc deux langages et deux attitudes aux voix du FN pour ces législatives. Cela montre bien le désarroi de la droite qui devra lever son ambiguïté politique.