­­­­Dans cet article je présente rapidement comment la pensée écologique contemporaine s’est insérée dans l’éthique philosophique, donnant lieu à la notion de « écologie profonde ».  

Il y a quelques années (1974), Karl Popper, dans son livre "La connaissance objective",  déclara qu’il était un véritable « scandale » que la philosophie continue  à s’interroger sur un monde qui est, et encore plus aujourd’hui, sur le point de mourir à cause de la négligence en matière d’environnement, et donc pour tous les animaux qui nous vivent très proches. Nous constatons que, au niveau strictement philosophique, le thème de l "environnement" était, et il est encore, un produit de "niche", que les philosophes ont la tendance à sous-estimer  par rapport aux principales questions relatives à l’homme.

En 2002  sortit en Italie un beau livre de  Luisella Battaglia (“Alle origini dell’Etica ambientale” [« Aux origines de l’éthique environnementale »], que j’ai trouvé personnellement très inspirant, précisément parce que l’éthique est mise en relation avec l’écologie.

Sur les façons de ce rapport nous allons voir maintenant quelque chose. La femme auteur a commencé très bien, en définissant le thème de cette manière: « […] Nous devons surmonter la séparation, redécouvrir l’unité, développer de nouveaux modèles de pensée qui reconnaissent la valeur de toutes les formes de vie.

Dans ce cadre, " la résurrection éco systémique de la  nature (…) apparaît fonctionnelle à la formulation d’une éthique qui n’est plus remplie seulement  avec une dimension interhumaine, mais elle est capable de reconnaître nos liens avec l’univers et tous les êtres, devenu personnes […] » (voir p. 125).  Il est clair que, sur cette base, la dimension « éthique » s’élargit en ce sens que nous devenons plus responsables  devant le monde animal, car notre pouvoir sur le monde et la possibilité de détruire, augmente en peu plus chaque jour («L’homme est devenu le seigneur de la nature, dans un sens global et  planétaire, en étant capable de menacer l’existence de tout», p. 165).

Cela signifie que nous devons être plus prudents, éthiquement, à propos de ce que nous « devons faire » à l’égard de l’environnement et des animaux. L’élargissement de notre sphère éthique écologique, selon la femme auteur, implique absolument des bienfaits à l’humanité, qui, lorsqu’elle se propose des problèmes moraux « cosmiques », se développe mentalement, devenant, pour ainsi dire, plus « intelligente ».

L’élargissement de la sphère éthique vers le monde de la nature et des animaux, également, en soulignant notre sens des responsabilité, en fin de compte, nous fera encore plus sensibles en face de l’homme souffrant, que nous, devenus des hommes éthiquement « plus mûrs », nous devons nous efforcer d’éviter autant que possible.

Ça viendra en raison des effets qui nous emportera l’  « écologie profonde » (« deep ecology », distincte de l’  « écologie superficielle », « shallow ecology »), qui « apportera des changements radicaux dans notre vision des êtres humains dans l’écosystème » (p. 162). Il existe dans le livre une référence claire à Gandhi et au concept de « aimsha »: « Si ‘himsa’ (violence) veut causer des souffrances et tuer quelqu’un  dans un accès de colère, pour une fin égoïste, ou pour le désir de faire mal, l’ ‘aimsha’ s’abstienne de tout » (p. 173).

Enfin, une belle chose présente en toute cette histoire est que l’éthique « élargie » enveloppe également la politique, dans le sens que le plus grand sentiment de  responsabilité à l’égard du monde et des d’animaux n’est plus seulement propre d’un individu, mais il prendra une dimension publique.

Ce livre a une grande inspiration philosophique; mais je ne sais pas s’il a été traduit dans d’autres langues ; ce qui est certain, c’est qu’il s’agit d’une lecture que je recommanderais à tous.