C'est un message qui circule d'un blog à l'autre, d'une adresse électronique à l'autre et qui propose une journée sans achat, avec pour but d'agir contre les hausses de prix. Et cela fonctionnera nous promet-on! D'autres pays auraient obtenu, par cette initiative, rien moins qu'une baisse du prix des pâtes ou encore du pain… N'achetez pas d'alcool, ne fréquentez pas les supermarchés, n'achetez ni essence, ni tabac durant toute la journée du 4 avril, et ne vous autorisez d'achats que dans les petits commerces, et seulement en cas de besoin.

 

Le but est de faire pression sur les grands réseaux de distribution, mais aussi sur l'État,en ne se mettant pas en position d'être verbalisé, pour faire valoir que tout passe par le consommateur, contribuable et citoyen et qu'il est un maillon indispensable au bon fonctionnement de toute la société. C'est une menace précise. Il suffit d'imaginer une entreprise, toute seule, prise pour cible par le non-consommateur. Elle ne tiendrait pas longtemps.
L'action est tentante. Depuis quelques années, Le consommateur subit une hausse continue des tarifs sur chaque produit de première nécessité et de façon générale sur tous les produits, notamment depuis le passage à l'euro. Pour le constater, il suffit de convertir l'euro en franc. La différence saute aux yeux.

 

Le 4 avril est un samedi, le jour de la semaine où généralement les supermarchés fonctionnent à plein. Le jour où les ménagères, de tous âges, jouent du coude dans les rayons et remplissent leur caddie pour toute la semaine, se délestant au passage d'une bonne partie de leur salaire. Choisir ce jour n'est bien sûr pas anodin pour une telle initiative.

 

Toutefois  cette action est fatalement limitée. Une famille peut se passer de faire ses courses un samedi, elle devra effectuer les achats en retard le lundi qui suit, ou à défaut, le mardi. Mais tôt ou tard, elle devra s'alimenter. Si elle diffère ses courses du samedi au lundi, cela ne fera qu'étaler la clientèle du magasin… Or c'est un coup dans l'eau si le magasin n'en souffre pas. L'action sera, de fait, limitée, pire encore : elle contribuera à étaler sur la semaine le travail du personnel de l'établissement, ce qui est plus confortable à l'entreprise.
 
Mais ce faisant, à travers cette initiative, personne ne relève que si les grandes industries alimentaires ont pris tant d'essor, c'est bien grâce au consommateur qui achète tout ce qu'elles vendent. Nous ne sommes pourtant pas obligés d'acheter leurs produits cancérigènes, plein de conservateurs en toutes sortes, avec leur huile bon marché et leurs ignobles préparations culinaires. Nous sommes libre d'accepter la situation. Persévérer dans ces conditions est une adhésion au système du supermarché.
 
Faire la grève des achats est, dans ce contexte, une attitude presque puérile. Il suffit tout simplement de faire ses achats ailleurs. A l'heure d'internet, alors que la plupart des denrées sont accessibles du producteur au consommateur avec des produits frais et sains, nous persévérons à nous entasser dans des magasins mal aérés, pour faire la queue comme des bêtes, afin de payer à la caisse, des produits dont nous savons qu'ils ne sont pas toujours bons pour notre santé. 
 
Et pourtant… Il est plus que facile de trouver des produits à un prix plus que raisonnable, et de se les faire livrer. Accéder directement au producteur n'est pas une gageure, et cela constitue généralement un gain de temps et d'argent. En livraison, se trouvent des paniers de légumes de saison, du vin, mais aussi toutes sortes d'autres denrées avec de nombreuses soldes, notamment sur le vin. Inutile d'aller au supermarché, dans la plupart des cas…
 
Pour ceux qui ne possèdent pas de potager,c'est aussi la saison où les cueillettes ouvrent leurs portes avec généralement des produits fermiers à disposition. Les cueillettes pratiquent généralement l'agriculture raisonnée et l'on peut y cueillir des fruits et légumes bon marché. Plutôt que d'acheter des oeufs de poules élevées en batterie, autant y acheter, moins cher, ceux de poules élevées en plein air. A défaut de cueillette, les fermes ne sont pas toujours si loin des villes et l'oeuf d'une poule élevée normalement possède un goût incomparable avec celui de la pauvre bête élevée en cage.
 
De plus, la plupart des sauces que nous consommons en supermarché peuvent se faire à la maison, comme les pâtes fraîches et bien d'autres denrées. Cela prend juste un peu plus de temps, le temps de tout faire soi-même. Le marché ne pratique pas toujours des tarifs excessifs non plus, selon la ville. Il s'agit juste de faire des choix…
 
Organiser la non-consommation, pourquoi pas! Mais une journée ne suffit pas. C'est toute l'année qu'il faut lutter contre le système du supermarché et son quasi-monopole. C'est la seule façon de changer durablement les choses. Car c'est bien le consommateur qui conditionne le commerce et aller au supermarché consiste à en développer le principe…
 
On trouvera ici le texte qui encourage à la journée sans achat du 4 avril.