Les pieds s’enfoncent avec délectation dans le moelleux du sable très fin et clair autour du chalet, sur le boulevard du crépuscule de cette île minuscule nommée Gili air, située au large de Lombok… au coeur de l’archipel indonésien.
Depuis le grand lit posé sur le balcon du chalet, en plein milieu, on aperçoit d’abord la bande étroite de sable suivie d’une grande étendue d’eau tranquille et peu profonde. Les algues vertes y cèdent la place, par endroits, à des ovales d’eau parfaitement translucide, comme des puits qui inviteraient à la baignade.
Le vent lâche enfin, après avoir soufflé avec une fureur qui impose chaque jour, à la vie sur cette île une lenteur ancestrale. L’air devient ainsi paisible, en fin de journée. Les pécheurs ramassent alors d’un geste toujours lent et mesuré leurs longs filets, puis semblent s’évaporer comme des ombres dans le vent. Ils se fondent dans le paysage environnant.
Quelques passants arrivent des environs et s’installent le long de ce boulevard baigné dans la douceur des reflets orangés du soir naissant. Les conversations s’animent et se mélangent au bruit incessant des vagues jusqu’au moment où à l’horizon, le soleil touche le volcan sur l’île voisine de Bali.
Le volcan devient ainsi visible aux yeux des spectateurs, happés maintenant par l’intensité du spectacle. Le silence s’installe tandis que les deux colosses se confondent progressivement jusqu’à ne faire plus qu’un seul et même géant. Il est devant nous sorti de son brouillard et drapé de son aura fulgurante.
Le couchant disparaît dans une sorte d’accélération à peine perceptible et la nuit s’installe pour nous tenir compagnie… jusqu’à l’aube.
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