Le Mali a connu en fin de semaine dernière un coup d’Etat à la fois banal et très surprenant. Surprenant en ce sens qu’Ahmadou Toumani Touré, au pouvoir depuis 2002 passait déjà ses derniers jours à la tête de ce pays sahélien d’Afrique de l’ouest. Car conformément à la constitution malienne, ce dernier n’avait plus la possibilité de solliciter à nouveau le suffrage de ses concitoyens, après ses deux mandats bien mérités. Et, il avait lui-même indiqué qu’il ne fera pas comme ses pairs d’Afrique francophone en modifiant la loi fondamentale de son pays. Ainsi, la date retenue pour la tenue des élections présidentielle était le 29 Avril prochain ; donc exactement dans un mois. Mais, depuis le mois de Janvier dernier, un mouvement rebelle qui dit réclamer l’autonomie de la localité d’Azawad a vu le jour dans la partie nord du pays, et a déjà contraint plusieurs milliers de maliens à se refugier dans les pays limitrophes. Mais en dépit de ces troubles, ATT restait – du moins officiellement – déterminé à organiser le scrutin présidentiel à la date prévue.
C’est donc avec beaucoup de surprise que l’on a appris jeudi dernier que de jeunes soldats ont décidé de mettre fin au régime du président Touré. Et jusqu’aujourd’hui, il est difficile pour de nombreux spécialistes de déceler les réelles motivations qui ont poussé ces jeunes soldats à prendre cette voie. Il est vrai qu’ils ont dit vouloir mettre fin à « un régime incompétent du président Ahmadou Toumani Touré » qui n’a pas su gérer la crise qui sévit dans le nord du pays. Une raison qui nous semble très légère et même insuffisante pour pousser des soldats de rang à se risquer dans cette aventure très délicate. De même, face la facilité avec laquelle ces mutins ont réussi leur coup de force, l’on se demande bien comment une telle chose peut se rendre aussi facile dans un pays comme le Mali, et de surcroit contre un président lui-même militaire de formation et gardé par un corps d’élite de l’armée ?
Face à toutes ces interrogations, on est bien tenté de penser que ce coup d’Etat pourrait bien être un scénario monté par ATT, pour s’attirer la sympathie de la communauté internationale, afin de revenir prochainement au pouvoir en héros. Car ne voulant ou alors ne pouvant pas modifier la constitution pour se représenter une fois encore, il n’est pas exclu que le désormais ex-président Malien ait monté ce plan pour contourné ce verrou de la constitution. Car reconnaissons au moins avec les putschistes que ATT n’a pas fini son mandat et devrait le faire, d’une manière ou d’une autre. En politique tout est possible ! Et surtout en Afrique ; wait and see !