Alors que les dernières élections municipales, marquées par un taux d’abstention avoisinant les  80%, remontent à l’an 2010, les Beyrouthins n’ont pas fait mieux pour ce même rendez-vous du 8mai, soit six ans après. Et ce malgré un déplorable enlisement de la situation attestant de l’incompétence des responsables en exercice.

Pourtant à l’inverse du scrutin précédent, une opportunité s’est présentée à eux grâce à l’émergence d’un mouvement citoyen inédit :  sorti tout droit de la crise des déchets, ce dernier a fait son chemin avant de prendre corps sous le nom, « Beyrouth madina-ti », « Beyrouth ma ville », promettant au passage monts et merveilles. Composé d’employés, d’enseignants, d’artistes et autres activistes, connus et surtout moins connus, cette liste citoyenne a ambitionné de renverser la vapeur en prenant les commandes de la municipalité de Beyrouth : Adieu la corruption et tout ce qui va avec, panne d’eau, d’électricité, crise de déchets, course folle à la privatisation de ce qui reste du littoral, etc. Changer donc le monde sous l’impulsion d’une forme de démocratie participative chère à Ségolène Royal…

De quoi faire trembler la liste adverse de Ali Baba et les quarante voleurs,( Courant du Futur, Forces libanaises, CPL), qui se sont soudés pour la circonstance tout comme les doigts d’une main, se sont mouillés la chemise, intérêts obligent ! Le scénario David contre Goliath !

En définitive entre ras le bol, manque de confiance, usure, seuls quelque 20% des électeurs n’ont pas boudé les urnes sachant que d’innombrables infractions ont été comptabilisées. A croire que n’ayant plus rien à perdre, la majorité a fini par abdiquer.

Beyrouth Madinati n’est pas parvenu à séduire nombre d’électeurs dépités, sceptiques… Comme une montagne qui a accouché d’une souris grâce à quelques quartiers, notamment Achrafieh, ceux proches du Hezbollah.

L’intégralité des sièges du conseil municipal aurait été raflée par la liste de Hariri, dit-on, l’homme aux cheveux et à la barbichette brillantinés: « Beyrouth aux Beyrouthins », on n’a pas trouvé mieux comme slogan…Il paraît que cet ex Premier ministre qui n’est plus à une bourde près a commis celle de déposer son bulletin « élection maire » dans l’urne « élection conseil municipal » et vice-versa.

Maintenant, avec un si faible taux de participation, une mécanique rodée sans transparence, il n’y a pas de quoi pavoiser. Beyrouth Madinati de son côté refuse de s’avouer  vaincue et regarde vers l’avenir comme le laisse supposer Nadine Labaki, une des porte parole qui donne l’impression d’être en perpétuelle  représentation cinématographique.

Quels que soient le ou les sponsors derrière Beyrouth Madinati, il faudra  sans doute plus de temps, de sérieux, moins de larmes, pour faire déguerpir  ceux qui s’imaginent être propriétaires du pays et font des citoyens leurs obligés. La fin du scrutin est prévue pour le dernier dimanche de ce mois et ne devrait pas réserver de surprise.