« Ni maître ni dieu » telle est la devise de l’anarchie, courant philosophique qui s’est opposé au principe de la soumission aux lois collectives comme condition à la liberté humaine. Pendant longtemps, les concepteurs de ce mouvement ont combattu l’idée de la démocratie telle que nous la connaissons aujourd’hui, arguant que soumettre l’Homme à une quelconque loi serait l’aliéner. Cependant l’humanité devait avancer et sa volonté affichée pour quitter l’état de nature si effrayant était tellement grande que les anarchistes se sont résolus à constituer la minorité silencieuse qui éprouve encore de la nostalgie pour une nature apparente à celle des animaux sauvages.
Au 21e siècle, sous tous les cieux, les générations successives ne connaissent que brièvement ce courant philosophique qui fait l’apologie du désordre. Sauf en cote d’ivoire où les nouveaux dirigeants nous le servent chaud et dégoûtant au fil du temps et au mépris des lois fondamentales qui régissent le fonctionnement de notre cher pays la cote d’ivoire. Pendant la guerre qui a opposé le président déchu et l’actuel chef de l’état, s’il y a eu une étiquette dont ce dernier voulait se défaire, c’est celle de puschiste que les ivoiriens se sont accommodés à lui reconnaître désormais.
Alassane Ouattara avait voulu contraindre Laurent Gbagbo à signer un document reconnaissant sa victoire, afin de sortir du vide juridique qui s’était posé comme un épineux obstacle à surmonter pour arriver au pouvoir par « les urnes » et éviter le coup d’état. Chose que bien évidemment Laurent Gbagbo refusa.
N’empêche, Ouattara, fidèle à ses habitudes fait entorse à la loi et parvient au pouvoir aidé par l’armée française et les rebelles. Depuis ce jour, les arnaques à l’intelligence et à la conscience des ivoiriens se poursuivent sur fond de haine et de vengeance. La dernière mascarade en date est la destitution du président du conseil constitutionnel jugé proche du président sortant, au profit de Francis Wodié, sombre homme politique de gauche qui en trois participations aux élections présidentielles, n’a jamais pu récolter 5% des suffrages. Un véritable coup d’état d’autant que la constitution ivoirienne est formelle quant à la durée du mandat du président du conseil constitutionnel. Il est nommé pour une durée de 6 ans et exerce ses fonctions en toute liberté vis-à-vis du pouvoir exécutif. Il proclame les résultats définitifs de l’élection du président de la république, et ses décisions font autorité absolue de la chose jugée.
Pas besoin d’être expert en droit pour comprendre que la violation de la loi est flagrante alors que le mandat du président de l’institution n’est pas encore expiré au moment où Ouattara le vire pour son proche. La motivation voilée de cet énième coup d’état dont le nouvel homme fort du pays se rend coupable, est de juger à tout prix son ancien rival politique, Laurent Gbagbo, écroué en résidence surveillée depuis des mois sans notification formelle et légale de son inculpation. Selon la loi ivoirienne, aucun membre du conseil constitutionnel ne peut être jugé tant qu’il est en exercice. Seul le président de cette institution peut autoriser des poursuites judiciaires contre lui. Le président sortant Laurent Gbagbo de par son statut d’ancien chef de l’état est d’office membre du conseil constitutionnel. Il occupe cette fonction jusqu’à la fin de sa vie, et donc bénéficie de l’humilité cité ci haut. Son inculpation ne pourrait être possible que si Ouattara parvient à convaincre qui de droit à l’autoriser. C’est la raison pour laquelle il a limogé l’ancien patron jugé trop proche de Gbagbo pour permettre son inculpation, et nommé quelqu’un qui pour pourra lui permettre d’assouvir enfin sa vengeance en instrumentalisant la justice. Or, en le faisant, il viole la loi qui établit que le président du conseil constitutionnel ne peut être révoqué qu’à la fin de son mandat de 6 ans, c’est-à-dire en 2014 le cas échéant. Pour les ivoiriens, se comportement n’est en rien surprenant venant d’une personnalité dont les principes politiques se sont toujours confondus avec violence et tribalisation du débat politique, et que tout le monde connaît comme le plus grand déstabilisateur de la cote d’ivoire durant ces 20 dernières années. Aujourd’hui en cote d’ivoire, il n’y a plus d’opposition pendant que les dirigeants revendiquent la démocratie. Se promener avec un tee-shirt à l’effigie de Gbagbo c’est signé son arrêt de mort par les chiens de guerre qui pillulent les rues. Et ce n’est pas tout. « Ni maître ni dieu » telle est la devise de la première république anarchique au monde ; la cote d’ivoire.