Les gens de là bas vous le diront: leur île n’est pas une île mais une montagne. Quoi de mieux en effet pour symboliser la Corse que son GR20? L’un des circuits de randonnée les plus réputés et les plus difficiles d’Europe, près de 200km de marche, des endroits à vous couper le souffle, des efforts quotidiens, chaque jours récompensés par des points de vue et de découvertes hors du commun.

Récit de mon intinéraire: celui d’un randonneur gâté.

 

 


Le GR20, je l’ai vécu comme un défi sur moi même. Chargé d’un sac à dos de 20kg, je me suis lancé dans cette aventure hors du commun. Dès la première étape, je n’ai pas été déçu. Le dénivelé qui m’a mené jusqu’à Ortu di u Piobbu m’a confirmé que la montagne Corse se respecte plus qu’elle ne se vainc. Alors j’ai continué à marcher, à crapahuter. Passant de col en col, ma récompense à Carrozzu a été une douche (froide) en plein air. Un vrai moment de bonheur et de communion intense avec la nature toute entière. J’ai ressenti une émotion toute particulière en franchissant la passerelle de Spasimata. Peut être m’a-t-elle rappelé le film "Les Randonneurs". Mais que dire du passage au Cirque de la Solitude (E Cascettoni)? Sans doute LE grand moment de mon GR20. Arrivé en haut de Bocca Tumasginesca, je n’ai pas réfléchi, pas regardé ce qui m’attendait. Sans doute sinon ne serais-je jamais descendu. Sur mon chemin, j’ai rencontré des gens. Les gens de là bas. Fiers mais authentiques comme le sont les Corses. Et peut être plus particulièrement ceux des montagnes. Sur mon chemin, je me suis arrêté au bord du Golu. Au bord d’une des ces vasques aux eaux translucides. J’ai ensuite vu Boca San Petru et ses arbres aux formes façonnées par le vent. Un peu plus loin, j’ai vu Ninu, ce lac glaciaire à la beauté ahurissante (photo). Une nouvelle fois, j’ai fait une hâlte. Une longue hâlte. Et je me suis tû. J’ai regardé, observé, contemplé ce que la montagne offrait à mes yeux ébahis. Le lendemain, j’ai vu ses petits frères: Melu et Capitellu. Là encore je me suis tû. Simplement abasourdi. Simplement car aujourd’hui encore, je ne trouve pas les mots pour décrire ce que j’avais sous les yeux à ce moment là. Et puis de ça, on n’en parle pas. On le vit. A Petra Piana, ou se trouve le refuge le plus haut de la randonnée (1842m), j’ai vécu une nuit sous une tempête épouvantable. La force du vent me trimbalait de droite à gauche. Un moment très impressionnant que j’ai passé à regarder les nuages filer dans le ciel à la vitesse de l’éclair. Au refuge de l’Onda, j’ai découvert l’Arche de Noë du GR20. Et je me suis aussi laissé tenter par le dîner que notre hôte d’un jour, à l’hospitalité si particulière, nous proposait. J’ai ensuite découvert et surplombé la plaine d’Aléria du haut de Bocca d’Oru. A Prati, j’ai joué avec les chevaux, habitués à la présence humaine. Du Monte Incudine, après une montée terrible, j’ai aperçu la Sardaigne au loin. Là encore, les mots m’ont manqué. Ils ne sont jamais venus. J’ai ensuite passé un long moment au pied des Aiguilles de Bavelle. Pas si long que ça en fait. Car le retour à la civilisation, s’il n’enlève rien à la beauté du site, est difficile à vivre lorsqu’on a passé près de deux semaines dans la montagne. Il est bientôt temps de quitter le GR20 par une dernière étape sans difficultés. Si ce n’est celle de quitter un endroit qui m’aura fait vivre une expérience unique pendant deux semaines. Un endroit que je n’oublierai pas. Malgré les difficultés. Un endroit qui restera en moi à jamais. De part ce que j’ai vu. De part ce que j’ai vécu. De part les rencontres que j’ai faites. Et j’aurai beau montrer mes photos, raconter à mes amis, ils ne pourront comprendre ce que j’ai vécu là bas avant d’y avoir mis eux mêmes les pieds.