Sous un ciel de plomb et sous une pluie tenace, dans la grisaille d’automne parisienne, presque mille personnes se sont rendues, samedi, 20 octobre, sur la Place du Palais Royal, pour soutenir le mouvement anti-corrida.
Yves Cochet, Henry-Jean Servat, Allain Bougrain-Dubourg et le magistrat Gérard Charollois ont été parmi ceux qui ont pris la parole ce jour du 20 octobre, à côté des militants et des représentants des nombreuses associations œuvrant dans le champ de la protection animale réunies pour cette occasion : le Comité Radicalement Anti Corrida Europe, la Fondation Brigitte Bardot, Droits des Animaux, L214 Éthique & Animaux, la Fédération des Luttes pour l’Abolition des Corridas, la Brigade Anti-corrida Marseille, Animavie, Animaux en péril (Belgique), la Société Nationale pour la Défense des Animaux, Société Anti-Fourrure, le Collectif Contre l’Expérimentation et l’Exploitation Animale, l’Association Stéphane Lamart, One Voice, PETA France, la Fondation 30 millions d’amis, FUDA, l’Association Oscar et Pilitte et Klan du Loup Belgique.
Une délégation composée du porte-parole de la Fondation Brigitte Bardot, Christophe Marie, du vice-président du CRAC Europe Jean-Pierre Garrigues, de la chargée de communication de la SPA Orianne VATIN, du juriste de l’association Droit des Animaux David Chauvet et du journaliste Henri-Jean Servat a été reçue au ministère de la Culture par un représentant de la ministre, chargé du patrimoine. Il a été question du retrait de la corrida du patrimoine culturel immatériel français – l’une des demandes des citoyens rassemblés en face du Conseil d’État. Un deuxième souhait citoyen visait, le 20 octobre, la proposition de loi que la déposer Geneviève Gaillard, députée PS des Deux-Sèvres, et que les manifestants voudraient voir débattue au plus vite possible à l’Assemblée nationale.
Ce rassemblement citoyen s’est déroulé dans la spontanéité et dans l’indignation ds anonymes qui l’ont fait naître et rapidement mis en place, sur les réseaux sociaux, après que le Conseil constitutionnel avait déclaré la corrida comme conforme à la Constitution.
En effet, le 21 septembre, suite à la procédure de la Question Prioritaire de Constitutionnalité avancée par deux associations-phares dans le champ de la défense animale, le CRAC Europe et Droits des Animaux (une procédure similaire, soutenue par l’Alliance Anticorrida, avait antérieurement échoué, en juillet 2011, à cause d’un vice de procédure), les sommets de l’État ont tranché en faveur de l’incompréhensible. Puisqu’en résumé, la loi stipule que le fait de tuer un animal à l’arme blanche peut être bien acceptable (et glorifié, de surcroît, comme un sport ou comme un art des plus rémunérateurs) dans le sud de la France, en raison d’une « tradition locale ininterrompue »*, mais reste un acte punissable (et l’on parle, dans ce cas, des « sévices graves infligés aux animaux »), dans le nord ou ailleurs, sur le reste du territoire.
Depuis ce 21 septembre, dans le milieu militant français gagné par l’indignation, jaillissent quelques vieilles questions (à résonance révolutionnaire) : QUE FAIRE ? Comment se faire entendre ? Quelles voies de recours sont encore possibles ? Jusqu’où faut-il aller ? Comment répliquer à un pouvoir méprisant du peuple ? Comment expliquer aux contribuables que leurs impôts servent à financer, souvent à leur insu, une barbarie d’un autre âge ?
Par quel biais agir ? Le droit ? La loi ? La force ? Faire appel aux « Sages » aptes à bafouer le principe de l’égalité ou générer l’occupation des arènes, comme s’est produit, au prix d’un lynchage des militants que les médias ont peu diffusé, le 11 juillet 2010 à Céret (http://www.dailymotion.com/video/xe0yoy_ceret-11-juillet-anti-corrida_animals) ou le 8 octobre 2011, à Rodilhan (http://www.youtube.com/watch?v=X_dP8_73KPM) ?
Ce samedi du 20 octobre, toutes ces questions ont résonné en place publique, en démontrant, une fois de plus, que la protection des droits des animaux représente un enjeu inévitablement politique. Un beau rassemblement citoyen pour l’abolition d’une torture… légale.
Un témoignage vidéo signé Aurélien Sabu pour les absents :http://www.dailymotion.com/video/xuhld0_anti-corrida-place-du-palais-royal-20-10-2012_animals
Crédit photo utilisée : Lila Lilou.
_________________________________
* Quant au caractère « ininterrompu » de cette tradition (les guillemets sont indispensables !), à voir les historiens, les sociologues, les anthropologues qui se sont penchés sur le sujet : « En 1853, profitant du mariage de Napoléon III avec Eugénie de Montijo, des impresarii espagnols obtinrent l’autorisation d’organiser des corridas intégrales (avec picadors et mise à mort du taureau) près de Bayonne, pour une période de dix ans, malgré les dispositions de la nouvelle loi Grammont interdisant les violences publiques envers les animaux domestiques » (Eric Baratay, « Représentations et métamorphoses de la violence: la corrida en France (1853 à nos jours) », Revue historique, 1997, 2, p. 495).
Le lien correct pour la vidéo d’Aurélien Sabu n’est pas celui indiqué dans mon texte, mais celui-là: https://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=zZNSnY5P6mc#!
Lutvic
Félicitations pour votre ténacité.
Je suis persuadée qu’un jour nous parviendrons à l’abolition de la corrida qui n’est « ni art, ni culture ».
Il faut absolument en faire un débat démocratique.