Lors de sa visite en Équateur, le président du Venezuela Hugo Chavez a participé à une conférence de presse avec son homologue Rafael Correa, conférence qui a vite tourné à l’attaque en règle contre la liberté de la presse, ou ce qu’eux appellent pudiquement « contre les abus d’une certaine presse »

Pour commencer, le président équatorien a expliqué qu'il avait préparé avec Hugo Chavez un projet qu'il présenterait formellement à l'Union des nations sud-américaines (Unasur) afin de créer un organisme international chargé de défendre les gouvernements contre les abus de la presse, presse que tous deux considèrent comme le pire ennemi des gouvernements socialistes. Puis il est parti dans une diatribe dont je vous laisse seuls juges :

« Quand je serai président de l'Unasur, je demanderai officiellement que l'on crée des instances chargées de protéger les citoyens et les gouvernements contre les abus de la presse. »

Soutenu par son homologue Hugo Chavez, Correa a poursuivi : « Je promets que je débarrasserai mon pays de cette presse corrompue, instrument de l'oligarchie et principale ennemie du changement. »

Et effectivement les autorités équatoriennes ont annoncé de nouvelles résolutions afin de redéfinir les fréquences audiovisuelles selon un plan qui devrait éloigner des ondes une certaine presse qualifiée par Correa comme voulant ternir son prestige.

Haussant le ton, Correa a continué : « Un des plus grands ennemis du changement en Amérique du Sud est cette presse compromise avec les pouvoirs qui ont toujours dominé nos régions. Nous devons affronter ces pouvoirs si puissants et la presse qui travaille pour eux sera vaincue avec des lois plus fortes qui puniront toutes ses distorsions, tant de désinformation, tant de mauvaise foi et tant de corruption.

Peu après, le président du Venezuela qui tente part tous les moyens légaux de faire taire le plus grand organisme de presse d'opposition, la chaîne de télévision Globovision, a pris la parole pour critiquer l'Organisation des États américains (OEA) qui a, selon lui, refusé de toucher, même avec un pétale de rose, la presse bourgeoise complice du coup d'État qui avait tenté de l'écarter du pouvoir en avril 2002.

Pour sa part, le président bolivien Evo Morales, troisième membre du trio de la révolution socialiste bolivarienne instaurée par Hugo Chavez, a affirmé qu'il avait lui aussi des difficultés avec la presse de son pays qui mentait et était également corrompue.

Il est étonnant que, de nos jours, se soient toujours les gouvernements socialistes révolutionnaires qui supportent le moins la critique, comme si la défense du peuple commençait d’abord par la protection de ses chastes oreilles et qu’il était important de l’empêcher d’entendre ou de lire le chant des sirènes du capitalisme… comme si dans son innocence le bon peuple était incapable de discerner la vérité.

En ce début de 21e siècle, on aurait espéré voir naître un nouveau modèle socialiste et pas ces caricatures de dictature à la cubaine mimant jusqu’à l’absurde les révolutions des années soixante.