Julien Coupat est sorti de détention, il est toujours bâillonné ou presque. En ce sens qu’on lui interdit d’approfondir avec d’autres sa réflexion. Et bien, continuer à soutenir Julien Coupat, c’est peut-être moins se préoccuper des pseudo-solutions préconisées par un Jacques Attali que de demander que Jann-Marc Rouillan puisse, lui aussi, approfondir sa réflexion avec d’autres, et notamment, peut-être, s’ils le souhaitent, avec Julien Coupat…
Libé se survit en province. Libé, celui issu de l’Agence de presse Libération, et non l’organe de Laurent Mouchard, se survit dans les rédactions détachées des régions, à Orléans, ou encore à Toulouse. On le vérifie à la faveur de cet entretien entre Jean-Manuel Escarnot et Jann-Marc Rouillan, ancien d’Action directe, remis en détention sur injonction du parquet.
Aucun rapprochement abusif. Il y a très peu à voir entre Julien Coupat et Jean-Marc Rouillan. Il n’y a pas de parallèle à établir. Julien Coupat a pu réfléchir sur les Années de plomb, sur les tortures infligées en détention aux membres de la Rote Armee Fraktion. Il y a peut-être un rapprochement à établir entre l’attentat attribué faussement à Action directe à Provins, supposé viser Alain Peyreffite, son maire, ancien ministre ayant promulgué la loi Sécurité et Libertés, et la Scnf, entreprise quatre crochets comme des hôtels sont quatre étoiles. Cela resterait à établir, ou infirmer.
Pour avoir connu une proche de la famille de René Audran, je sais quel fut le traumatisme subi par ses enfants, par sa veuve. René Audran obéissait à des ordres, ceux auxquels obéissent ses successeurs qui se félicitent des hypothétiques contrats de vente de Rafale Dassault à la Lybie et aux Émirats arabes unis. Il n’était sans doute pas plus responsable que peut l’être Jacques Attali enjoignant à ne se livrer à aucune « chasse aux sorcières » à l’égard des dirigeants de la bancassurance et des secteurs financiers et réfutant par avance toute sanction à leur encontre. René Audran, tout comme le gouverneur de la Banque de France l’est de fait, était aux ordres.
Laissons l’histoire juger l’irresponsabilité de Jacques Attali, d’un Édouard Balladur qu’on n’entend plus lors des compagnes électorales alors que ses mesures pour réduire la dette de la France ont été mises aux ordures. Julien Coupat ne s’est pas fourvoyé, Jean-Marc Rouillan, si…
Ne pas écouter toujours les mêmes. C’est peut-être parce que l’on n’a pas assez entendu Jean-Marc Rouillan et Julien Coupat que ces élections européennes ont été l’insignifiante mascarade qu’on vient de vivre. Peut-être auraient-ils suggéré le vote blanc, l’abstention, ou de voter pour Gaspard Delanoë et sa liste pour une Europe de Gibraltar à Jérusalem (ou Ramallah). Voter ainsi, c’est certes dérisoire, mais c’est ne plus voter pour les mêmes, ne plus voter pour le cogestionnaire que fut Daniel Cohn Bendit en Bavière, pour un Dieudonné avide de cachets et de recettes et prêt à mimer la haine tel un Le Pen cherchant à écouler des chants nazis, pour un Bayrou piloté par le banquier Peyrelevade, pour des Aubry ou Ségolène de gouvernements ayant dénationalisé davantage que Balladur en son temps, &c.
Écouter Coupat, Rouillan et Gaby Cohn Bendit. Continuer à soutenir Julien Coupat, c’est peut-être donner davantage la possibilité d’être entendu à un Gaby Cohn Bendit. Comme Noam Chomsky, il avait soutenu Faurisson tel la corde le pendu. Gabriel Cohn Bendit avait estimé s’être fourvoyé mais sans jamais renier son point de vue « sur l’impérative liberté d’expression ». Au lieu d’écouter distraitement des diatribes ineptes pour ou contre Dieudonné, il eut été peut-être salutaire d’entendre Gaby Cohn Bendit s’exprimer au sujet de Dieudonné. Continuer à soutenir Julien Coupat, c’est cela.
Le Cassetoiconnardiste est nu. Continuer à soutenir Julien Coupat, c’est peut-être, comme le fait Stéphane Zagdanski pour le Bibliobs du Nouvel Obs’, de rappeler que l’antithèse, le pendant en creux de Julien Coupat est nu, et « ne dispose d’aucun pouvoir ». Il dispose peut-être, assurément, de celui d’être stipendié, et de jeter aux ordures ce qui, dans les recommandations des commissions Balladur ou Attali, pouvaient contribuer à réduire la dette extérieure française sans mettre à mal les financements de la Sécurité sociale, de l’École, de la Recherche, et sans chercher à tout prix à anéantir l’œuvre du Comité national de la Résistance. « L’Ubu-Maton de Paris fait engeôler le révolutionnaire qui, par sa calme invisibilité, défie sa trépignation sans objet de pois sauteur, » écrit Stéphane Zagdanski.
Continuer à soutenir Julien Coupat, c’est… C’est à vous de le dire, ce qu’il convient de faire, écrire et dire, pour continuer à soutenir Julien Coupat. C’est peut-être relire Toulouse-la-Rose, ses écrits sur Debord, dont Pour en finir, avec Debord (éds Talus d’Approche, épuisé, les éditions sont en liquidation), ses Du Singe au songe et Pensées, donc (chez Sens&Tonka), et à défaut de publier ailleurs chez Gallimard un Debord ou la diffraction du temps (de S. Zagdanski), acheter directement chez des petits éditeurs ou des libraires de proximité et plus chez Pinault ou une filiale Arnault. Vous pouvez consigner vos idées et suggestions en commentaires…
P.-S. – Pour l'anecdote, il existe, sur la Toile, un groupe « N'oublions pas Julien Coupat ». On le trouvera facilement mais on s'interrogera sur la nécessité d'alimenter ce groupe au détriment d'autres, et notamment de C4N.
cher Jef
J’ai condamné l’abus de pouvoir envers Coupat et je supporte sa libération mais je ne comprends rien à cet article où beaucoup de choses se melent sans trop de rapport.
Que Gaby , frere de Dany, se soit fourvoyé et l’ait regretté dès 80, qu’il ait coecrit sur LO des articles fantaisistes, qu’il se definisse comme autogestionnaire et ait fait des recherches interessantes en matiere de pédagogie…. quel rapport avec Coupat et l’Europe?
Et surtout, Rouillan, libéré en 81 par Miterrand et coupable en 82 de 2 assassinats, revendiqués comme politiques, quel est donc ce moyen d’expression. C’est vrai , il a connu et témoigné des pires conditions d’incarcération.
Il arrive au bout de sa peine, peut ecrire et faire de la politique, mais a t’il regretté son geste?
Pas du tout! il se prend pour un révolutionnaire parce qu’il a tué Audran et Besse.
Ne faisons pas l’amalgame entre un assassin (fut il gersois) et un doux reveur pris dans une machination qui nous depasse.
Quant à Gaby, c’est aussi un doux reveur de 73 ans. Ses idées peuvent interresser mais sont assez eloignées de l’Europe.
cordialement
d’accord avec vous, AgnèsB : il y a dans cet article beaucoup de choses qui se mêlent sans trop de rapport (et il y en a aussi certaines avec lesquelles, prises une par une, on n’est pas obligé d’être d’accord).
Mais vous allez trop loin, là où vous dites « ne faisons pas l’amalgame » -à propos de Jean-Marc Rouillan d’une part, et de Julien Coupat, d’autre part.
Car c’est bien LA MEME justice, qui est en cause.
Et il y a même, dans ce que cette justice s’est permis et continue de se permettre vis-à-vis de Julien Coupat (et des autres camarades de Tarnac), une relation de cause à effet. Car Alliot-Dati et tutti quanti n’auraient pas eu la tâche si facile sans la quasi-indifférence dans laquelle Jean-Marc Rouillan a pu être réincarcéré, après vingt ans de détention. Ou encore, et pour ici donner un autre exemple : celle dans laquelle le nommé Perben (mon dieu… quelle g…) aura pu, et pour complaire à l’Italie de Berlusconi, entreprendre de livrer des réfugiés politiques auxquels la France avait donné sa parole.
Je souligne juste une difference de taille ; l(un est toujours présumé innoncent , l’autre est coupable, n’avait pas fini sa eine, et a toujours revendiqué son acte.
J’ai peeur qu’on fasse l’amalgame en traitant Coupat de terroriste, voire d’assasin!
Quant à la justice, entre les corruptions diverses et les bourdes notoires >:(
Je ne fais pas l’amalgame entre quiconque et quiconque.
Je dis que tout le monde peut se fourvoyer.
Mais il faut comprendre quelque chose aux années de plomb et aux manipulations de l’époque pour saisir ce qui était en débat et en actions.
Jeff,
85, 86, (assasinat de Besse et consors) , des années de plomb????
J’etais plus qu’adulte à l’epoque et nous etions plus libres et moins menacés qu’aujourd’hui. Coluche ou Thierry Le Luron pouvaient faire rire sans etre menacés . Mes petites manif etudiantes des années 78/80 etaient bon enfant!
Maintenant faites attention à vos paroles sur internet:
[url]http://www.lepost.fr/article/2009/06/09/1569976_une-nouvelle-plainte-de-nadine-morano-contre-un-internaute-elle-n-a-rien-d-autre-a-faire-la-ministre.html[url]
Il y avait moins de repressions et d’écoute.
Tout le monde a droit à l’erreur et Rouillan a été jugé et condamné. Que sa remise de peine se fasse attendre , je ne connais pas assez pour commenter.
Pour les anciens des brigades rouges, Mitterand les avait aidé pour plusieurs raisons,
Sans mettre ma main au feu, il y avait un réseauu de l’OTAN , Gladio, qui etait aussi dans le coup; l’arrestation et l’extradition pour plaire à Berlusconi m’ont surprise et choquée.
mais j’aime bien ce petit jeune Coupat; il n’est pour l’instant coupable de rien si ce n’est d’etre un reveur anarchiste et d’avoir ecrit quelques articles; ce n’est pas un terroriste; vouloir l’inclure dans une mouvance terroriste violente post 68 arde me parait un raccourci macheux
Mais je n’ai jamais inclus Coupat dans cette mouvance : je dis que, justement, il a eu tout le temps de réfléchir aux impasses qui ont mené la Fraction armée rouge, Action directe, d’autres, etc., là où ils sont.
Rappelons que Pasolini avait été poursuivi pour ses écrits et sa proximité avec Lotta Continua.
Question années de plomb. Je donnais le lien vers Wikipedia.
Voici la tête de l’article :
En Europe, les années de plomb désignent une période allant grossièrement de la fin des années 60 à la fin des années 80. Elles se caractérisent par la montée et la présence dans l’ensemble des pays d’Europe de l’ouest d’un activisme politique violent, pratiquant souvent la lutte armée, tant à l’extrême gauche qu’à l’extrême droite. L’usage courant de l’attentat politique (particulièrement en Italie, en Allemagne, en France, mais aussi dans les régimes dictatoriaux espagnol et grecque) entre alors dans une logique révolutionnaire (communiste ou néofasciste). Le rôle des Etats et des services secrets dans ce qu’on appela la stratégie de tension reste encore à découvrir, même si certains faits sont d’ors et déjà connus (Gladio,…). Les historiens cherchent peu à peu à éclairer cette période trouble de l’époque contemporaine.
Donc, Chère Agnès, si 1985 et 1986 sont situées hors de cette période, expliquez-moi…
Dire qu’il n’y a pas de rapport entre les divers éléments de mon article, c’est soit ne pas avoir l’arrière-plan pour les voir, soit ne pas vouloir les voir, soit survoler. Peu importe. D’ailleurs, tant mieux si vous ne voyez pas le rapport entre Action directe et l’attentat de Provins : il n’y en a pas, il n’en fut jamais question lors du procès de Lyon, et tant Péan que Plenel – qui s’étaient intéressés de près au procès de Lyon –, quand je leur ai rappelé la revendication de l’attentat de Provins par Action directe (selon des canaux inhabituels), ont préféré hausser les épaules et ne pas répondre (ils étaient ensemble au festival du Scoop à Angers).
Il est peut-être effectivement plus judicieux, Cher Luc, de ne pas trop voir les rapports entre divers éléments. Et surtout de continuer à ne pas les voir.
… à quoi j’ajouterai que les historiens (du moins, ceux qui ont droit à s’exprimer) ne cherchent pas plus à éclairer les périodes troubles, même plus éloignées.
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Cher Jeff,
Je ne suis pas historienne, mais, j’ai du mal à ranger les annees 85 et 86 dans les années de plomb meme si la chute du Mur n’avait pas encore eu lieu.
C’etaien des années de liberté d’expression, radios libres etc. En 85, Gorabtchev à la tete de l’URSSS commençait la Peretroika, nous revions d’un monde meilleur, plus pacifiste; ce sont des années de reve, le meilleur de l’apres 68
ce qui vous apparaît politiquement comme des « années de rêve », AgnèsB, a pour d’autres un goût un peu différent : celui d’un temps où la gauche-au-pouvoir n’en finissait plus de se permettre à elle-même ce qu’à juste titre elle aurait dénoncé, venant du camp adverse.
Chère Agnès, Cher Luc,
Gorba, je l’ai vécu à distance, à Erevan et Rostov-na-Donu (sur le Don), parmi les Arméniens et les Cosaques.
C’était aussi le temps de [i]l’absurt[/i] (absurde).
On nous donnait un billet de logement (payant, chez l’habitant) mais les logeurs refusaient car j’avais un passeport d’un pays occidental, on allait prendre de la bière sur un terrain vague au cul d’une citerne tirée par un âne et on transportait le breuvage à même des poches en plastique, on buvait du [i]sok[/i] qui pouvait être un millésime de grand Premier cru bourgeois de Bordeaux ou venant des Hospices de Beaune ou un mélange raisin-mélasse de Crimée propre à faire tenir debout une petite cuillère, c’était le même prix derrière la porte dérobée au haut de l’escalier de secours de l’Intourist…
Bref, selon qu’on se trouve à un endroit ou un autre, qu’on bénéficie des largesses du mitterrandisme où qu’on se retrouve encore plus suspect parce qu’encore socialiste, donc plus à éliminer qu’un adversaire post-gaulliste et post-SAC, la vision qu’on se fait des temps et des événements peut fortement varier.
Les radios libres, pour moi, après Radio Caroline, c’est Filloux et fils.
Les années que vous décrivez, Agnès, pour moi, se sont plutôt achevées au Portugal des Œillets, à l’été 1975, auprès du fils Suares, qui s’était casé chez Vogue. Gauche caviar déjà…
Bref, je me suis illusionné un peu avant vous, semble-t-il.
Réanchantons résolument le monde ou passons à l’autre 😉
cher Jeff
Tentant, parfois j’y pense aussi devant tant de laideur…
mais vous etes trop jeune, :'(
… on en restera donc prudemment, à ce qui constituait le point de départ : la nécessité de continuer le soutien.
Au fait, j’ai rencontré récemment Autexier (gardé à vue de Forcalquier incarcéré pour le soutien à Coupat ou, en tout cas, à une justice plus sereine et moins aux ordres des fantasmes présidentiels).
Sa garde à vue s’était bien passée, les inspecteurs de la PJ regrettant qu’on les utilise à ce genre de basses manoeuvres tandis qu’ils avaient des plaintes de citoyennes et citoyens sur le feu…