M’en serais-je douté, la première fois que j’ai touché un livre ? Ai-je pensé qu’ils m’accompagneraient, eux et leur contenu pour des contrées inexplorées pendant ces longs moments mélancoliques ?
Me suis-je interrogé, enfant, sur mon amour inconditionnel pour ces caractères classiques? Pour ces mots qui m’attirent et m’enivrent aussi certainement qu’une drogue. Pour ces trésors qu’abrite mon cœur. Ces mots poussiéreux que j’aime tout autant que j’aime une femme.
Aujourd’hui, j’ai une pensée pour tous ces mots. Ces mots martyrisés, mais qu’on continue d’utiliser. Ces mots diminués qui poursuivent leur rôle. Ces mots que je n’aimerai jamais assez. Ces mots que j’ai si souvent soumis au fouet.
Dans leur robe fuligineuse, ils sont l’essence de l’écriture. Ils m’ont appris à créer un monde de papier. Un univers chaotique fait de lignes enchevêtrées, de termes désuets, de folies incarnées dans un terme oublié.
J’aime les mots comme j’aime une femme. J’aime leur sens et leur son. J’aime leur habit et leur identité. Le leur ai-je dit quand je les blessais ? Le leur ai-je murmuré quand la morsure de mon Bic leur ôtait une part de vie ? Quand une lettre était substituée à l’autre. Quand l’encre stoppait sa course trop tôt…
Faquin, bibus, asphalte, stryge… autant de mots chers à mon cœur pour leurs saveurs, leur sens, leur vie. J’aime les mots comme j’aime une femme. Les aligner et danser avec eux sur un air de valse. Les étreindre sur une feuille, leur raconter joies et peine.
Les mots sont nos trésors. Ceux des pauvres hères fatigués d’errer sur cette terre, apportant à chacun le réconfort dont il a besoin, interprétant dans des lignes le sentiment qui leur permet de se lever le lendemain. Ils sont nos royaumes et notre paradis. Les perles de nos vies. Ils offrent cette chaleur qui brûle éternellement, cette tendresse qui adoucit nos cœurs, ces résolutions qui affermissent notre volonté.
Les mots sont des miracles, et j’espère qu’un jour ils me pardonneront de les molester alors que je prends tant de plaisir à les manier.
Hésitation soudaine, quel est le meilleur titre.
Confession, ou confidence?
[b]J’ADORE !
je vote, j’aime, je partage sur facebook, et je le signale…..
Pour le titre les deux sont acceptables « mon Général » ![/b]
Je suis heureux qu’il vous plaise autant.
Par contre, qu’entendez vous par ‘signaler’?
Merci pour votre commentaire.
J’aime sur facebook, que dire de plus ? 😉
BRAVO
Merci 🙂
[quote]Dans leur robe fuligineuse, ils sont l’essence de l’écriture. Ils m’ont appris à créer un monde de papier. Un univers chaotique fait de lignes enchevêtrées, de termes désuets, de folies incarnées dans un terme oublié.
J’aime les mots comme j’aime une femme. J’aime leur sens et leur son. J’aime leur habit et leur identité. Le leur ai-je dit quand je les blessais ? Le leur ai-je murmuré quand la morsure de mon Bic leur ôtait une part de vie ? Quand une lettre était substituée à l’autre. Quand l’encre stoppait sa course trop tôt…[/quote]
Superbe comme texte!Vous êtes vraiment doué,j’espère qu’on vous la déjà dit!
J’aime aussi les mots.
Voici un poème extrait d’un de mes derniers livres:
Les mots sont des noyaux creux
j’y habite en saphir
je me dérobe en espace
j’attise les voyelles
je libère ma pesanteur
dans la lessive tiède de vos journées
j’éponge vos échos
je m’absente
de jours en année
j’ai d’autres rendez-vous. »Creuser la soif »
On me l’a déjà dit, mais je ne l’ai jamais cru.
Merci du compliment.
Et merci également pour votre partage. Bonne plume 😉