La triste comédie du concombre masqué®

  Moi, même pas peur !  

La preuve. Les Russes qui grâce à leur courage repoussèrent jadis Napoléon et plus récemment Hitler, n’ont pas hésité à interdire l’importation de tous légumes en provenance de la Communauté européenne. Quelques centaines de millions d’euros sont en jeu. Oublions l’Espagne dont les aficionados du concombre courent à la faillite. Chez nous, le concombre est nantais, comme le muscadet, Mais il succombe aussi et l’on coure aides et subventions comme d’hab !
   19 morts et beaucoup plus de malades autour de Hambourg, pour 80 millions d’habitants, pas de quoi en faire une grippe espagnole, ni même une H1N1. Mais des milliers de tonnes de légumes à la poubelle, quand on prend le temps de songer à la malnutrition dans le monde ! Relativisons, ça fait deux jours de morts sur la route en France. Pas de quoi interdire tous les légumes d’importation au Liban ! Eh, si !  A Rungis, ils annoncent que 95% des Français ont de la peine à digérer les concombres. Une découverte ! Et pour couronner le tout, la tomate et la salade ne méritent pas le détour ou alors très large le détour. Tout ça pour une bactérie plus ou moins inconnue qui apparut une fois, dit-on, en Corée en 2005.
L’OMS, de mémoire laborantine, vient d’annoncer que l’objet de toutes nos craintes venait d’être identifié. Ce Ben Laden de la petite bouffe n’avait plus qu’à bien se tenir. Une enquête minutieuse allait bientôt découvrir sa cachette. 
 D’aucuns trouveront cette ironie déplacée. Et le panurgisme plein de bon sens, prévention oblige. A ce niveau, c’est quand même légèrement excessif. Et que je te secoue une salade, au journal télé, que j’exhibe une benne de concombres en route vers la déchetterie !  Mais je maintiens mon point de vue. Car le 2 poids, 2 mesures est exorbitant. 
Combien pèsent à la télé la mort de 250 africains noyés en émigrant face à une bactérie ? Rien. Rien du tout. Pas de raffut médiatique. Une brève susurrée après un déploiement d’hôpitaux, de maraîcher en colère, de demandes de dédommagement. J’en ai plein le gazpacho de ce légume.  
Pour soutenir notre agriculture, ce soir, je mange un concombre et j’ai toute la nuit pour le digérer, Madame ! Moi pas peur ! Mais je n’en pense pas moins pour les boat-people.