L'Europe ressemble de plus en plus à une Babylone, un monstre de plus en plus gourmandqui finira peut-être par s'écrouler sous son poids. Faut-il prévoir d'en sortir ?

La construction européenne a failli par son inspiration uniquement monétariste a faire reculer les conséquences de la crise pour les populations fragiles et même la classe moyenne aujourd'hui touchée.

Elle a failli également parcequ'elle s'est éloignée progressivement des aspirations ayant présidées à sa création : rompre avec le cycle infernale des guerres franco-allemandes en Europe.

 

Sortir de l'Euro, c'est sortir de l'Europe. Cette éventualité a plus de chance de séduire les anti-européens et ceux qui souffrent, que la minorité qui tire profit du fameux « libre-échangisme » des hommes, des marchandises et des capitaux (remarquons à cet endroit comme l'humain est associé aux deux autres symboles du Marché).

 

Il y a aussi un bémol à cette sortie : la construction européenne n'a pas prévu ce scénario, donc de procédure.

Pourtant certains pays y pensent sérieusement : Espagne, Grèce, Italie, après avoir bénéficiés, comme la France, des largesses de l'Union, c'est-à-dire de la générosité Allemande, se voient obligés d'être contributeurs d'un élargissement à l'Est.

Mais ils tablent également sur les avantages qu'une dévaluation monétaire leur permettrait de tirer en ces temps de crise dite mondiale.

Si un tel cas de figure se présentait, le pays en question subirait dans un premier temps la fuite des capitaux, une crise des changes, une hausse du taux d'intérêts, la crise de son système bancaire avec toutes les émeutes sociales que cela finirait par engendrer.

Juste une reflexion à ce niveau de l'article : n'est-ce pas ce qu'on vient de tenter d'éviter et donc ce qui nous pend au nez si la crise se prolonge et même se creuse, la zone euro ne pouvant jouer son rôle d'amortisseur que jusqu'à un certain seuil ?

 

Le candidat à une sortie se verrait obliger de trouver des fonds en allant mendier un crédit au FMI : la dette remboursable en euro deviendrait encore plus chère, suite à une dévaluation. Le défaut de paiement serait vite constaté. A partir de là, comme la France lorsqu'elle sera déclarée en faillite, le pays passera sous la tutelle des bailleurs de fonds étrangers et du FMI qui imposeront leurs régles draconiennes en matière de travail et salaires, d'investissements publics délaissés au profit de prélèvements privés, affamant la population.

Deuxième reflexion à ce niveau de l'article : n'est-ce pas le scénario promis par J. ATTALI, grand conseiller devant l'éternel de tous nos chefs d'etats de droite comme de gauche, lorsqu'il prévoit dans deux décennies : « ce n'est pas l'Afrique qui ressemblera à l'Europe, c'est l'Europe qui ressemblera à l'Afrique » (« Une brève histoire de l'avenir ») ?

 

Les états sont-ils tenus entre eux de solidarité ? Aucunement. L'esprit des institutions ne va quand même pas jusque-là. On veut bien éviter les guerres, mais la paix, chacun la paie.

Une sortie serait un échec : la récession doit donc durer le moins longtemps possible. Si elle dure longtemps, et se transforme en crise sociale, combien de pays préférerons quitter le navire pour jouer leurs cartes seuls sur l'océan de la crise ?

En même temps, si il n'y a pas de solidarité retenue de facto, l'interprétation des règles évoluent nous dit-on. Ainsi, un pays peut recourir à une aide du FMI dont le remboursement serait garanti par les autres pays (voilà ce qu'on appelle un emprunt dit « européen »), à charge pour le premier de remercier les seconds en les remboursant à son tour.

Troisième reflexion : une dette est une dette et ce sont nos enfants qui la rembourseront ! alors PAS DE DETTE ! 

Aux Etats-Unis, la Réserve fédérale s'est dite prête à acheter directement des emprunts du Trésor américain. La Banque centrale européenne (BCE), en revanche, n'a pas le droit d'acheter directement la dette émise par les Etats de la zone euro. Elle peut contourner cette contrainte, en achetant des titres publics sur le marché mais elle ne semble pas encline à le faire : cela ne correspond pas à l'esprit du traité de Maastricht. Elle pourrait toutefois acheter des titres privés pour soutenir le financement de l'économie. Ce serait déjà une contribution à la sortie de crise.
 

Si la procédure de sortie de l'euro n'a pas été prévue par les institutions, qu'en est-il de la possibilité des états de demander l'exclusion d'un des leurs (ça c'est mon petit plus à moi : je parierai qu'ils n'y ont pas pensé non plus mais qu'un jour on y viendra)?

La crise est aussi le rideau de fumée qu'il faut pour changer les régles à notre insu : déjà la Constitution Européenne si formidable aux yeux de N. Sarkozy, comporte nombre de détails qui font froid dans le dos concernant le respect des libertés individuelles. J'aurai l'occasion de vous entretenir du sujet dans un prochain article.