Chaque jour environ 150 000 personnes meurent dans le monde, ce n’est peut-être rien face au nombre de naissances qui remplacent ces individus, mais c’est une personne, une âme, un souvenir en moins.

Comment êtes vous mort ? 

J’habite dans un pays où la faim est présente partout, elle fait partie de notre vie, on n’y fait plus attention car on a l’habitude. Mes enfants sont morts peu de temps après leur naissance car il n’y avait aucun soin médical et je n’avais pas de quoi les nourrir. J’aurai pu survivre, mais un certain tsunami à fait que tout le monde nous a oublié.

Chez moi c’est la guerre, chaque jour est un combat pour réussir à tenir toute la journée, chaque nuit est une peur de ne pas se réveiller. Je suis mort ainsi que ma femme, ils n’ont eu aucune pitié, à quoi bon quand on a aucune âme ? 

○  Aujourd’hui, je me promenais avec mon petit-ami dans la rue, apparemment cela gênait quelques personnes, nous nous sommes fait tabassé à mort. Nous sommes homosexuels.

Mon quartier est isolé du reste de la ville, on peut dire qu’il s’agit d’un ghetto noir. J’ai eu le malheur d’en sortir pour faire quelques courses que ma femme avait oublié. Je me suis retrouvé ligoté à un arbre, on m’a brûlé vif. Je croyais que la ségrégation raciale était abolie.

J’ai 22 ans seulement, et déjà je suis dans une situation où la peur du lendemain est toujours présente. J’ai eu raison de m’en soucier, je n’arrivais pas à joindre les deux bouts, je me suis fait expulser. Ayant aucune famille, ni véritable ami, et encore moins d’argent pour aller dans un foyer, je suis mort dans la rue.

J’ai sauver une femme qui se faisait agresser en pleine rue, tard le soir, malheureusement c’est moi qui ait prit le coup mortel. Je suis resté allongé par terre une journée entière, tout le monde est passé à côté de moi, m’a photographié et même filmé, personne n’a appelé les secours, de toute façon j’étais mort depuis une journée. 

Je suis heureuse et chanceuse, je pratique mon rêve le plus précieux, je m’occupe des dauphins et des orques. Hier, mauvaise nouvelle, le bébé de Maria notre orque doit être évacué pour des problèmes que nous ne pouvons régler.  La mère s’est montrée moins sociable que d’habitude envers moi qui suit en quelque sorte sa meilleure amie. J’ai voulu nager avec elle comme j’en avais l’habitude, elle a foncé vers moi, et d’un coup de nageoire m’a briser la colonne vertébrale en quatre, je suis morte sur le coup.

Alors que je voulais faire une carrière de mannequin, on m’a conseillé de poster mes photos sur internet. J’ai rencontré une agence finalement bidon. Un libanais m’a acheté pour faire de moi une prostituée, mais avant d’en être une je dois subir plusieurs tests, je suis morte, dix seringues dans le bras.

J’ai 8 ans et à cause d’une tumeur je suis aveugle. Une gentille médecin me suit depuis quelque temps, j’ai confiance en elle, et c’est réciproque. Elle a promis de me soigner et de me sauver la vie. Arrivé au bloc opératoire, elle n’avait pas prévu qu’un anévrisme se cachait. Elle est triste, elle s’en veut. Je lui ai laissé un mot comme quoi si ça ne marche pas, elle peut réparer mon doudou qui n’a plus de yeux, en souvenir de notre promesse.

  Quand j’étais petit je suis tombé d’un mur de six mètres, et depuis je fais constamment des crises de convulsions. A trop jouer à la console, je me suis fait un univers où je suis seul avec mon réseau d’amis virtuels, j’ai oublié mes parents et mes frères et sœurs qui pourtant vivent sous le même toit que moi. J’ai fait une crise d’épilepsie, c’est mes parents qui sont montés me chercher car je ne descendais pas pour manger. Je croyais que ça n’arrivait que dans les films et pourtant…

  J’ai quelques heures, et déjà bientôt je vais mourir. J’habite en Chine, mes parents ont déjà un fils et je suis un accident. Mon père m’a enfoncé une aiguille dans la fontanelle.

 Tout ces cas sont fictifs ou sont inspirés de faits divers. Tout ça pour dénoncer cette société individualiste dans laquelle nous respirons chaque seconde. Chaque seconde des personnes disparaissent, mais nous continuons de vivre sereinement car la vie des autres ne vaut pas la nôtre.

La misère des plus pauvres ne nous atteint pas, et pour rien au monde nous nous séparerons de notre confort. Chacun vit sa vie comme il l’entend, nous passons notre temps à pleurer, à nous plaindre, à chercher des prétextes et des excuses à chacun de nos faits et gestes. Mais qui sommes nous pour être aussi égoïstes, aussi narcissiques ? Nous sommes 6 846 504 570 personnes dans le monde au moment où j’écris cet article, combien pense à ce qui se passe à l’autre bout du monde ?  Combien pense, à cette seconde précise ,aux personnes qui viennent tout juste de mourir ? On se demande trop souvent si la vie a un sens avant de savoir si la mort en a un.

Notre individualisme aura notre peau !