Aucun mot ne me vient à l’esprit pour qualifier le drame terrible qui à frappé la vie rose, ce matin, alors qu’elle sortait de sa torpeur matinale et que chacun retrouvait ses activités délaissées pendant le week-end.
Les parents ont déposé leurs enfants à l’école avant de se rendre eux-mêmes sur leur lieu de travail. Certains ont accompagné leurs enfants, les tenant par la main avant de les installer dans un bus qui les conduiraient à l’école primaire.
Mais personne n’aura le temps ni de prendre le bus scolaire, ni même d’entrer en classe. Un déséquilibré en a décidé autrement. Leur vie s’est arrêtée aujourd’hui alors qu’elle commençait à peine.
La mort a emporté un père de famille ainsi que ses deux jeunes enfants, tandis que le directeur de l’établissement devant et dans lequel ce drame s’est déroulé a eu le temps de dire adieu à sa fille mortellement blessée d’une balle dans la tête, en la serrant dans ses bras.
Ici ou ailleurs, rien ne justifie de tels agissements. C’est une abomination, « une tragédie nationale », une chose tellement horrible que les mots manquent.
Pourtant, il m’a fallu en trouver. Il m’a fallu les choisir, les peser, les distiller et les placer avec tact et psychologie. J’ai détesté faire cela mais j’y fus contrainte comme le furent certainement des dizaines, des centaines, des milliers voir des millions de parents ce soir.
Je ne suis pas juive, pas musulmane. Et catholique par la force des choses puisque l’on ne m’a pas demandé pas mon avis le jour où je fus baptisée.
Sans connaître les raisons qui peuvent pousser un individu à de telles atrocités, il m’a pourtant fallu expliquer que la nature humaine est faite du bien et du mal. Mais que certaines personnes sont bien plus mauvaises que la majorité des gens. On ne sait pas trop pourquoi mais ça existe, c’est comme ça.
Aborder la notion de religion, de racisme de xénophobie ou d’antisémitisme avec un enfant de neuf ans et tout cela en quelques minutes est pure folie. Folie à laquelle je me suis pliée avant que les enfants demain à l’école ne parlent de tout cela, avant que des propos mal compris soient avec des mots maladroits, avant que la minute de silence ne se fasse.
Oui, j’ai détesté devoir le faire. Etre mise au pied du mur parce que je n’avais pas d’autres choix que d’infliger à mon fils la dure réalité de la vie. Là, comme ça en quelques minutes après le dîner et avant qu’il n’aille se coucher.
Le directeur de l’établissement de mon fils qui est aussi instituteur au sein de l’établissement n’avait, à ce soir 18h, toujours reçu aucune consigne quant à la minute de silence de demain. Aucune recommandation, aucune marche à marche à suivre, aucune indication de donnée.
On prend des décisions raisonnées en concertation avec les membres de son équipe quand on est un président digne de ce nom. L’émotion ( ?) ne doit pas l’emporter sur la raison.
Que va-t-il se passer demain pour les enfants les plus jeunes. Comment va-t-on leur expliquer une telle monstruosité ? Les enseignants ne sont pas formés à cela. Ils feront de leur mieux, je le sais mais c’est une bien lourde tâche qui les attend.
J’aime à croire que cette minute sera accompagnée d’une vraie réflexion…
Là, malheureusement, personne n’y est préparé. Ca aurait pu être n’importe quelle autre catastrophe, cela aurait été la même chose. Des millions de parents ont été désemparés face aux eventuelles questions de leurs enfants sur ce qu’ils ont pu entendre.
Certes les plus jeunes écoliers dans les provinces, les plus éloignés ne vont pas directement comprendre, les collègiens feront plus le rappochement, les lycéens encore plus…Comment aborder ce carnage sans préparation? personne ne sait…
Mais pourquoi dans un autre sens vous « obliger » à expliquer tout cela surtout s’il n’y a pas de questions de la part de l’enfant?
Pourquoi avez vous forcément peur que à l’école les mots soient mal choisis? Les professeurs sont-ils si mauvais que ça?
Pourquoi vos mots seront-ils forcément plus adaptés puisque vous le dites vous même, vous ne maîtrisez pas les choses?
Expliquez vous tous les jours chaque évènement qui passe au JT?
Sans critique aucune bien évidemment, mais je pointe là un problème de notre société actuelle: les enfants sont projetés dans le monde des adultes beaucoup trop vite quand les adultes cherchent à tout prix à leur expliquer tout un tas de concepts qui dépasse leur état de raisonnement, y compris l’actualité.
Non pas, qu’ils n’aient pas une « vision des choses », mais ces « choses » sont tronquées par l’ignorance de paramètres que nous même « adultes » nous ignorons parfois.
Autre point, vous avez apporté votre explication. C’est très bien de recadrer de suite l’information. Mais dans une une classe, ils sont 20 voire 30 élèves, il y aura eu peut être 15 à 20 explications différentes. Et vous le savez, entre enfants, ça papotte ;), et d’une oreille à l’autre, en petits débats, votre message va se modifier….donc…
Alors les professeurs comment auront-ils fait? Peut etre un groupe de parole du genre « savez vous pourquoi on a fait cette minute de silence? » et là les enfants auront fait part de leur vision de l’actualité et leur interprétation de ce qu’ils ont entendus ou vu, et les professeurs auront juste recadré les évènements? je l’ignore, on aura des retours j’imagine.
Mais peut-on reprocher à Sarkozy d’avoir demander un moment de silence face à cela? Non! par contre, on lui aurait sans vergogne craché dessus s’il n’avait rien « décrété » et continué sa campagne malgré les évènements.
Certes c’est une décision prise dans l’urgence sans consignes particulières pour les enseignants mais ce sont les caractéristiques d’un état critique.Et nous en déplaise, Nicolas Sarkozy aussi a des enfants (même s’il fait des siennes ^_^) et donc en père il peut se sentir touché comme tout parent.
A votre avis, comment a réagit le roi/gouvernement de Belgique lors de l’accident du bus? dans l’urgence et l’émotion…
Je suis sûr que les profs auront fait leur boulot de manière adéquate.
Sarko (ca me fait mal aux doigts de le taper) s’est comporté comme il fallait dans sa fonction de chef d’etat.
Julien.
Si on pouvait seulement s’émouvoir autant pour chaque enfant mort en Palestine, en Lybie ou en Syrie……….. ou pour les milliers d’africain morts de FAMINE sans que personne n’en parle.
Je suis touché autant que vous par la mort de ces petits enfants, mais je suis choqué par cette pseudo-hypocrisie qui régne.
La dure réalité est que décidément, les vies humaines ne se valent pas dans ce monde….
Je pense que tous ces crimes sont fait par un déséquilibré,il ne faut pas mettre la morale à l’épreuve…il n’a pas conscience de ce qu’il a fait!
Détrompez vous Kheiro les vies humaines se valent dans ce monde mais nous seront toujours plus touchés par la proximité que par l’éloignement.
Simple question, je ne demande pas de réponse: avez vous pleuré la mort de mon père ?
Si votre père est encore de ce monde croyez vous que je vais le pleurer de la même façon que vous allez le pleurer, et inversement s’il n’est déjà plus de ce monde, j’en suis sincèrement désolé, mais voilà, je ne le serai jamais autant que vous, car la proximité, les liens sont différents.
Seconde chose, en Syrie en Lybie…que se passe t-il? des conflits politiques associée à une guerre civile…Non pas que les images ou les actualités qui se passent là bas ne nous touchent pas, au contraire, mais malheureusement en tant que « simple citoyen » si nous arrivions là bas en prêchant la bonne parole en disant « baissez les armes, ca sert à rien de vous battre », qu’adviendait-il?
De forte probabilités qu’on se retrouve dans la visée de snipers et descendu aussi sec.
Il y a là un paradoxe, sur le territoire en métropole on se « rattrape » psychologiquement, on se sent « unit » et « puissant » en toute légitimité et la proximité joue en faveur; pour la Syrie, la Lybie, la Chine, la Corée, la Russie etc…nous sommes osons le dire [b]IMPUISSANTS[/b] .
Car que pouvons nous faire ou dire face aux seules images que les médias nous montrent avec sélection: des chars, des armes, des fusils, des exécutions, des pendaisons, des appels au secours, des explosions, des attentats…nous sommes impuissants et on ne sait que dire à part « que puis-je y faire? »
Qui disait, » on a beau etre grand dans la Solitude, tout seul on peut rien foutre »?
Pour les africains qui meurent de famine et de maladies, tous les jours il y a des campagnes de sensibilisation. Pas plus tard que la semaine dernière, j’ai reçu une enveloppe de Medecin sans frontières pour des dons…Seulement, malheureusement il y a le possible, et l’impossible…donner un peu ou tout son salaire?
Personnellement je ne peux pas faire acte de bienveillance à chaque enveloppe que je reçois ou chaque tronc que je vois pour un don, ça peut être dur à entendre ou à lire, mon action à défaut est de faire du bénévolat dans une association au service des autres (maigre consolation, cela donne bonne conscience comme on dit).
Mais quiconque me le reprocherait je leur demanderais combien par an ils donnent à des oeuvres caritatives pour le bien des autres…
Peut-être que pour certains en france, la compassion se teinte d’hypocrisie à vos yeux , mais ne faite pas le cas de quelques individus une généralité 😉
Julien.
Très justes vos remarques Julien!Je pense aussi qu’il n’y a pas de crainte à avoir sur la manière dont les enseignants gèrent ce type d’évènement.
[quote]La dure réalité est que décidément, les vies humaines ne se valent pas dans ce monde….[/quote] C’est exactement ce que je me suis dit…
[quote]Détrompez vous Kheiro les vies humaines se valent dans ce monde mais nous seront toujours plus touchés par la proximité que par l’éloignement.
[/quote]
Bien sûr que non, Julien et votre analyse par rapport à la proximité n’explique pas tout. La manière dont les médias traite les évènements joue énormément: lorsque l’on passe 3/4 d’un JT sur un fait divers (je ne parle pas de la tuerie de l’école!) et 4 s sur la mort de dizaines de milliers de femmes et d’enfants au Soudan ou ailleurs (quand ils en parlent!) , forcément, cela influence notre sensibilité.
Pour rappel, je me souviens bien des images du Biafra,car pour la première fois on réalisait ce que représentait une famine…
Bien sûr siempré vous avez raison aussi.
[quote]Car que pouvons nous faire ou dire face aux seules images que les médias nous montrent avec sélection[/quote]
En effet on sera largement plus sensible si on avait « plus » d’informations ou de quotient de temps d’information par rapport à d’autres choses…
Mais comme je dit « trop d’infos tuent l’info ». Je me rappelle étant plus jeune mon père regardant FR3 et ils ont passé un rapide extrait de reportage sur la guerre du Golfe, sa réaction: « Oh ils nous embistrouillent avec leur guerre on n’entend que ça! », et pouf il a éteint la TV.
Bon ayant fait la guerre d’Algérie, peut être aussi que ça faisait echo en lui..je l’ignore, encore un question aujourd’hui sans réponse.
Mais toujours à entendre « attentat en Syrie » « deux meurtres en syrie » « la Lybie toujours soumises aux insurgés »…à entendre cela en continu…finalement on se dit qu’il en sera toujours ainsi…et malgré des troupes armées que l’on ait pu envoyé, comme en Afghanistan, au Kosovo etc…il y a encore et toujours des problèmes…donc en revient inévitablement que nous « simple humain » nous sommes impuissants.
Je ne dit pas que nous sommes insensibles d’ailleurs qui n’a jamais été touché par les images plus parlantes que de longs reportages? Mais ce que l’on nous rabâche sans cesse au bout d’un moment on se (nous) culpabilise de notre impuissance et finalement on en devient presque insensible en disant « oui ben ca va on le sait que ca va pas! ».
Et alors d’altruiste, les médias font de nous des esprits tendant à l’indifférence.
Seulement, quelles solutions apporter pour à la fois garder une sensibilisation, une information sans pour autant lasser voire « tuer » l’information?
Julien.
[quote]Seulement, quelles solutions apporter pour à la fois garder une sensibilisation, une information sans pour autant lasser voire « tuer » l’information? [/quote]
Pas facile d’apporter une réponse à cette question. Tout juste peut-on remarquer ce qui cloche dans les médias et rappeler aux journalistes que leur rôle consiste d’une part à vérifier les infos et d’autre part à établir une HIERARCHIE dans la présentation de celles-ci…surtout à l’heure d’internet où tout est comme « aplati » par le foisonnement d’infos , de buzz et de fausses rumeurs.
Bonsoir,
[i]les plus jeunes écoliers dans les provinces, les plus éloignés ne vont pas directement comprendre[/i]…je ne partage pas votre point de vue Julien. Toulousaine de naissance (et de cœur) mais parisienne d’adoption je suis maintenant sur la Haute-Savoie depuis prés de cinq ans. Une des choses qui m’a interpellé entre « la province » et « la capitale », c’est la liberté de ton et d’action des enfants. Ici ils sont bien plus « libres » et au courant de choses qu’ils ne devraient pas savoir.
La vie ici est paisible et la délinquance quasi-invisible (mais sans doute pas inexistante)peut-être est-ce pour cela que beaucoup de parents parlent librement de ce qui se passent dans notre société.
[i]Mais pourquoi dans un autre sens vous « obliger » à expliquer tout cela surtout s’il n’y a pas de questions de la part de l’enfant?[/i]
parce que les cours d’école ne sont plus ce qu’elles étaient et qu’il y a des enfants qui « trainent » devant le petit écran pendant les informations. Il n’est pas rare que mes enfants me posent des questions sur l’actualité, des questions en relation avec des faits divers dont ils ont appris l’existence dans la cour de récré…et pas plus tard que la semaine dernière concernant le bus transportant ces élèves belges qui rentraient du sport d’hiver !
[i]Pourquoi avez vous forcément peur que à l’école les mots soient mal choisis?[/i]
parce qu’ils sont rapportés par des élèves du même âge que mes enfants…
[i]Les professeurs sont-ils si mauvais que ça? [/i]
peut-être me suis-je mal exprimée. Je ne redoute nullement les explications émanant du corps enseignant.
[i]Pourquoi vos mots seront-ils forcément plus adaptés puisque vous le dites vous même, vous ne maîtrisez pas les choses? [/i]
parce qu’en tant que maman, je sais comment « fonctionnent » mes enfants et que l’approche sera bien plus en adéquation avec leur personnalité.
[i]Expliquez vous tous les jours chaque évènement qui passe au JT? [/i]
ce n’est pas un programme qu’ils sont autorisés à regarder…
[i]Mais peut-on reprocher à Sarkozy d’avoir demander un moment de silence face à cela?[/i]
bien-sûr que non…mais un peu de réflexion en amont et de concertation avec le corps enseignant eut été de bon aloi.
[i]Je suis sûr que les profs auront fait leur boulot de manière adéquate. [/i]
j’en suis sûre, pour la majorité.
Mais quand mon fils de neuf ans est rentré ce soir et m’a expliqué que c’était un terroriste qui avait tué les enfants je dois bien avouer que j’ai été un peu désarçonné (avant aujourd’hui, c’est un mot qu’il ne connaissait pas)…et quand il m’a demandé de lui « raconter pourquoi le 11 septembre y’a des avions qui ont détruits des bâtiments avec des gens dedans… » je n’ai pas trouvé les mots !!!
@ Julien : je parle de médiatisation mais aussi de pseudo-émotion qui régne………et cela n’a rien a voir avec la proximité, si ce malheur fut perpetré aux Etat-Unis, on aurait eu au droit au memes indignation de la part de tous le monde, et aux meme discours émotifs.
Tandis que les 16 morts en Afghanistan n’ont suscité aucune réaction, ni de la part des politiques, ni des médias, ni meme des citoyens !!!! et pourtant c’était des femmes et des enfants………
Encore une fois, j’ai l’impression que les vies ne se valent pas dans ce monde, qu’un enfant mort de famine en afrique ne suscite aucune réaction, tous le monde s’en fout…..
Heureusement Kheiro vous mettez que c’est une impression, mais ce n’est pas la réalité. Peut être en effet que cela n’a pas fait la « une » pendant 15 jours, ou qu’à chaque fois qu’un enfant meurt de famine il n’y ait pas sa photo en encart pour alerter le monde.
Après votre impression en effet à toute sa valeur et mérite d’être exploitée pour « savoir » ou du moins se faire une idée du pourquoi personne ne s’insurge contre ce que vous mentionnez.
Vous me paraissez si « dégouté » de cela; investissez vous dans une association comme ATD quart monde, médecin sans frontières, et autre…je pense que vous constaterez deux choses: il n’est pas évident de faire percer l’info qu’il faut venir en aide aux pays en difficulté notamment souffrant de famine ou de déficits de soins médicaux, secondement que contrairement à votre impression il y a beaucoup plus de monde qui sont interpellés par ces évènements que vous ne l’imaginez 😉 (certes pas encore assez pourrions nous dire).